9.

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Comme plusieurs fois par semaine, Patrick se rend à la salle de sport. Il y va évidemment pour s'entretenir, continuer à avoir un joli corps, plaire. Mais il y a une raison supplémentaire. Il passe beaucoup de temps à regarder les autres sportifs. Il y a pas mal de beaux gosses qui le font fantasmer. Un jeune bien musclé, en débardeur et short, de préférence avec une belle bosse, il n'y a rien de tel pour l'exciter. Il s'arrange même pour aller régulièrement dans le vestiaire, où il peut en voir beaucoup plus. Mais il est difficile de mater sans se faire surprendre, tout ne peut être que furtif, ce n'est pas assez. Alors, ce soir il a décidé de passer à l'étape supérieure. Normalement il fait ses exercices puis rentre directement à la maison. Peut-être pour éviter toute tentation.


À la fin de la séance, il est décidé, il veut aller au sauna. Il a déjà observé la « coutume ». Alors, il passe d'abord sous la douche, puis il noue sa serviette autour de la taille et entre dans la cabine. Il n'y a qu'un seul autre homme, de son âge. Il est déçu, évidemment, mais il va attendre un peu pour voir.

– C'est agréable, non ?

Il ne veut pas vraiment engager la discussion. Il se contente d'un signe de tête.

– Ça vous dérange si j'ouvre la serviette ?

– Euh non, allez-y.

Sans aucune pudeur, l'autre exhibe tout.

– C'est encore mieux. Et entre nous on peut se le permettre.

– Qu'est-ce que vous voulez dire ?

– Dès qu'un plus jeune entre il faut refermer. La nouvelle génération est beaucoup trop pudique.

Patrick ne peut pas s'empêcher de penser que si Luc était là il viendrait démentir cette affirmation.


Quelques minutes plus tard, un autre sportif entre. Il s'installe en face de Patrick. C'est l'un de ceux qu'il mate dans la salle. Il est donc content de son petit stratagème, maintenant il peut le regarder torse nu. Un torse totalement imberbe, bien musclé, solide. Et cet homme n'hésite pas à se le caresser, pour enlever la sueur. Patrick a du mal à se contrôler. Surtout qu'assez vite il se retrouve seul avec ce véritable fantasme vivant. Il a les mains posées sur son entrejambe pour cacher son érection.

– Détends-toi, mec.

Patrick a du mal à regarder ailleurs, ce corps est vraiment trop beau.

– Y a pas de gêne ici, reste libre.

– Ça ne vous dérange pas ?

– Non, et ça arrive même souvent. Y a plein de gays dans cette salle.

– Et vous, vous êtes...

Patrick a honte de cette conversation.

– Hétéro. Mais si je fais bander les mecs y a pas de problème.

Sans ouvrir sa serviette, Patrick lâche son sexe. Il est content de ne pas avoir à se cacher. Surtout, il est étonné que tout le monde semble aussi zen. Il prend de l'assurance et laisse sortir son sexe qu'il empoigne.

– Calme-toi, mec ! Y a des limites.

Il range son matériel.

– J'me casse.

Honteux, Patrick essaie d'éviter le sportif dans les vestiaires. Il passe rapidement sous la douche, choisissant une individuelle, pour ne pas risquer d'autre incident. Il se rhabille et rentre rapidement chez lui.


Sa femme et ses enfants l'attendent pour manger.

– Tu t'es douché à la salle ?

– Oui, c'est finalement plus pratique, je gagne du temps.

Encore une habitude qui change. Si sa femme le remarque cela ne veut pas dire qu'elle se pose beaucoup plus de questions. Effectivement, c'est mieux de se doucher à la salle, il perd moins de temps quand il rentre à la maison.

– Allez les enfants, on fait les devoirs et on va se coucher.

Patrick vide son sac de sport. Les affaires sales vont dans le panier à linge. Il stoppe son geste lorsqu'il a son boxer en main. Il est plein de transpiration et d'odeurs de toute une journée à laquelle s'ajoute la séance de sport. Il regarde derrière lui et discrètement l'emballe dans un sachet plastique avant de le remettre dans son sac.


Le lendemain, il arrive au travail un peu plus tôt. Il n'y a encore personne. Les mains tremblantes, il sort une enveloppe à bulles. Il y inscrit l'adresse de Luc. Il la retourne puis s'arrête, il ne va quand même pas mettre l'adresse de l'expéditeur, ce serait stupide. Fébrilement, il glisse le boxer dans l'enveloppe et la scelle rapidement. Il colle un timbre et remet le tout dans son sac. À la pause de midi, il passe à La Poste la plus proche. Il hésite un instant mais finalement glisse l'enveloppe dans la boîte aux lettres. Immédiatement, il regrette. Ce geste pourrait lui coûter cher. Et si les parents de Luc tombaient sur le courrier ? Il n'ose même pas imaginer l'ampleur du scandale. Il n'arrivera plus à se calmer ou à penser à autre chose jusqu'à ce que Luc confirme qu'il a bien réceptionné le petit colis et que personne ne l'a intercepté avant lui...

Sa vraie natureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant