Venin - Drarry

Chapitre 23

"La main sur les yeux, pas envie de la retirer. Si je le fais, jamais plus je ne pourrais continuer de rêver. "

Devenu une légende dans le monde des sorciers, ils sont une centaine d'élèves à, chaque jours, suivre avec avidité mes lessons théoriques et pratiques de défense contre les forces du mal. Sans un bruit, ils absorbent tels des éponges mes fiches et explications, subjugués par leur héro, se pavanant devant eux.

Cette semaine, nous nous sommes penchés sur le contrôle émotionnel mais, tandis que je m'apprête à clôturer la période, une jeune fille à l'allure studieuse - me rappelant vaguement Hermione - et aux cheveux blonds lève la main avec détermination.

"Oui, Mlle Teck, je lâche au travers du brouhaha de feuilles pliées et de fournitures enfouies en vrac dans le sac des étudiants, posant doucement ma baguette sur le bureau en chêne massif.
- Pouvez-vous nous parler de ce que vous avez ressenti quand vous vous êtes retrouvé face au grand Mage Noir la première fois."

Le calme s'empare presque instantanément de la pièce.

Je crois n'avoir jamais passé une semaine sans qu'on ait quelque intérêt pour mes "exploits". Questions, commentaires, demandes de cours privé. Ils semblaient tous obnubilés du Harry Potter dont la légende avait atteint les coins les plus reculés de ce monde.

J'ai toujours refusé de répondre, ni aux journalistes - souvent bredouilles quand ils tentent de m'interroger - , ni à mes élèves. Jusqu'à ce jour, mon histoire est fondée sur le récit des témoins encore vivants et des journaux datant de mon adolescence.

Sachez que ça n'a jamais été le souvenir de tous mes amis tombés, ni les regrets, ni même la douleur de la perte de tous ce que j'avais pu posséder qui me nouait la langue. J'ai appris depuis bien longtemps que les cicatrices faisaient de notre vécu une véritable force.

Non, seule leur adoration fût source de mon silence.

Ce refus inconditionnel d'être aimé par une quelqu'onc personne me rendait muet et provoquait en moi le pire des sentiments : la fierté.

Beaucoup de personnes sont mortes à mes côtés, pourtant, les magiciens sont convaincus que je suis un élu, un sauveur.

Un sauveur.

Harry, tu les as aidés.

Mais, tout ça est gage de mensonge.

Et je dois m'en rappeler à chaque seconde, que, sans tous ces sacrifices, je ne serai pas devant eux.

Le silence pèse sur l'auditoire et les 100 paires d'yeux posés sur ma personne étaient désormais suspendues à mes lèvres, tous prêts à avaler la moindre syllabe.

J'inspire.

"Daccord, je souffle avec un rictus, m'appuyant contre le rebord de la table. Je veux bien partager un ou deux détails avec vous."

Mes bras se croisent et je dévisage l'assistance encore étonnée de ma réponse si, inattendue ?

"Vous savez sans doute tous qu'à la première rencontre avec Tom Jedusor, je suçais encore mon pouce, mais... -
- Harry, laisse soudainement échapper une voix par la porte de l'annexe."

Dabord le visage dans l'entrebâillement, l'immense bonhomme couvert de suie à la barbe épaisse entre timidement dans la pièce, essoufflé par sa - sûrement - course précédente. Est-ce que son Manaton - une espèce de chien magique à plumes - a encore filé ? La dernière fois, je m'en rappelle encore, nous avons dû le chercher pendant 3 jours aux alentours pour nous rendre compte que, finalement, il s'était caché dans l'aile Ouest du château, se goinfrant des bonbons que des élèves avait cachés à l'abri des regards.
Je ferme la bouche et me redresse, inspirant bruyamment.