Chapitre 22

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"Qui vit d'espoir, meurt de désir."

Proverbe italien


"N'oubliez pas de me rendre vos copies en sortant de la classe. Et, s'il-vous-plait, Berd et Nickolson, tentez d'améliorer le sort dont on a discuté. La baguette, de haut en bas.
- Vous inquiétez pas, M'sieur. Vous serez fier de nous, mais le prochain cours, s'écrie l'un des deux, en riant, frappant l'épaule de son camarade tout en s'avançant vers moi pour déposer sa feuille sur le pupitre en chêne pour ensuite quitter la salle."

Je tente de réprimer un sourire de tendresse, ramassant l'amas de copies à corriger, les rangeant soigneusement dans ma sacoche pour ensuite sortir à mon tour, prenant route vers la nouvelle annexe destinée à la défense contre les forces du mal. C'est moi qui l'avait faite construire sous l'appui de notre directrice et, j'avoue, que de mon idée, j'en étais plutôt fier. Elle contenait un auditoire pouvant accueillir plus de 70 personnes et une grande halle, destinées aux cours pratique.

Maintenant professeur depuis 5 ans, l'école Poudlard est restée ce qu'elle avait toujours été : mon unique maison. J'avais tenté de suivre une formation d'Auror, me jurant que je ne laisserai plus le ministère abuser de son pouvoir comme il l'avait fait avec Dra... Comme il l'avait fait, mais ceci a eu pour seule conséquence d'enfoncer le pieux déjà bien implanté, au plus profond de mon cœur.

Oui, j'avoue.
Dire son nom est encore trop dur pour moi.

Mais n'ayez que piètre inquiétude.

Je tente de prendre un réel nouveau départ.

J'ai été perdu un bon moment...

Après sa mort, à mon réveil, j'avais trouvé Ron, assis sur le côté du lit de l'infirmerie que je remplissais. Les yeux rouges et les cernes foncées, la lumière du jour bloquée par les rideaux me permit de détailler son teint si pâle, qu'il aurait pu faire office de lampadaire sur les chemins sombres moldus. D'abord pensant émerger d'un cauchemar, j'eus rapidement compris que mon contrôle sur la situation avait viré du mauvais bord.
J'avais donc ordonné qu'il m'aide à rejoindre l'emplacement de Drago, mais Ron n'avait pas semblé apte à me répondre, trop préoccupé par le carrelage poli, il y a peu. Seuls ses sourcils, en guise de mots, s'étaient froncés d'irritation.

"Ron, où est Drago ? j'avais répété plus sévèrement.
-Drago, Drago. Toujours Drago ! Drago est mort !"

Son regard débordant de haine m'avait transpercé et choqué par la même occasion. Au grand jamais je n'avais vu mon ami empli d'une telle colère.
Cependant, ses iris s'adoucirent de suite et il se morda la lèvre, prit par le regret quand les larmes dévalèrent silencieusement mes joues.
Il s'était excusé avant de s'approcher et me serrer dans ses bras, tentant de me réconforter, espérant que j'oublie un temps soit peu ma douleur.

À ma demande, il m'a lentement expliqué la situation.

Ce qu'Hermione avait fait pour le sauver.

Tenter de trouver son âme à travers le royaume des morts est une magie risquée et noire. Mais le dôme finalement, s'était dissipé, laissant les mages découvrir mon amie, inconsciente tandis que le corps du défunt avait disparu.

Oui, comme vous, j'ai eu de l'espoir qu'il puisse encore coexister avec moi.

Mais durant le cours de cette journée, notre amie s'est réveillée, dénuée de toute magie et sans aucun souvenir de ce qu'il s'était passé sous ce dôme.

Nous avons tenter d'extraire sa mémoire.

Rien à en tirer.

Ce fût un brouillard complet.

Le corps de mon amant disparu, j'avais ordonné une recherche mais, conduis par la suite au ministère pour témoigner du crime que cet Auror avait commis, - Poudlard m'a soutenu et j'ai obtenu justice - le nouveau juge déclara  l'accusé coupable, la victime : innocente et morte.
Aucune recherche ne fût donc entreprise.

Quand j'eus croisé à l'enterrement le regard de la mère du Serpentard, j'avais compris que rien ne m'arrêterais. J'aurai cherché son fils jusqu'à ce que mort s'en suive.

Mais au fil du temps, je me suis rendu compte que le ministère nous cachait énormément de choses. J'en suis devenu membre un temps, profitant de ma position d'Auror pour arriver à mes fins. Cependant, cette tâche me fit lentement sombrer dans une noirceur que je n'avais jamais connue.
Ma rage et ma peine me rendant impulsif et violent, Mcgonagall est venue me trouver, me proposant un poste pour m'aider à me reconstruire.

J'ai accepté.

J'ai accepté de tenter de tourner la page après 3 ans de recherches acharnées et sans résultat.

La douleur qui m'eut consumé peu à peu m'avait rendu vulnérable et je savais...

Je savais que Poudlard m'offrirait une chance que tout ça puisse un jour me rendre plus fort.

Durant les premiers temps, je m'étais souvent retrouvé devant la tombe noir, de forme moderne des Malfoy avec comme épitaphe le nom de celui que j'avais pu aimer. Même après presque 9 ans, c'est toujours difficile de résister au besoin d'aller lui rendre visite.
Deux autres noms durent être inscrits par la suite à ses côtés.
Celui de son père, tué par des anciens Manges-morts, et celui de sa mère, accablée de chagrin.

Je tente de tourner cette page brûlée, mais ça me semble impossible. La date de sa mort est comme, ciselée sur ma peau. Et quand vient la fin de l'année, je déserte Poudlard la semaine du bal de Noël.

"Tu es bien pressé aujourd'hui, me susurre une voix chaude et mielleuse au creu de mon oreille."

Je souris légèrement et me tourne vers elle, continuant de marcher, elle me suit.

"Oui. J'ai oublié des affaires en salle de potion.
- Oh... Notre salle.
- Arrête !"

Effectivement, j'ai omis un détail... Important.

Le vert et argent étire ses lèvres, m'emboitant le pas de prêt.

"J'ai encore l'image chaude de ce que l'on y a fait... J'aurai dû aller plus loin, continue-t-il de sa voix suave.
- Arrête ! je souffle en rougissant légèrement. Je dois me concentrer !
- Comme tu veux, appelle moi si tu veux que je te rappelle ces bons moments."

Plongeant mes yeux un instants dans les siens, son regard gris pétille de malice et je soupire, toujours le creu de la lèvre relevé tandis que l'image de mon amant immortel disparaît.

J'ai omis de vous dire que depuis sa mort, je l'hallucine.

Et je n'arrive plus à le faire disparaître.

Venin - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant