5. 𝑴𝒐𝒓𝒕 𝒔'𝒆𝒏 𝒔𝒖𝒊𝒗𝒊𝒕

5.5K 337 284
                                    




Plus rien n'existait autour de moi, le Bataillon avait disparu, je ne voyais que son corps inerte se pourfendre sur le vieux gravier, puis le sang, tout son sang se rependant autour de lui.

J'ai accéléré jusqu'à lui pour le prendre dans le creux de mes bras, et alors, le beau rouge que j'eux si souvent put contempler par le billet de ces iris se retrouvait désormais sur mes mains moites et tremblantes.

Je ne pus réprimer un hoquet de dégoût en observant les organes vitaux s'évadant de l'intérieur de son être.

- (T/p)..

- Dit encore un mot je te jure je t'étripe!

La lumière au alentour reflétait le regarde livide qu'il m'offrait désormais, ses yeux si beaux me voyaient sans me voir, il m'écoutait sans m'entendre, il parlait.

- (T/p) j'ai mal.. J'ai l'impression que tout mon corps est paralysé..

Je le regardais, je savais, il n'y avait plus rien à faire.. Je ne pouvais rien faire, je suis toujours faible car il souffre et je ne peux rien faire pour le soulager.

- Je voulais te dire.. Si je suis venu te voir tout à l'heure c'était pour une raison bien précise..

Désormais je ne pouvais que l'écouter, écouter sa faible voix prononcer les derniers mots de sa vie, il était encore si jeune, il n'avait encore rien vu de la vie..

Son visage entre mes deux mains, je lui offrais une caresse de mon pouce sur ses joues devenues froides, la première, et la dernière.
Je devais l'écouter attentivement car après ça, sa voix ne sera plus qu'un vague souvenir, un mirage douloureux.

- Aucune amitié ne me lie à toi..
C'est bien plus..

Le peu d'énergie qui gisait encore dans le corps froid de mon ami lui permit de mener, avec une lenteur des plus désagréables, sa main à ma joue.

- T'es magnifique, tes longs cheveux implacables au matin, tes grands yeux (c/y) qui d'après les rumeurs percent le cœur des hommes..
Tu as percé mon coeur et je te l'offre Parque.. N'oubl.. n'oublie jamais que même un ange déchu est un ange..

Sa main vint heurter dans un bruit sourd le sol de gravier, résonant comme une terrible mélodie aux oreilles de la meurtrière. Ses yeux déjà livides se vidèrent de la dernière étincelle qu'il avait préservée laissant place à ce voile vitreux qu'elle avait tant vu mais qui n'avait jamais été aussi douloureux auparavant.

Elle était là, le regard vide à contempler la victime de son incapacité, le cadavre d'un ami. Un ami plongé dans le sommeil éternel.

La haine prit le déçu sur sa culpabilité et sa tristesse.
Comment devions-nous réagir dans ce genre de situation?
Devait-elle pleurer?
Devait-elle le venger?
Devait-elle fuir?

Elle qui avait toujours été seule venait de perdre la seule personne qui avait été là.
Un sentiment de perte et de vide prenait place dans son cœur éreinté.

  - Je suis navré de ce qu'il vient de se produire. Moi et le Bataillon D'exploration vous présente nos plus sincères condoléances.

Ses plus sincères condoléances? Et qu'est qu'elle en a à foutre? Qu'est-ce qu'elles vont lui apporter « ses plus sincères condoléances »?
Ce ne sont que des paroles abjectes et hypocrites. De l'hypocrisie à l'état pur.

Elle lui lança un dernier doux regard avant de se redresser, lentement, essayant de faire durer le moment où elle devra le laisser pour de bon, faire durer le moment où elle devra se retourner et continuer comme si rien ne s'était produit.

Elle se releva lentement car elle voulait faire durer ce moment où elle avait encore quelqu'un à ses côtés.

Puis, finalement elle se retourna enfin, faisant face au commanditaire s'inclinant face à elle, à quoi il joue?
Elle ne semblait pas être la seule surprise, les autres soldats étaient comme elle, éberlués, et puis finalement ils se résignèrent à faire comme leur chef et se cambrèrent dans un angle de quatre-vingt-dix degrés. Abjecte.

Plus rien n'avait d'importance, c'est de leurs fautes, voilà ce qui résonnait dans son esprit. Vengeance.

Elle passa frénétiquement ses yeux de soldats en soldats, jusqu'à le voir toujours entrain de faire sa courbette, meurtrier.

Elle le regardait fixement jusqu'à se mettre à marcher, puis à courir, le bruit de sa course le forçant à se redresser croisant par malheur son regard rempli de haine et de méprit.
Une seconde plus tard il se retrouvait violemment plaqué sur le sol et était en train de se faire ruer de coups des plus assassins par la jeune femme posée à califourchon sur son buste, l'empêchant de faire le moindre mouvement.

Tout se passait désormais à une vitesse folle dans son esprit et une seule chose persistait, la vengeance.
Et alors qu'elle lui assénait un énième coup elle sentit une pression se faire sur sa trachée, quelque chose venait de la transpercer, de la planter.
Elle se retourna hâtivement, dégageant d'un revers de main la seringue qu'on venait de lui implanter.

Elle ne l'avait ni vu, ni même entendu, ce soldat toujours recouvert de sa capuche elle ne l'avait pas remarqué depuis le début.

Il lui allait asséner un coup mais elle avait déjà reculé un peu plus loin.
Elle se sentait déjà s'alourdir, un somnifère fait chier.

- Oie ramener-en moi un deuxième, et dépêchez-nous!

Les soldats avaient begués sur l'habitante des Bas-Fonds, comment ça se fait qu'elle soit encore réveillée?, se demandaient-ils tous.

Cette voix méprisante lui rappelée vaguement quelque chose, quelque chose de lointain, mais elle n'avait pas le temps de réfléchir le temps lui était désormais comptée. Elle savait qu'ils n'allaient pas la tuer sinon à quoi aurait rimé tout ça?

Elle rassembla le peu de force qu'elle arrivait encore à procréer par la force de son corps pour pouvoir éviter et attaquer, mais surtout éviter les soldats qui s'étaient lancés comme un seul homme sur elle.
Elle avait envie de rire, de se moquer, ils étaient cinq hommes en pleines formes et ils n'arrivaient pas à attraper une pauvre femme au bord de l'évanouissement? Ridicule.

- C'est donc ça le fameux Bataillon? ria-elle, il m'a l'air bien pathétique. C'est comme ça que vous embauchez vos soldats Monsieur Le Chef, elle pointa du doigt le grand blond qui était désormais droit comme un piquet son regard azur planter sur ce bout de femme, vous leur retirez les choses auquel ils tiennent le plus pour qu'ils se disent « Le Bataillon est ma seule option, ma famille. »?
Quelle bonne blague!! Vous vouliez me capturer c'est ça? Allez-y je vous attends!!

Elle faisait peine à voir, elle utilisait ses dernières forces pour pouvoir hurler le fond de sa pensée, ses désolantes pensées.
Le grand blond s'en voulait, ça n'aurait pas dû se dérouler ainsi. Il la regardait avec toute la peine du monde ce qui n'échappa pas à la demoiselle.

- Et vous là! lui avait-elle hurlé en faisant un pas chancelant vers lui.

Son coeur était lourd, comme tout le reste de son corps d'ailleurs.
Elle peinait désormais à tenir sur ses deux jambes, elle avait l'impression de marcher à l'aide de deux faibles cotons tiges, elle transpirait et avait une respiration lourde.

- Je.. Je ne veux pas de votre pitié.. elle avait fini dans un souffle avant de s'écraser à genoux, le souffle court et ardent.

L'adrénaline ne faisait plus effet sur son corps, et maintenant elle était à bout de forces. Elle s'écroula à son tour sur le gravier, perdant peu à peu connaissance. J'ai perdu, encore. 

Une dernière pensée, peut être un dernier regard.

Et elle sombra.

Ethan..






- Elle est forte, elle sera un atout pour la reconquête des murs, il arriva face à son corps inerte, je suis juste navré que cela se soit passé ainsi.

- Rare sont les fois où tu as évité la mort des gens que tu poursuivais.

𝐏𝐚𝐫𝐪𝐮𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant