Chapitre 15 - Edgar

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La jambe de Madeline en travers des miennes m'avait empêché de bouger pendant une bonne partie de la nuit, mais à vrai dire, je m'en foutais. J'avais enfin l'impression d'avoir retrouvé mon souffle. Le fait de lui avoir presque tout déballé hier soir m'avait libéré. J'avais dit le plus gros, bien entendu, mais je voulais passer ma vie à lui parler maintenant. J'étais vraiment prêt pour elle, et j'espérais que ce serait aussi son cas.

Mais il fallait avouer que cette Madeline déprimée et malheureuse me rendait triste. Je l'avais observée un moment dans la nuit. Sa petite bouche qui s'ouvrait et se fermait à chaque inspiration et expiration, ses petits bruitages de langue lorsque ses lèvres s'asséchaient... Ses yeux mi-clos quand elle dormait. Tout m'avait manqué. La voir à côté de moi, dormir si paisiblement, me procurait une énorme sensation de bien-être. Comme si, la nuit, tous ses soucis s'envolaient, la laissant divaguer librement aux pays des rêves. Je ne pouvais plus mentir. Plus mentir aux autres, ni à moi-même : j'avais besoin d'elle.

Je ressassais sans cesse notre conversation. Allait-elle me pardonner ? Allait-elle vite passer l'éponge pour qu'on puisse réessayer ?

J'avais eu du mal à dormir cette nuit. C'était sûrement dû à cette proximité incongrue avec cet être tant désiré.

Je me réveillai quelques heures plus tard, seul dans le lit. La lumière du jour traversait les volets fendus. L'odeur du café et quelques voix dans la cuisine m'avaient fait sortir de mon sommeil.

Elisa et Madeline était en vive discussion autour de deux tasses fumantes lorsque j'apparus à leurs côtés.

— C'est quand même pas croyable ! J'ai tellement envie de la buter, là maintenant, scandait Elisa.

Pour toute réponse Madeline baissa les yeux en rougissant. Surtout quand elle me vit entrer dans la pièce, simplement vêtu d'un caleçon.

— Bonjour, lançais-je encore à moitié endormi tandis que je me dirigeai vers la cafetière.

Elles me saluèrent rapidement, mais Elisa continua à pester dans son coin. Madeline, elle, m'observait curieusement de l'autre côté de la pièce. Je lui souris timidement puis m'installai en face d'elle.

— Julia, j'en fais mon affaire, lâchais-je, sans crier gare.

— Tu ne vas rien faire du tout Edgar. Je ne veux pas empirer les choses.

— Tu rigoles ? Elle mérite de s'étouffer dans son vomi cette connasse ! s'écria Elisa.

— J'ai juste plus envie d'y penser, s'il vous plait. J'en ai marre d'être un aimant à... emmerde.

Je baissai les yeux, honteux d'être « une emmerde » à ses yeux. Cette pique, bien que bien placée, était méritée.

— Tu as raison, parlons d'autres choses ! m'écriais-je. Je vais rentrer chez moi aujourd'hui.

— T'es sûr ? Franchement, tu peux encore rester un peu ici, Edgar. Théo revit depuis que tu es revenu !

— C'est gentil, Elisa, mais il est temps pour moi de rentrer.

J'avais eu cette révélation cette nuit. M'étant débarrassé d'un gros plein sur le cœur, je me sentais maintenant prêt à retourner chez moi et retrouver ma mère.

— Je... je t'accompagnerais si tu veux, se hasarda Madeline.

— Ouais ! Euh oui, bien sûr, c'est gentil.

Elisa pouffa discrètement dans ses manches avant de s'éclipser dans le salon.

— Je vais prendre une douche, à plus tard ! lança-t-elle en nous laissant à deux.

To Hell 🔥 - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant