23.09 : Alexandre
Après avoir réglé notre consommation, Gabriel et moi nous sommes rendus à la BU de Lyon 3, où il devait rejoindre Maléfique. Maléfique, c'était le surnom que je donnais à Ada Maulnier la meilleure amie de mon meilleur ami, et quelqu'un pour qui je nourrissais une aversion réciproque.
Tous les trois, nous nous connaissions depuis le collège, mais je refusais de la voir comme une amie proche. J'étais certain que si j'étais aux portes de la mort, elle ne bougerait pas le petit doigt.
J'abandonnai mon ami une fois le monstre arrivé et entrepris de trouver la sortie. Je ne connaissais pas cette faculté, je ne m'y rendais jamais. Le campus était immense et j'errai dans les couloirs au hasard, espérant qu'à chaque porte je découvrirais la sortie. Après plusieurs minutes, je décidai d'acheter quelque chose à grignoter et m'assis sur un banc dans la cour principale. Je jetai un coup d'œil à l'heure.
Je n'étais pas pressé de rentrer et il faisait un grand soleil, aussi décidai-je d'en profiter un peu. Alors que je prenais un bain de lumière, plusieurs éclats de voix me parvinrent, attirant mon attention. Je vis un groupe d'étudiants débouler depuis l'une des portes donnant sur la cour et immédiatement mon regard capta la présence d'Alice, dissimulée parmi eux.
Mon cœur bondit dans ma poitrine et je me levai, attendant qu'ils passent devant moi. Alice se tenait un peu à l'écart et parlait avec une grande brune. Je pris mon courage à deux mains et la rejoignit en trottinant.
— Alice ! » l'appelai-je avec un signe de main.
Elle tourna son regard surpris vers moi et se stoppa. Son air incrédule était adorable et j'arrivai vite devant elle.
— Euh... Alexandre, c'est ça ? » demanda-t-elle.
— Le seul et unique ! répondis-je. Je ne savais pas que tu étudiais ici ?
D'un autre côté, je ne savais rien d'elle, puisque je lui avais parlé cinq minutes. Au vu de son regard, elle menait les mêmes réflexions de son côté.
— Je suis en master 2 Droit de la famille, m'expliqua-t-elle après un instant d'hésitation.
— Tu le connais, 'lilice ? demanda son amie, qui me dévisageait sans gêne.
— Je... plus ou moins... bafouilla mon crush, l'air embêté.
— Elle est tombée dans mes bras l'autre jour, plaisantai-je.
— Dis pas n'importe quoi, grommela la jeune femme, m'arrachant un nouveau rire.
Le silence s'installa ensuite et après quelques secondes de malaise je tentai une nouvelle approche.
— Dis-moi, tu pourrais me montrer la sortie ? demandai-je à Alice. J'ai accompagné un pote mais je me suis perdu comme un bleu.
Je vis dans son regard qu'elle aimerait probablement échapper à la situation, sans savoir comment. Sa copine pourtant choisit pour elle. D'un coup de coude elle l'incita à avancer.
— Va lui montrer, Alice ! Moi je dois bosser à la BU. A demain !
Et sur ces mots elle tourna les talons, nous laissant seuls. Je lui offris une prière silencieuse et me tournai vers Alice.
— On y va ?
Elle m'adressa un petit sourire et prit les devants. A mon grand regret, la sortie était en fait juste à côté, et très vite nous nous retrouvâmes sur le trottoir. Je mordillai ma lèvre, à la recherche d'un moyen de prolonger ce moment. Et puis, après réflexion, je me rendis compte que c'était peut-être l'honnêteté qui était la meilleure option, alors je pris mon courage à deux mains.
— Excuse-moi, je sais qu'on s'est simplement croisés une fois mais... tu me plais, lui avouai-je. Est-ce que ça te dirait, je sais pas, d'échanger nos contacts pour aller prendre un verre ? Je te promets que je suis pas un lourdingue, si ça te dérange je te laisse tranquille et je...
— Pourquoi pas, m'interrompit-elle.
Je pris une grande inspiration et étudiait ses traits. Elle semblait détendue, bien moins embarrassée que plus tôt. Je tendis la main et elle déverrouilla son téléphone pour que je puisse y rentrer mon numéro. Une fois que nous eûmes échangés, je lui dis à bientôt et m'éloignai pour de bon cette fois. Sa petite silhouette me fit signe puis elle disparut de ma vue. Je décidai de prendre le bus pour rentrer chez moi, parce que j'habitais trop loin de la fac pour pouvoir rentrer à pied. En rentrant chez moi, je ne pus masquer mon sourire et la joie naïve qui ne voulait pas me quitter. Je n'étais pas un grand dragueur. En fait, je n'avais eu qu'une seule copine. Pour une fois, j'avais décidé de me laisser aller à mes envies, et obtenir le numéro d'une fille qui me plaisait était une grande première. J'espérais simplement que cette première ne demeurerait pas la dernière.
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Grandiose
General FictionUn jour ou l'autre, nous avons tous vingt ans. Vingt ans. C'est l'âge où l'on ne peut plus prétendre à l'enfance, même si l'on en crève d'envie. C'est l'âge où tout semble plus simple, et où pourtant tout est plus compliqué. Vingt ans c'est l'âge d...