PARTIE 2 - Le pari. ( a )

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Parier le lit, mais qu'est-ce qui lui avait pris, bon sang ? Lisa n'avait pas la moindre idée de comment elle allait le jouer, et plus encore, de comment elle allait gagner ! Ils étaient à présent tous réunis autour de la table pour le déjeuner. Pour tout avouer, elle se sentait assez mal à l'aise de mentir à des gens aussi gentils.

Le père de Jake, Nigel, les avait rejoints. Il leur avait réservé le même accueil chaleureux que sa mère un peu plus tôt dans la matinée. Le contraste avec ce qui lui servait de père n'en était que plus flagrant. Nigel et son père avaient à peu près la même taille, mais Monsieur Andersen dégageait un charisme qui le rendait de suite sympathique tout en forgeant l'admiration.

Alors que celui qui était devenu son père adoptif glaçait les gens au premier regard. Il forçait le respect plus qu'il ne le gagnait, tant par sa froideur que par sa capacité à rabaisser son entourage, sa propre famille comprise.

— Dis-moi Lisa, comment va ton frère ? demanda madame Andersen avec un réel intérêt.

— Très bien, il a rencontré quelqu'un récemment.

— Oh ! C'est vrai ? dit madame Andersen avec grand enthousiasme. Je suis tellement heureuse pour lui ! J'espère qu'il nous la présentera bientôt ! Ton frère a passé tellement de temps à la maison que c'est un peu comme notre deuxième fils.

Lisa se renfrogna légèrement. Deux familles, alors qu'elle n'en avait plus qu'une seule, et encore. Désabusée, elle tritura le contenu de son assiette du bout de sa fourchette. Même si Ayden n'était pas son frère par le sang, elle l'avait toujours considéré comme tel. Il était sa famille.

Lisa était arrivée dans la famille d'Ayden quand elle avait cinq ans. Ses parents venaient de mourir dans un accident de la route. Robert Wide était en faite son oncle, mais soucieux de leur précieuse petite apparence elle était devenue leur fille. Tout ceci n'était qu'une gigantesque mascarade.

Ils n'avaient de famille que le nom. Pour les Wide tout n'était qu'une question de paraître. Ils jouaient donc tous à la parfaite petite famille deux-trois fois par an lors de galas de charité. Cela la faisait toujours vomir de voir sa « mère » donner son argent à coup de grand sourire, simulant un altruisme qu'elle était à des années-lumière de posséder. Ils vivaient argent, respiraient argent, s'ils le pouvaient ils emporteraient tout dans leurs tombes.

Lisa avait dès lors grandi dans un environnement de paillettes artificielles, mais où elle devait bien le reconnaître, elle n'avait jamais manqué de rien. De rien, à part de l'amour familial.

— La nourriture n'est pas à ton goût, Lisa ?

La voix douce de la mère de Jake la ramena sur terre.

— Pardon ?

— Je peux demander que l'on te cuisine quelque chose d'autre, si tu n'aimes pas, proposa la maîtresse de maison avec préoccupation.

— Non, non, c'est délicieux madame Andersen. Désolée, c'est juste que je n'ai pas trop d'appétit.

— Appelle-moi donc Joy. madame Andersen me donne l'impression d'être ma mère.

— Très bien, Joy.

Elle n'avait jamais vu quelqu'un qui portait aussi bien son prénom. Cette femme était la joie et l'énergie à l'état pur. Lisa aimait la manière désinvolte dont Joy attachait ses longs cheveux blonds. Sa tenue était de la meilleure des factures, mais Joy n'avait rien de l'aspect guindé de sa mère. Les petites rides autour de ses yeux trahissaient sa bonne humeur continuelle.

— J'ai croisé madame McGuire au marché, pourquoi ne nous as pas tu dis que tes parents étaient là ? renchéris Joy.

Madame McGuire, son seul pilier après qu'Ayden ait quitté la maison pour l'université. Addie McGuire était la gouvernante de la famille Wide depuis bien avant la naissance d'Ayden. Addie était l'amie, la mère et la grand-mère qu'elle aurait souhaité avoir.

Séduis-Moi [ Terminée ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant