Chapitre 41 - Madeline

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Le temps passait plus vite à deux. La semaine avait filé, emportée par le doux vent de la fin d'été. La fin des vacances, la fin de la rigolade, mais le début d'une nouvelle ère.

Le weekend de mon anniversaire ne quittait jamais mon esprit. J'aimais me remémorer cette soirée, où tous les gens à qui je tenais s'étaient rassemblés pour moi. J'adorais me rappeler la terrible nuit qu'on avait passé avec Edgar dans ma chambre d'enfant, où j'avais fini par dormir moi-même sur le matelas. Tant de souvenirs que je voulais ancrer dans mon cerveau pour ne jamais les laisser partir.

Le lendemain avait été parfait aussi. Nous avions loué une barque pour visiter les Hortillonnages, de somptueux jardins sur l'eau au cœur de ma ville natale, pour finir par pique-niquer dans un parc à côté.

Je chérissais tant ces moments avec mes amis. Si on m'avait dit qu'il allait se passer toutes ces choses dans ma vie cette année, j'en aurais ri.


Je ne pouvais dire si Edgar était l'homme de ma vie. Comment pouvais-je le savoir, d'ailleurs ? Je n'avais que dix-neuf ans...

Tout ce que je savais, c'était qu'à l'instant T, ce terrible moment où le futur n'appartenait qu'à nous, il était là.

Dans mes pensées, mon cœur, mon corps. Je lui avais offert mon âme, non comme une damnée, plutôt comme une bienheureuse, prête à me lancer dans la grande aventure de la vie.

Edgar avait débarqué dans mon existence avec son lot de surprises, ses peines et avait tout chamboulé, pour tout reconstruire au fur et à mesure. Nous avions encore du chemin à faire pour trouver notre rythme, pour créer nos envies, mais aujourd'hui, j'étais sereine.


Hier, j'ai marié ma mère. Quelle drôle de sensation.

Ça m'avait beaucoup ému. La cérémonie avait été simple, à leur image, en petit comité.

Maman n'avait pas été tendre avec moi ces derniers temps, mais je ne lui avais pas rendu la tâche facile, il fallait dire...

La voir dans sa robe blanche, le rose aux joues et l'œil pétillant m'avait donné de l'espoir quant à l'avenir. Notre avenir. Et c'est ce que je lui avais laissé sous-entendre dans mon discours. Eh oui... Le fameux rôle du témoin, mais aussi de la fille qui était en train de grandir.

Les tensions avaient eu l'air de se calmer avec mon amoureux, et c'était finalement tout ce que je voulais. Je la laissais faire sa vie comme elle le souhaitait aux côtés de l'homme qu'elle aimait. C'était à elle de me laisser partir maintenant. De me laisser faire mes propres choix, mes propres erreurs aussi. Je savais que sa porte resterait toujours ouverte, pour m'entendre me plaindre, me réjouir, me voir triste ou heureuse. Parce que vivre sans une mère dans sa vie était inconcevable pour moi tant que celle-ci était encore de ce monde. Et je priai pour que Sandrine se remette sur pied pour pouvoir revenir auprès de son fils. C'était la seule famille qu'il lui restait après tout.

En attendant, il ne restait que nous deux, prêt à bâtir un semblant de vie sur une corde de moins en moins sensible. Edgar s'affairait à mes côtés à chercher un appartement plus grand pour qu'il y trouve sa place aussi. Un endroit neutre pour nous deux, afin de repartir sur des bases solides.

Tandis que moi, je finissais de rassembler mes affaires pour ma rentrée en deuxième année.


Eh oui, demain, j'allais reprendre le chemin de l'école.

— T'es prête ? me demanda Edgar en lâchant l'écran de son ordinateur pour me parler.

— Il faut bien..., lui répondis-je avec une moue dubitative.

To Hell 🔥 - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant