Chapitre 1

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"Parfois, on touche la vie des gens rien qu'en existant"


- JK Rowling

Cauchemar.

C'est un véritable cauchemar !

"Fait chier ! je m'ecrie enragé. Où est-elle ! Karma n'ai-je pas assez à endurer !"

Retournant ma valise dans le compartiment du train que je me suis assigné, mes affaires s'étalent au sol dans un vacarne sourd. Il y a de cela quelques minutes, en me changeant, j'avais souhaité plier mes habits rapidement, mais, quand je me suis rendu compte que ma baguette manquait à l'appel, j'avais pris la peine de me contenir, fouillant avec parcimonie mes vêtements habituels, déduisant que je n'avais pas pris la peine de la poser à côté.

Introuvable.

Les émotions se bousculant depuis déjà trois longs mois, il n'y a eu besoin que d'un déclencheur pour qu'elles s'échappent de mon corps.

Seul dans la cabine, je jette le bagage contre le mur puis me rassois violemment, enfonçant mes coudes dans mes cuisses et calant ma tête entre mes mains. Mes doigts s'emmelent dans mes cheveux chocolat devenus longs au fil de ces nombreuses journées et les tirent, me provoquant une légère douleur que j'estime méritée.

Tremblant d'exaspération, je soupire, cherchant désespérément un moyen de me calmer.
Si je veux retrouver ce qu'il me manque, il me faut me déstresser.
Peine perdue.
Tête en bas, des larmes de sensation impétueuse remplissent mes yeux pour venir s'échouer sur la paroi transparente de mes lunettes que j'enlève pour les essuyer du revers de la manche.

Manche de l'habit que je ne connais que trop bien : le costume de la maison Gryffondor.

Costume dans lequel il m'a semblé y mettre ma foutue baguette !

Un son bruyant m'alerte et me sort un instant de mon état furieux pour m'interpeller sur le temps qu'il me reste.

"Nous arrivons à Poudlard dans 10 minutes, merci de vous préparer à descendre, informe le conducteur."

Je tourne mes iris émeraudes vers les affaires étalées et me décide à ranger, malgré que mon bien se trouve définitivement disparu.

¤

"Harry !

- Hermione !"

J'enlace fougueusement cette amie qui m'avait, je dois l'avouer, énormément manquée durant ce laps de temps où nous avions dû nous séparer.
Malgré moi, j'avais été empli d'un besoin de solitude et m'étais isolé afin de réfléchir ce qui n'a pas laissé beaucoup de chance à mes amis de me contacter.

" Tu nous as manqués, lâche la touffe rousse derrière elle."

Délaissant doucement la brune, je fixe les yeux de cet homme à qui j'ai enlevé son frère.

Partageant ma tristesse, il sourit. Sourire que je lui rend avant de s'avancer en cœur pour nous passer chacun une main dans le dos de l'autre.

"Tu nous as tous manqués Harry.
- Vous aussi vous m'avez manqués, je laisse échapper dans un chuchotement.
- Ah oui ? me lance la Hermione à coté de nous d'un ton ironique. Ça s'est vachement vu."

D'un souffle désolé, je lui répond :

"J'avais...
- Besoin d'être seul, lachent-t-ils en cœur.
- On sait, tu nous l'as assez répété. Mais sache qu'on aurait voulu quand même que tu nous envoies de tes nouvelles. Même juste une lettre ! s'écrie cette même amie."

Je lui lance un faux sourire.

"Pardon..."

De ses yeux perçants, elle détourne le regard et me prend le bras pour m'emporter d'un ton solennel :

"Peut importe. Nous sommes vivants, et on nous laisse refaire notre année, ce qui veut dire, qu'on pourra repasser des examens convenables et rester ensemble.
- Chouette... lâche Ron d'un ton amer. Une nouvelle année d'études... Espérons qu'il y aura une autre guerre..."

Moi et Hermione nous tournons vers lui, le regard mauvais.

Il lève les mains, innocent, les yeux passant d'un regard à l'autre.

"Ok, ok, pas de guerre."

Il vient à notre hauteur, reprenant sa valise en main tout en fixant ses pied.

"Comment ce sera vous pensez... Feront-ils comme si tout était normal ?
- Je n'en sais rien Ron, je souffle. Mais ça m'étonnerai beaucoup.
- Je pense que nous aurons droit à un discours sur les exploits de tous ceux qui ont combattus, se lance notre intellect, puis Mcgonagall nous demandera de reprendre au mieux nos activités. La vrai question que nous devrions nous poser c'est, comment il va réussir à se sentir bien à Poudlard et faire face au regard des élèves.
- Il ? On demande à Hermione. Qui est il ?"

Elle donne un coup de tête en face de nous et, c'est ensemble que Ron et moi tournons la tête en direction du portail. Il, est alors facilement reconnaissable. Des cheveux longs en bataille mais d'un blond platine uniforme et d'une froideur intense sans oublier son corps grand et svelte.

Ça, ça ne peut-être que Drago Malfoy.

Un frisson d'effroi me parcours, remémorant la scène dans laquelle Sevrus, tuant Dumbledore en haut de cette tour, avait protégé Malfoy.

Certes, j'avais compris durant cette fameuse rencontre dans les toilettes que la pression pesait sur ses épaules et qu'aujourd'hui n'est plus hier pourtant, une question me reste en bouche.

Se sent-il coupable ?

"Que fait-il ici? Il ne sait pas que les traîtres n'ont rien à faire à Poudlard ?"

Le Serpentard dépose sa valise et enregistre son nom auprès du Professeur Flitwick et, c'est à ce moment que je remarque son dos droit devenu plus ferme et son visage aux traits épuisés. La main qui avait lâchée la poignée de son bagage est égratignée, sans parler de ses lèvres, asséchées.

Le voyant dans ce triste état d'autres questions surviennent à la suite de la première.

Se sent-il coupable ? Si oui de quoi ? Des morts ? D'avoir servit Voldemort ? A-t-il eu le choix de servir à ses côtés ?

Cette curiosité semble insatiable mais je suis pris par surprise de ses yeux profondément nuageux me scrutant. Je me fige. Avait-il donc tourné la tête et nos regards s'étaient-ils croisés sans même que nous nous en rendions compte ?

Apparemment.

Je lis beaucoup de tristesse sur ses lèvres tremblantes. De la peur à son haussement de sourcil et une honte soudaine à ma vue, lisible aux travers de ses poings fébriles se serrant.

Et je comprends.

Il est hanté d'une culpabilité beaucoup plus forte que je ne l'aurais jamais imaginée.

Lui. L'infidèle parjure, le félon, le traître.

Lui, le délateur semblant bien plus candide que mauvais.

C'est dans cet observation - je constate - que, finalement, les différences qui nous avaient divisées tentent à nous rendre en tout point semblables. Ma propre honte se mélange à la sienne. Ma peur, mes cauchemars, ce passé qui me suivra.

Je lis en lui tous ces tourments.

C'est donc ses yeux, encore plantés dans les miens, éloignés de presque 10 mètres et sans échanger le moindre mot que, malgré le passé, nous ouvrons notre cœur l'un à l'autre.

Venin - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant