To Hell 🔥 - Tome 2

Chapitre 25 - Edgar

« Le rendez-vous des amis » nous avait paru être la meilleure alternative après notre entretien florissant. J'avais vite déchanté en voyant Julia derrière le comptoir, en train de préparer plusieurs cafés. J'avais bien tenté de nous diriger vers un autre endroit, mais je n'avais pas fait le poids. Tu parles d'un leader ! Théo avait beau avoir pris mon parti, les dés étaient déjà lancés et David et Matt, déjà attablés. Tant pis, je dirais à Madeline de me rejoindre plus tard. Il était hors de question qu'elle se fasse des idées ou autre.

Je m'assis à contre cœur avec mes acolytes tandis que Julia se dirigeait vers nous, son carnet de commande à la main.

— Salut les gars, Edgar, Qu'est-ce que je vous sers ? nous demanda-t-elle en insistant sur mon prénom.

— Personne d'autre ne peut nous servir ici ? lui demandais-je.

— Non. C'est moi qui gère ce côté de la terrasse. Après tu peux aller voir ailleurs, si ça te chante, me répondit-elle du tac au tac.

J'avais oublié à quelle point cette fille avait du mordant. C'est ce que j'avais aimé à l'époque.

Je fermais ma gueule à contre cœur, j'étais bien trop euphorique pour me prendre la tête avec Julia.

Je repensais à notre entretien de cet après-midi et ne pouvais m'empêcher d'esquisser un sourire. Ça n'avait pas été facile mais on touchait notre but du bout des doigts.

Un album. Carrément.

Romy, l'assistante de production, nous avait adoré. C'était ses mots. Je m'attendais au mieux à la sortie d'un single mais elle avait prononcé le mot Album. Je n'y avais pas cru au début, mais force était de constater qu'elle n'était pas là pour rire.

— Hey, mec. On l'a fait !

Théo me poussa légèrement l'épaule en me souriant de toutes ses dents.

— J'en reviens toujours pas, les gars, annonçais-je alors.

Je regardais mes amis, mes frères, à tour de rôle. Ils avaient tous ce sourire béat affiché en plein milieu de leur visage. Comme moi.

La musique c'était toute ma vie, mais c'était toute leur vie aussi. Cette passion qu'on partageait, on la partageait ensemble. Sur scène, c'était nous quatre, contre le reste du monde. Avec Théo, on avait un feeling comme j'en avais rarement eu avant. Il y avait Mick et Keith, il y avait Paul et John, Ray et Dave, et maintenant il y aura Théo et Edgar. C'était peut-être prétentieux de ma part de nous comparer à nos idoles mais il fallait voir grand pour croire en nos rêves.

Cette vie je la voulais, ce projet j'allais le mener en long, en large et en travers, avec mes frères.

Je me revoyais encore dans cet énorme bureau immaculé. Une bibliothèque, remplie de vinyles, Cds et livres, recouvrait tout un pan de mur. Je ne comptais plus les victoires de la musique accrochées en enfilades dans les couloirs, les disques d'or et de platines derrière Romy, ni les statuettes dorées dans un meuble vitré fermé à clés.

Par une épaisse vitre sur le côté, on pouvait voir le studio d'enregistrement. Majestueux. Parquet au sol, épais tapis berbères étalés dessus et matos à faire pâlir les Beatles. Je nous y voyait déjà derrière, à enregistrer notre premier morceau.

— J'ai écouté les démos que vous m'avez envoyé. Je dois vous dire que j'ai adoré. Ça faisait longtemps qu'un groupe ne m'avait pas transporté comme vous l'avez fait, nous avait dit Romy.

— Donc le Rock'n roll n'est pas mort ? lui avais-je répondu, une pointe d'ironie dans la voix.

— Il n'est pas mort, il est en suspens. Il n'attend qu'à être réveillé d'un long coma. Et ça, c'est mon travail. Avec vous, si vous le voulez bien, avait-elle ajouté.