19. Une histoire de famille

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Chinatown, New York City, USA

Jack toqua à la porte du bureau de Dante et entra lorsqu'il reçut son approbation. Son patron releva la tête de son ordinateur pour planter ses yeux bridés et sombres sur lui.

— Jack, j'ai bien cru que nous te reverrions jamais. Tu as ce que tu m'as promis ?

Toujours aucun bonjour, ni aucun sourire. L'atmosphère de ses trois métiers était le même : froid, hypocrite, implacable. Même chez lui, l'avocat ne recevait aucune affection, aucune quiétude. Que des regards durs et des remarques tranchantes. Dans le droit, il fallait être ferme, impassible et manipulateur. Et dans le mannequinage, tout n'était question que d'image. La vie privée n'importait pas, tout ce qui comptait était le visage. Au fil des années, Jack s'y était habitué. C'était sa vie et il l'acceptait. La dernière fois qu'il avait reçu un peu d'amour, c'était à ses huit ans. Il avait presque oublié ce que c'était d'être aimé.

Mais récemment, il avait pu entrapercevoir ce sentiment lointain qu'il avait oublié. Avec Madison. Elle était bien la seule qui lui offrait des sourires sincères et qui le faisait sourire sincèrement en retour. Elle était bien la seule à se soucier de lui quand il faisait la tête ou s'était fait mal à cause d'une bataille. Elle était bien la seule à lui avoir offert des gestes tendres et à lui avoir ouvert les bras.

Il la connaissait à peine et savait si peu sur elle... pourtant, aujourd'hui, il avait l'impression qu'elle était la seule sur qui il pouvait vraiment compter s'il en avait besoin. A ses côtés, il avait pu être lui-même, sans masque. Leurs taquineries le faisaient rire, une chose qu'il faisait très rarement. Sera-t-il capable de la laisser partir lorsque l'enquête sera résolue ?

— Oui, j'ai la drogue, déclara Jack en sortant le fameux paquet de sa veste.

Après avoir quitté l'aéroport et Madison, il était revenu chez lui. Chez son père. Ce dernier n'était pas là. L'avocat était persuadé qu'il n'avait même pas remarqué son absence. Dans tous les cas, il en avait profité pour retourner dans son bureau. Avec soulagement, le sachet de Lethargy était toujours caché sous la commode. Luke allait sûrement remarqué son absence mais tant pis. Entre la colère de Dante et sa colère, il préférait largement celle de son père. Ce dernier n'était pas capable de le tuer. Son patron, si.

Jack jeta le paquet sur le bureau de Dante qui le prit avec scepticisme.

— C'est juste de la méthamphétamine, dit-il d'un ton hautain. Ce n'est rien d'extraordinaire.

— Au contraire. Regardez de plus près, vous y verrez des reflets dorés et rosés. C'est une nouvelle drogue du nom de Lethargy, produite par une certaine Camila Sanchez, son laboratoire se situant à Londres. Ces effets sont... dangereux.

L'avocat lui fit un rapide résumé des actions de cette drogue sur un quelconque individu, ce qui sembla intéresser son boss.

— J'ai entendu parler de cette femme, fit ce dernier. Je pensais que ce n'était qu'une chimiste sans importance.

— Non, elle est à la tête d'un énorme réseau de stupéfiants et c'est elle qui en a fabriqué la majorité. Elle vient de lancer la vente de sa nouvelle drogue.

— Intéressant, commenta Dante en fixant le sachet bleuté. Elle pourrait servir. Nous pourrions collaborer avec elle. Son réseau est grand mais le mien l'est tout autant. Avec mon aide, elle augmenterait le sien et je pourrais lui fournir un laboratoire digne de ce nom. En échange d'un bénéfice, bien sûr. Tu as dit qu'elle était à Londres ?

— J'ai l'adresse de son entrepôt principal.

Son patron sembla plus que satisfait.

— Parfait. Je vais la contacter de ce pas.

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant