36. Pris au piège

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Jack avait prévu toutes les éventualités. Toutes.

Sauf celle-ci.

Madison, agenouillée à quelques mètres de lui, un revolver braqué sur sa tempe, encadrée par deux membres des BB, et Dante qui se délectait de la situation. Il avait l'impression de vivre un cauchemar éveillé.

Ses yeux étaient accrochés à ceux de la jeune femme qui le regardait avec un mélange d'émotions parfaitement distincts. Elle avait d'abord été perplexe de le voir ici, puis totalement perdue. Ce fut ensuite un éclair de déception et de douleur qui traversa son regard émeraude, et cela brisa le cœur de l'avocat. Elle devait penser qu'il n'avait jamais quitté les BB. Ce qui semblait être une nouvelle trahison de sa part tétanisait l'espionne, qui voyait à nouveau son univers imploser.

Il savait. Il savait qu'il allait revoir ce regard dès qu'il avait pris la décision de se rendre au rendez-vous sans lui en parler. Mais il ne pensait pas que cela se ferait aussi tôt et dans de telles circonstances.

Les poings serrés, Jack tremblait de tout son corps. Il avait envie de lui crier que ce n'était pas ce qu'elle croyait mais aucun son ne voulait sortir.

— Tu crois encore avoir le contrôle sur ta vie ? fit Dante à sa gauche. Tu n'es rien d'autre qu'un pantin, Jack. Et tu sais maintenant ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas qu'elle finisse comme Alec : va me chercher les gold codes.

Une colère sourde l'envahit et il se fit violence pour ne pas faire volte-face afin de l'étrangler de ses mains. La seule chose qui le retenait était l'arme pointée sur Madison, une arme qui tirerait une balle s'il osait ne toucher qu'un seul cheveu du grand patron des BB.

Face à eux, l'espionne écarquilla les yeux.

— Vous êtes qui, bon sang ? Pourquoi voulez-vous voler les codes ?

Dante se tourna vers elle, presque surpris qu'elle osait hausser le ton dans sa situation, avant de s'approcher d'une démarche dangereuse. Il s'accroupit face à elle et s'empara de son menton pour maintenir son visage près du sien. Derrière, Jack serra les dents et contint sa rage avec difficulté, découvrant qu'il pouvait haïr encore plus son boss qu'il ne le haïssait déjà. Le voir poser ses sales pattes sur elle lui était insupportable.

— Madison Nash, c'est bien ça ? Je me présente : Dante Lee, chef des Black Blood. Et futur détenteur de l'arme nucléaire.

Cette présentation laissa Madison sans voix. Son regard bascula ensuite derrière l'homme et s'ancra dans celui de Jack. La déception avait été remplacée par de la compréhension, une lueur qui détendit instantanément l'avocat. L'espionne avait compris. Elle avait compris qu'il ne voulait pas être là, qu'il était forcé. Elle savait combien il détestait son ancien patron. Et sans un mot, elle avait su passer au-dessus des non-dits.

Dante, inconscient de leur échange silencieux, lâcha le menton de Madison d'un geste brusque et se releva.

— Dire qu'il ne faut qu'une femme pour faire plier le plus puissant des hommes, dit-il d'un ton méprisant. Tu comprends pourquoi j'ai su tout de suite que tu allais me trahir quand j'ai senti que tu avais des sentiments pour elle, Jack ? L'amour rend faible. Si tu ne tenais pas à elle, je n'aurais eu aucun moyen de pression sur toi. Elle est tout ce qu'il te reste. Et cela te rend vulnérable et prévisible.

Jack foudroya Dante du regard.

— Allez bien vous faire foutre, cracha-t-il.

Il savait que son ancien patron avait raison. Mais il avait aussi totalement tort. Ce qu'il ressentait pour Madison l'avait rendu plus heureux qu'il ne l'avait jamais été et grâce à elle, il s'était libéré des chaînes qui l'entravaient depuis des années. L'absence d'amour rendait inhumain et l'humanité était vulnérable. Ce n'était pas une faiblesse. C'était une force. Car sous l'instinct de survie, l'être humain se dépassait.

One Bullet, Two HeartsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant