29. Mission impossible

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Jack, assis par terre contre le mur de l'immense corridor du Washington Plaza Hotel, était sans voix. Ses jambes l'avaient lâché lorsqu'il avait entendu l'ordre de Dante à travers le combiné de son téléphone. Sa main tremblait, de confusion, d'indignation, de peur.

— Je... je ne peux pas faire ça, souffla-t-il d'une voix blanche.

— Pourquoi ça ? s'étonna son patron. Il n'y a rien de plus simple. Tu l'as déjà fait des milliers de fois.

L'avocat se mordit la lèvre inférieure. Oui, c'était vrai, il l'avait fait un nombre incalculable de fois. Mais là, c'était différent.

— Je ne suis pas sûr... que ce soit possible, tenta-t-il, essayant de le faire changer d'avis.

— Ne raconte pas n'importe quoi. Fais-le et c'est tout, déclara Dante avec fermeté, n'acceptant aucun refus. Il est hors de question que tu échoues, c'est clair ?

Comme du cristal. Cette simple phrase voulait tout dire : si Jack ne lui obéissait pas ou ratait sa mission, il pouvait dire adieu à son poste dans les BB. Peut-être même à sa vie, qui sait. Il pouvait bien être le meilleur agent que Dante avait, ce dernier ne tolérait en aucun cas l'échec, encore moins sur une mission qui pouvait lui rapporter gros. Il n'aura aucune pitié à le renvoyer.

— C'est clair ? répéta son patron.

— Oui, dit Jack, les dents serrées.

— Bien. J'attends ton retour avec impatience.

Sur ce, il raccrocha et l'avocat baissa le bras avant de jeter sa tête en arrière, la cognant contre le mur. Il ferma les yeux en jurant. Jamais il n'aurait dû appeler Dante pour lui raconter la nouvelle. Qu'est-ce qu'il lui avait pris ? A présent, il ne pouvait plus faire marche arrière. Il devait se plier à ses ordres, peu importait les conséquences.

Résigné et furieux d'être forcé à faire ce genre de choses, Jack se leva et longea le couloir jusqu'à la chambre que les deux espions avaient louée en début d'après-midi. Les infos de BBC les avaient tous sonnés, eux et les parents d'Alec. Ils leur avaient fallu un moment pour s'en remettre, surtout pour Candice qui ne semblait pas du tout rassurée qu'un terroriste se balade avec la mallette nucléaire dans sa propre ville. Si elle savait l'identité de ce dernier...

Cette nouvelle avait donc coupé court à la conversation et les deux espions étaient partis après avoir remercié Tom et Candice de les avoir accueillis. Ensuite, ils leur avaient paru évident qu'ils devaient rester à Washington. Alec rodait sûrement encore ici, préparant son plan pour entrer par effraction dans la Maison-Blanche afin de s'emparer des codes nucléaires. Ils devaient l'arrêter coûte que coûte.

Jack entra dans la chambre, encore hébété par sa discussion avec Dante. Il trouva Madison assise sur le bord du lit, semblant tout aussi dépitée que lui. Ils s'étaient éloignés quelques instants pour appeler leur patron respectif chacun de leur côté.

— Alors ? demanda-t-il.

La jeune femme releva la tête vers lui et soupira.

— Il ne peut rien faire à part nous envoyer quelques gadgets. Et toi ?

— Pareil.

Ils grimacèrent alors tous les deux. Ils étaient mal barrés.

Madison avait espéré du renfort en appelant Wayne mais ce dernier ne pouvait rien faire. S'il voulait continuer à garder son secret de sa désobéissance au FBI, il ne pouvait pas l'aider. Lui envoyer d'autres membres voulait dire qu'il serait obligé d'expliquer toute la situation à ses supérieurs pour une telle intervention, et donc d'expliquer comment Madison pouvait savoir autant de choses. Tout ce qu'il pouvait faire était de lui envoyer quelques armes discrètement. Voilà ce qu'il lui avait dit, d'un ton distant et froid qui avait serré le cœur de l'espionne et approfondit sa culpabilité.

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant