15. Désir assouvi

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Quand Madison ouvrit les yeux, il lui fallut quelques secondes pour se rappeler où elle était : dans la chambre du W14 Kensington Hotel, à Londres, avec Jack dans le lit d'à côté.

Elle n'était pas rentrée à New York comme prévu.

Elle referma ses paupières en serrant la couverture contre elle. Pourquoi avait-elle accepté ? Elle savait que l'avocat avait raison, qu'il était préférable qu'ils restent pour préparer la mission, la plus importante. Ils allaient avoir des réponses, enfin. Peut-être en finir avec tout ça. Mais d'un autre côté... elle aurait aimé que Wayne ne lui accorde pas ces deux jours de "vacances" pour qu'ils soient obligés de rentrer.

En rentrant hier soir à l'hôtel, malgré l'heure tardive, elle avait directement appelé son patron, pleine d'appréhension. Elle lui avait dit que sa mission avait été accomplie mais qu'elle n'avait pas pu extraire le nom de son acheteur à Malcolm.

Prononcer ces mots lui avaient serré le cœur. Elle mentait à Wayne depuis deux semaines et elle ne s'y habituait toujours pas. Il lui faisait confiance et elle était en train de la trahir, comme Alec. La seule différence était qu'elle le faisait pour une bonne raison. Mais Wayne prendrait-il cela en compte s'il le découvrait un jour ?

Elle avait ensuite usé de son charme habituel pour le convaincre de la laisser rester deux jours de plus. Elle avait dit qu'elle voulait visiter Londres puisqu'elle en avait l'occasion. Au début, Wayne avait été réticent. Elle n'avait plus été sur le terrain depuis presque deux semaines et elle voulait en plus des vacances ?

Mais Madison avait réussi à être persuasive et elle savait que l'accord de son patron résultait aussi du fait qu'il devait encore se sentir coupable de lui avoir retiré la mission du détournement de fonds alors qu'il savait combien c'était important pour elle. Elle s'en voulait de l'utiliser ainsi mais c'était pour le bien de leur pays.

Et Jack... elle avait tenu toute une après-midi. Elle avait été distante, froide, dure. Elle avait reconstruit sa carapace autour de son cœur et avait réussi à tenir le masque sans difficulté. Son partenaire avait plusieurs fois essayé de relancer leurs piques habituelles mais elle avait tenu bon. Il n'était qu'un collègue, rien de plus. Elle ne voulait pas s'en faire un ami ou plus. Et la distance était la meilleure arme contre les effets qu'il lui procurait.

Mais tout avait volé en éclat lors de la fête. Elle avait failli s'étouffer avec sa propre salive quand ce gémissement inattendu avait retenti dans son oreille. Elle avait tout de suite compris d'où il venait. Une myriade d'émotions l'avait alors traversé. D'abord, elle avait presque envié la femme avant de se rappeler qui était l'homme qui lui procurait ce plaisir. Ensuite c'était ensuivi le malaise, la gêne, puis la colère. Elle n'avait eu qu'une envie : aller étrangler l'avocat. Mais, elle avait dû poursuivre la mission tout en ignorant du mieux qu'elle pouvait ce bruit. Elle n'avait même pas pu enlever son oreillette au risque de se faire démasquée par sa proie. Ç'avait été un supplice.

Et cet imbécile avait osé rire quand elle lui avait révélé son oubli. Quel goujat ! Elle regrettait de plus en plus d'avoir accepté de rester. Maintenant, elle allait devoir voir sa face narcissique pendant deux jours entiers tout en essayant de garder ses distances et de ne pas se rappeler de ce moment gênant sans rougir de gêne et de colère.

Soudain, une sonnerie retentit dans la chambre, la faisant sursauter. Elle se rendit compte que c'était le sien et chercha son téléphone à l'aveugle sur la table de chevet alors que Jack grognait dans son lit, sûrement réveillé par le bruit. Ses doigts se refermèrent enfin sur l'appareil électronique et elle décrocha sans regarder qui était l'interlocuteur :

— Oui ?

— Dis-moi que je rêve : tu restes deux jours de plus avec lui dans un hôtel ??

La voix stridente de sa meilleure amie lui arracha un grimace.

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant