Chapitre 34 - Edgar

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La mer. J'avais oublié à quel point les odeurs d'embruns et la sensation du sable chaud sur les pieds pouvaient être agréable. La couleur de l'eau, d'un bleu grisé à force des marées, le contraste avec le doré du sable et le bleu clair du ciel, et ces étendus d'or jusqu'aux dunes, tout m'avait manqué.

Je me revoyais encore jouer dans ces dernières avec Alice et Jude. Ces petites têtes blondes parties si vite. Je repensais à mon père aussi, sur cette même plage, à chanter accompagné de sa guitare, face au soleil se couchant sur la baie.

Cette guitare qui ne me quittait plus non plus.

Je marchais à côté de ma mère dans un calme olympien. Ce weekend était bizarre pour nous deux, bourré de souvenirs pour moi, une vraie torture pour elle. Enfin c'est ce que je supposais. Elle n'était pas très bavarde aujourd'hui. Elle s'en était toujours voulu d'avoir dû travailler ce « fameux » weekend et de ne pas avoir pu nous accompagner. Je savais qu'elle aurait échangé sa place avec n'importe qui dans cette voiture si elle avait pu. Vivre était la pire des sentences pour elle, après avoir tout perdu. Enfin... Tout...

Je ne pouvais décemment pas blâmer sa tristesse infinie, je la comprenais et l'endurais moi aussi. Avoir Madeline avec moi aujourd'hui représentait un vrai tournant. Nous étions prêts à faire fît de cette histoire nous reliant, combattre ensemble les démons du passé et se tourner vers ce qu'il nous restait : Tout simplement le reste de notre vie. Je ne m'imaginais plus un seul instant sans elle.

Bon, même si cette dernière faisait la gueule depuis tout à l'heure.

Je me retournais et la voyait se stopper sur les planches. A croire que la personne au téléphone avec elle venait de lui annoncer que la terre était finalement plate. Avait-elle perdu notre trace ? Je lui fis signe quand elle tourna la tête dans ma direction puis croisa les bras soucieux.

J'en vins à croire que ma mère lui avait dit un truc désagréable pendant mon absence à table tout à l'heure.

Celle-ci pouvait être imbuvable par moment, elle n'avait plus aucun filtre depuis qu'elle était seule et triste, et ça pouvait poser problème quelques fois. Je n'aurais peut-être pas dû les laisser seules, finalement.

Lorsqu'elle fut à mon niveau et qu'elle se déshabilla presque instantanément (en maillot de bain, s'entend), j'eu du mal à contenir mon excitation. J'adorais la regarder, je la préférais nue, mais ce n'était pas le lieu, ni le moment. Elle semblait plus détendue, certes, mais j'avais besoin de mettre les points sur les « i ».

Je l'attrapai comme un sac de farine sous ses cris pré-pubères et l'emmenais sans mal vers la mer. Un petit tour dans l'eau à vingt degrés lui ferai du bien.

— Toi et moi, il faut qu'on parle, lui lançais-je au passage.

— Parler... de... Quoi ? réussi-t-elle à sortir entre trois balancements.

— De toi pardi ! De quoi d'autre voudrais tu qu'on parle ! m'amusais-je.

— C'est vraiment ... pas drôle... Tu sais bien... qu'Elisa...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase que je la lâchais au creux d'une vague. Elle ressortit deux secondes plus tard, les yeux fermés et trempée de la tête aux pieds.

— La vache, elle est glacée ! m'annonça-t-elle.

— N'importe quoi ! lui répondis-je en plongeant dans la suivante.

Nager sous l'eau me faisait tout oublier, j'aimais ce silence incroyable sous la surface de la mer. Comment avais-je pu me passer si longtemps de ces sensations ?

To Hell 🔥 - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant