Chapitre 2

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Samedi 26 janvier 2019

Je courrai tellement vite qu'Elisa peinait à me rejoindre, avec ses talons et la boite à gâteaux en fer rouge que nous venions de trouver dans la chambre d'Edgar. Ma gorge me brulait à mesure que j'avançais dans la nuit fraiche. Il devait être minuit passé. Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner.

­— MADDY ! Attends-moi !

J'entendis Elisa au loin et finis par m'arrêter. Courbée, mains sur les genoux, cherchant un souffle entre dix larmes.


***

­

­— Tiens. C'est bien chaud fait attention.

Elisa me tendit une tasse fumante. L'odeur de verveine et de menthe ravivait mes sens. Nous étions rentrées chez moi et je venais de prendre une douche. J'étais à présent dans mon pyjama le plus rassurant. Celui en pilou-pilou que j'aimais tant. Elisa s'était mise à l'aise aussi avec des fringues amples que je venais de lui trouver dans ma penderie.

­—Merci, lui dis-je les yeux rougies et gonflés.

— Est-ce que... Je veux dire ... Tu peux me faire confiance Maddy.

— Tu veux savoir ce que tout ça veut dire ?

Elle hocha la tête embêtée.

— Je suis désolée. Tu dois me prendre pour une folle et ne rien comprendre à ce qu'il se passe.

— Non. Je veux juste que tu saches que tu peux me faire confiance.

Elle m'attrapa la main en exerçant une légère pression sur mes doigts.

— Quand j'avais six ans, mes parents ont eu un accident, j'étais à l'arrière quand une voiture arrivant en face nous a percuté pour finir dans le décor. On était sur une route de campagne, il n'y avait personne d'autre que nous. J'ai encore une cicatrice de ce moment, juste là.

Tandis que je lui montrais mon cou, Elisa m'écoutait patiemment.

— On pensait... Je pensais que toute la famille en face avait péri dans l'accident. Une famille Anglaise. La fam... La famille d'Edgar.

— C'est ce que j'avais cru comprendre. C'est à dormir debout cette histoire ! Je ne savais même pas qu'il avait eu deux sœurs.

Je recommençais à sangloter. C'était trop dur à avaler.

— Je suis si fatiguée. J'ai encore du mal à me dire que c'est possible.

— Je vais éteindre la lumière, tu vas dormir tranquillement ma belle. Je suis là pour toi.

C'est à ce moment-là que je compris qu'Elisa était vraiment ma meilleure amie. Elle ne me jugeait pas, moi ou ma famille. Et surtout elle était là. Je la remerciais en l'étreignant et me couchais.





— AHHHH ! Attention !

— Madeline ! Est-ce que ça va ma chérie ? Tu n'as rien ? Oh mon dieu, Léonard, appelle les pompiers !

Mon cou me faisait atrocement souffrir tandis que je regardais ma mère sortir de la voiture en courant.

Mon père était au téléphone avec les pompiers et expliquait ce qu'il venait de se passer. Une voiture avait foncé sur nous. Il était sorti de la voiture. J'étais seule et je pleurais. J'avais mal et très peur. Tellement peur que j'avais sursauté quand papa avait ouvert la portière pour me sortir de mon rehausseur. Je m'étais fait pipi dessus. Je pleurais aussi pour ça. On courrait vers la voiture retournée, dans le champ. Maman était déjà là-bas en train d'essayer d'ouvrir la porte. Papa m'avait posée par terre pour aller l'aider. Ils avaient réussi. J'avais arrêté de pleurer quand j'avais vu le garçon dans les bras de ma mère. Il avait la tête en sang. Sa petite main trainait dans le dos de maman. Les sirènes hurlaient au loin. J'essayais de crier à maman que les pompiers arrivaient. Je n'y arrivais pas. Aucun son ne sortait de ma bouche. Mon regard était rivé sur les enfants que maman et papa sortaient de la voiture.

To Hell 🔥 - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant