Patrick n'arrive plus à contrôler ses émotions. Il passe de la mélancolie au bonheur en une fraction de seconde. Et tout cela dépend entièrement de Damien. Lorsqu'une réponse à un SMS met plus de dix minutes à arriver, Patrick se sent mal, triste, il commence à se dire que tout est terminé. Quand le SMS arrive, son corps se détend entièrement, son cœur bat plus vite. Les sentiments éprouvés sont évidemment bien plus intenses ce week-end, alors que Damien est à Paris. Patrick n'a pas dormi de la nuit, pensant à cet homme seul dans sa chambre d'hôtel. Et surtout, en imaginant ce qu'il pourrait faire s'il était libre, frustré de ne pas pouvoir en profiter. Ce matin, c'est à nouveau la plus grande joie qui l'envahit, puisqu'il rejoint Damien.
Lorsqu'il entre dans la chambre, il se précipite sur lui et l'embrasse fougueusement. Damien n'est pas mécontent qu'enfin son partenaire prenne des initiatives.
– On va courir, ou...
Damien allonge Patrick sur le lit, ils vont commencer la journée en faisant l'amour. Ils ne peuvent pas résister, chacun a envie du corps de l'autre. Et il faut évidemment profiter de chaque moment à deux pour assouvir tous ces désirs qui montent durant la séparation.
– Punaise, des vraies bêtes.
– Je voudrais profiter de toi toute la journée.
Patrick ne dit rien. Ensemble, ils vont au parc pour faire un footing. Ils sont loin d'être seuls, le dimanche matin beaucoup viennent se défouler dans ce morceau de nature au cœur de la ville.
– On retourne à l'hôtel ?
– Mon petit Patrick, si tu passes plus de trois heures dehors pour un simple footing, ta femme va définitivement se douter de quelque chose.
– Mais je voulais...
– Viens.
Les deux hommes entrent dans les toilettes publiques et s'y enferment. Rapidement, Damien baisse le short de Patrick et lui donne le plus grand des plaisirs.
– Envoie tout dans ma bouche.
Patrick se retient de crier, cet instant est tellement bon !
Mais il faut malheureusement revenir à la réalité. Alors, les deux hommes repartent chacun de leur côté. Juste le temps de se doucher et de se changer, pour se retrouver au restaurant, mais cette fois-ci en compagnie de la femme de Patrick et de ses enfants. Les discussions sont assez banales, il est de plus en plus dur de jouer la comédie. Il est surtout difficile pour Patrick de ne pas dévorer Damien des yeux. Il doit rester discret, c'est une véritable torture. La situation est plus détendue lorsqu'ils visitent le Louvre, au moins il y a des distractions.
– Désolé, je dois faire une pause... sanitaire.
– Je t'accompagne.
– Moi aussi je dois aller aux toilettes, papa !
Bien sûr, les deux hommes pensaient pouvoir profiter d'un instant tous les deux. Juste pour s'embrasser, ils n'auraient pas eu le temps de faire plus. Mais Patrick ne peut pas interdire à son fils de les suivre, il n'y a pas de bonne raison à invoquer pour justifier un tel comportement. Alors, ils devront se contenter d'utiliser les urinoirs et leur seul petit plaisir sera de se mater mutuellement.
Après la visite, ils font un dernier arrêt dans un café.
– J'ai passé un très agréable week-end, je vous remercie.
– C'était un plaisir de vous recevoir.
– Vous pourriez venir passer des vacances à Nice, c'est à mon tour de vous faire visiter ma ville.
– Excellente idée !
La femme de Patrick et les enfants sont immédiatement partants. À la base, c'est une bonne idée, mais Patrick se demande déjà comment il va pouvoir se débrouiller pour se retrouver seul avec Damien si toute sa famille est là. Petite famille qui insiste pour venir à la gare voir le collègue partir. Ils n'auront donc pas pu s'embrasser une dernière fois avant une nouvelle séparation.
– Ce Damien est vraiment très gentil.
– Oui, il a beaucoup apprécié ce petit séjour.
– Il faudra réserver les billets pour aller à Nice, il y a longtemps que nous n'avons pas pris de vacances.
– On fait ça en rentrant.
Patrick est totalement absent. Voilà qu'à nouveau une forme de mélancolie l'envahit, il est triste de ne plus pouvoir voir Damien et il faudra attendre des semaines avant de le retrouver. En plus, ce ne sera pas dans de bonnes conditions puisqu'il sera accompagné par sa famille. Il voudrait tout avouer à sa femme, enfin se libérer, prendre le prochain train pour Nice et rejoindre celui qu'il aime. Parce qu'il l'aime, il en est certain. Pourtant, il ne fera rien. Il a trop peur, de briser sa petite vie, de faire du mal à sa femme. Peut-être que s'il n'y avait pas les enfants les choses seraient plus simples. Rien n'est moins sûr...
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Sa vraie nature
Non-FictionPatrick fête ses 40 ans. Il est temps qu'il assume sa vraie nature...