22. Torture et mutisme

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Moscou, Russie
une heure auparavant

Lorsque Madison entrouvrit les yeux, un vertige l'envahit si violemment qu'elle faillit vomir. Les paupières à moitié ouvertes, elle ne voyait que du flou. Sa tête dodelinait et elle sentait qu'elle était tirée par les bras, comme une poupée. Ses pieds glissaient sur le sol, un bruit de pas résonnait en elle comme des tambours. La seconde d'après, elle bascula à nouveau dans les ténèbres.

• • •

Une voix retentit, lointaine, irréelle. Madison ne sentait plus son corps mais elle ne bougeait plus. Sa tête était lourde, trop lourde. A moitié consciente, elle réussit à entrouvrir à nouveau les yeux. Deux silhouettes se tenaient devant elle, déformées. L'une d'elle s'approcha et malgré sa proximité, elle ne put distinguer ses traits, ni la voix qui s'éleva à quelques centimètres de son visage.

— C'est bien elle. Occupe...

La voix s'évapora subitement et tout redevint noir.

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Lorsque Madison immergea enfin pour de bon de son inconscience, elle eut l'impression de sortir d'un rêve. Une migraine horrible lui vrillait le crâne qui semblait anormalement lourd. Elle se fit violence pour soulever ses paupières et bouger la tête. Elle mit un moment à se rendre compte de sa position.

Son corps était tout engourdi, comme après un gros effort physique. Ses bras étaient levés en l'air, ses poignets attachés par des lanières en cuir elles-mêmes reliées à une chaîne accrochée au plafond. Elle essaya de tirer dessus mais seul le bruit de la chaîne résonna dans la pièce vide. Elle était pendue comme un vulgaire morceau de viande, ses pieds frôlant à peine le sol. Elle ne sentait plus ses bras et ses épaules lui faisaient atrocement mal. Son oreille du côté où elle avait reçu le coup fatal du sbire d'Oz sifflait désagréablement.

Sa vue était floutée. Elle cligna des yeux pour essayer de l'éclaircir et bientôt, elle put distinguer l'endroit où elle se trouvait. C'était une petite pièce carré, entièrement fait de béton. Les murs semblaient extrêmement épais et vieux. L'air sentait le renfermé et... le sang. Sur les côtés se trouvaient deux tables avec des ustensiles que Madison reconnaissait bien : du matériel de torture.

Soudain, les souvenirs lui revinrent en mémoire. La réception, Jack, l'inconnu, la bagarre. Immédiatement, Madison essaya à nouveau de se libérer mais les lanières serraient trop fortement ses poignets. De plus, elle se sentait trop faible pour tenter quoique ce soit. Il lui fallait un peu de temps pour recouvrir entièrement ses esprits et un peu d'énergie avant d'agir.

Au même moment, une porte en fer rouillée à sa gauche s'ouvrit et quelqu'un entra nonchalamment avant de refermer derrière lui. Malgré le chaos dans ses pensées et le mal de tête, elle le reconnut : c'était l'homme qui l'avait enlevée.

Vous... lâcha-t-elle d'une voix cassée et faible.

Ce dernier se positionna devant elle, tout sourire.

— Rebonjour, Madison Nash, déclara-t-il, toujours avec son fort accent russe.

Cette dernière tira sur ses chaînes.

— Comment... le savez-vous ?

Personne n'était censé connaître son existence. Toutes les identités des agents secrets du SOA avaient été effacées des serveurs. Ils n'existaient plus pour le monde. Alors comment cet homme connaissait-il son nom ? Depuis le début de cette affaire, elle ne l'avait dit à personne, même pas à Jack. Comment...

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant