Chapitre 3

8.3K 667 425
                                        

"Le poison qui s'écoule dans mes veines me rend accro à ton être."

- E.S.

Voilà à peine deux semaines que nous sommes ici que je peine déjà à m'adapter. Les rumeurs et injures colportées sur Malfoy surplombées des questions que l'on me pose toutes les cinq minutes sur les événements passés me prennent tellement la tête que j'en oublie presque si je suis un élève ou un animal de foire. Tout peut-il réellement revenir à la normal ? Comment faire avec autant de bouches ne sachant pas la fermer ?

Nous avons retrouver les mêmes dortoirs, les mêmes lits, les mêmes salles de classe, les mêmes types d'exercices et le même type de rythme de vie et pourtant, rien ne me rappelle ma vie d'avant. J'ai la sensation de rêver, qu'à l'instant même d'émerger, un Détraqueur tentera d'aspirer Ron, m'obligeant à me battre encore, et encore, et encore jusqu'à ce qu'on tue à nouveau l'un de mes amis.

Mes cauchemars, chaque nuit, sont remplis de ces images. Ils sont la seule chose qui me rattache un temps soit peu à la vie scolaire des années précédentes à contrario que désormais, je ne me réveille plus en sursaut. Je parviens même à me rendormir dans certains cas.

Perdu dans mes pensées, livres à la main, j'entre en avance dans la salle des potions dont l'odeur me prit d'un haut le cœur, rappelant des souvenirs y mêlant Ron, Hermione mais surtout Severus. Sa présence paraît encore beaucoup trop présente. La verrerie est parfaitement organisée, lustrée tandis que les chaises sont soigneusement alignée. Je me rends bien compte que la magie y est pour quelque chose, mais la propreté de cette pièce était un trait caractéristique de cet homme. Ça, et sa détermination à me sauver.

Paupières fermées, je prends le temps d'inspirer un instant, essayant de ne plus penser au passé au moins aujourd'hui, puis réouvre les yeux, décidé à prendre un réel nouveau départ.

Mais comment faire quand je tombe nez à nez avec le dos de mon alter égo.

Closant la porte derrière moi avec discrétion - je ne sais pas pourquoi je me sens dans l'obligation d'être silencieux -  je garde mon regard fixé sur lui, prêt à rétorquer s'il venait à me chasser sauf qu'après observations, il a l'air perdu dans un autre monde.

Assis, la tête dans ses bras posés sur la table en bois, son dos se soulève à vitesse régulière accompagné d'une respiration forte.

Il dort.

Un sentiment de soulagement m'empare, content de ne pas avoir à le confronter mais devant l'heure qu'affiche l'horloge, je me mords la lèvre.

C'est une très mauvaise idée...

Je ne devrais pas. Je devrais m'assoir et attendre patiemment que les autres arrivent, laissant le brouhaha le réveiller. Oui, c'est une meilleure idée.

Je m'apprête à m'assoir vers la droite de la classe, posant lentement mes livres quand un souffle de détermination me fait virer de bord dans sa direction et m'arrête à sa chaise voisine, la main encore hésitante sur elle avant de finalement m'assoir à ses côtés.

Mon corps palpite de stress, comme si ce que je venais de faire était interdit et pourtant, je n'ai fait que choisir une place, non ?

Habillé de son uniforme, je remarque une chemise noir sous les manches finement brodées d'un vert serpent étalées sur la surface plane. Je remonte mes yeux le long de ses bras pour les faire glisser sur ses épaules puis sa nuque, découverte.

Ses cheveux blonds m'empêchent de lire son visage ce qui, sur le coup, me déçoit un temps soit peu. Peut-il vraiment dormir aussi paisiblement ?

Le fixant au travers de mes lunettes comme le soleil au travers d'un bout de verre, j'appose ma main sur son épaule pour lentement le secouer.

Venin - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant