30. Balle en plein cœur

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Cela faisait maintenant deux heures que Jack et Madison campaient devant la Maison-Blanche. Des dizaines de voitures de polices aux gyrophares allumés se tenaient sur le trottoir. Des barrières en plus de celles déjà présentes avaient été ajoutées et une horde de militaires faisaient des aller-retour. D'autres gardes faisaient le guet autour de toutes les ouvertures disponibles de la demeure. C'était impossible de passer ou de sortir.

Une foule de passants curieux s'était amassée devant ce spectacle plutôt impressionnant de cette démonstration de force. Les deux espions s'étaient faufilés dans la masse, incognito. Quelques émissions de télévision filmaient la scène, des journalistes parlant avec énergie devant des énormes caméras. Le pays, si ce n'est le monde entier, devait être rivé vers les écrans afin de ne rater aucune miette. Tout le monde retenait son souffle depuis hier après-midi, avec une seule question au bord des lèvres : mais quand le terroriste allait-il frapper ?

C'était exactement ce qu'attendaient Jack et Madison. Qu'une alarme retentisse. Que l'armée entière s'agglutine vers la Maison-Blanche, laissant une ou deux entrées sans surveillance dans la panique. Car une chose était sûre : Alec allait passer. D'une manière ou d'une autre, il allait se faufiler tel un fantôme dans la demeure. Et c'était à ce moment-là que les deux espions débuteraient leur plan.

Deux heures qu'ils attendaient. Deux heures durant lesquelles ils ne s'étaient pas adressés un mot. Ni sur ce qui les attendait, ni sur ce qu'il s'était passé hier. La froideur entre eux était revenue. Insoutenable.

A cela s'ajoutait la tension extrême de cette mission. Tout allait se jouer aujourd'hui. C'était quasiment sûr qu'Alec allait tenter de voler les codes aujourd'hui. Il aurait pu le faire hier mais Madison savait que c'était un homme qui aimait prendre son temps afin de faire les choses bien. Il ne se précipitait jamais, calculait toujours chacun de ses coups. C'était ça qui le rendait dangereux. Personne ne savait à quoi s'attendre avec lui mais lui prévoyait toujours les coups adverses.

Plus les minutes s'écoulaient, plus Madison stressait. Son pied tapait frénétiquement le sol, elle n'arrêtait pas de se mordre la lèvre et de jeter des coups d'oeil inquiets autour d'elle. Seul Jack semblait détendu. Encore une façade, un masque, un mensonge. Il savait si bien jouer la comédie. Au fond de lui, elle savait qu'il était tout aussi tendu qu'elle. Pourtant, il respirait la tranquillité et l'assurance, comme à son habitude. Quelque chose pouvait-il ébranler cet homme ?

Tout à coup, une alarme stridente hurla dans la rue, faisant sursauter la foule entière. La suite ne s'écoula qu'en quelques secondes.

Les militaires et policiers réagirent immédiatement alors que la cohue de passants se mirent à paniquer. Ils firent tous volte-face pour s'engouffrer dans le jardin en direction de la Maison-Blanche où retentissait l'alarme assourdissante. Les journalistes se pressèrent au grillage, ne voulant pas rater une miette de cet événement sûrement historique.

Les deux espions sautèrent sur l'occasion.

C'est parti.

Fendant la foule sans ménagement, ils se frayèrent un chemin jusqu'aux barrières. Profitant du chaos provoqué par la peur et l'excitation du moment, ils l'enjambèrent et se glissèrent discrètement sur le côté. Ils trouvèrent un passage désert, la majorité des passants agglutinée face à la demeure, et en tirèrent profit. Avec souplesse, ils se hissèrent sur les barreaux et passèrent par-dessus.

Ils atterrirent de l'autre côté et détalèrent sans perdre de temps vers l'édifice blanchâtre. Usant des magnifiques plantes du jardin pour se cacher dans leur course, ils atteignirent le premier mur sans s'être fait repérer. Les gardes qui surveillaient les entrées étaient partis prêter main-forte. L'alarme sonnait toujours mais ce qu'il se passait à l'intérieur restait inconnu. Il n'y avait aucun coup de feu ou hurlement. Seuls les cris des habitants et des journalistes fendaient le silence terrifiant qui enveloppait la scène.

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant