Chapitre 2

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"La quiétude est un poison pour l'esprit"

- Li-Cam

Désespoir.

Sournois, destructeur, vile.

Depuis ma dernière venue à l'école des Sorciers Poudlard, il s'était déterminé à me suivre. Ainsi, au sein de chaque instant de réconfort, moment de réflexion, un seul mot cogite dans mon esprit sans interruption : désespoir.

Je n'ai plus goût à rien.
Pas même au quidditch.
Pas même à ma maison.
Pas même à moi-même.

Comment le pourrais-je ? Avant le Mage noir, nous possédions tout. Richesse, pouvoir, relations. Je m'apprêtais à devenir celui que j'avais toujours rêvé d'être : l'héritier, le meilleur et le grand Drago Lucius Malfoy. Il m'était offert la plus belle voie qu'un Mage puisse rêver pourtant me voici aujourd'hui, n'étant plus que l'ombre de ce garçon trouillard et incapable de dire non à son père, assumant ses erreurs avec honte et angoisse. Ce jeune mage qui possédait toujours un costard de première qualité passait désormais ses journées en un t-shirt mal lavé et un bas troué. Lui qui aimait avoir ses cheveux correctement peignés les avait donc laissés pousser sans se soucier de leur sens où même de leur homogénéité. Lui qui veillait à ce que sa peau ait un teint lumineux se fichait désormais des cernes trop bleues et des cicatrices sous ses yeux fatigués.

Non, il n'y avait plus rien de ce temps de presque gloire et, mon reflet ce matin ne fit qu'appuyer cette vérité.

Pourtant, au sein de ce désordre extrême, une part de moi tentait d'y rester accrochée.

J'eus songé à comment m'habiller tandis que nous devions mettre notre uniforme.

À comment me coiffer tandis que l'air frais de Poudlard s'apprêtait à ébouriffer mes cheveux soigneusement peignés dès mon arrivée.

À comment mon ton devait être modelé tandis que personne ne m'adresserait la parole.

Je me suis obligé à m'observer, à faire face à mon propre regard sombre afin de me convaincre que, si je pouvais supporter mes yeux remplis de haine, je pourrais supporter sans soucis ceux des autres. Je pourrais supporter leur rancune, leur peine et leur tristesse.

Mais il me faut me rendre à l'évidence, la situation est bien plus dure que je ne me la suis imaginée.

Je n'ai donc pas pris peine de bien m'habiller.

Je n'ai donc pas pris peine de bien me coiffer.

Je n'ai donc pas pris peine de répéter des salutations.

Je suis parti de chez moi, valise à la main, prêt à revenir là où tout a commencé sans prendre peine de ce que l'on pourrait penser de moi car la vérité y est gravée : mon apparence n'y changera rien. Ce qui a été fait ne peut être changer et je ne possède rien qui offrirait un retour en arrière possible afin de modifier mes choix ratés.

Je ne possède rien d'autre que ce désespoir malicieux et trop envahissant ainsi qu'une extrême sensibilité au brouhaha des élèves.

Mes cheveux ondulés s'arrêtant à la moitié des yeux s'amusent à refléter la lumière artificilellement ensorcelée de la grande salle. Assis comme à notre habitude les uns à côtés des autres, je détaille le bois de la table serpentard d'un regard vide. Main contre joue, coude contre table, je me trouve dans l'incapacité totale de réflechir. Les regards assommant ma personne me rendent malade et pourtant, je m'y étais - normalement - préparé.
Si je me mettais à également observer les étudiants, je me rendrais compte que seulement trente centimètres séparent les jeunes mages côte à côte tandis que je suis à plus d'un mètre de mes voisins respectifs. Je dois surement les faire fuir, après tout je n'ai qu'à lever le regard pour constater que je ne suis pas le seul à juger mes actions comme impardonnables.

Venin - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant