03 - Jade

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29 août

Aéoport de Londres, peu après 7 h du matin.

Cela ne faisait qu'une petite heure que je m'étais endormie lorsque la voix du commandant de bord me rappela à l'ordre. Je n'arrivais pas à déterminer les mots exacts, mais en voyant mon voisin, je compris que c'était le moment tant attendu. Je rabattis ma tablette avant d'attacher ma ceinture, le cœur battant.

« Dans quelle aventure me suis-je encore embarquée ? » pensais-je avec angoisse.

Je tournai légèrement ma tête vers le hublot dont j'étais séparée par le voisin. Je n'aperçus pas grand-chose hormis un ciel déjà bien éclairé. J'aurais aimé apercevoir Londres de là où je suis, mais il me semblait malvenu de me pencher sur cette inconnue afin d'atteindre la fenêtre. Je laissais donc ma curiosité sur le côté, bien qu'un peu déçue de la place que j'occupais. Mon regard se fixa sur le siège en face du mien et je me concentrai ensuite sur ma respiration. Ce n'était que la deuxième fois que je me retrouvais dans les airs. La première fois, j'avais été malade et j'espérais ne pas réitérer le même résultat à l'atterrissage, d'où mon exercice d'inspiration et d'expiration. Ce n'était probablement pas très utile, mais je n'avais que ça sous la main en cet instant précis.

Lorsque je sentis que l'avion commençait à engager sa descente, je joignis instinctivement mes mains et fermai les yeux. Il était certain que si la situation avait tout autre, tel qu'un voyage en compagnie de ma cousine, je n'aurais pas été dans un tel état. Mais me voilà, au bord de la crise d'angoisse face à une nouvelle aventure qui me terrifiait plus que tout. À plus de cinq mille kilomètres de ma famille et de tous les gens que je connaissais sur cette terre. Quelle folie !

Je manquais de lâcher un petit cri lorsque les roues de l'avion touchèrent le tarmac de l'aéroport. L'avion avait beau être le moyen de locomotion le plus sûr de tous, j'avais beaucoup plus de mal à placer ma confiance en ce gros oiseau de métal qu'en la voiture, qui causait pourtant des milliers de morts chaque année. La logique n'était rien face à des peurs parfois irraisonnées ou, simplement, des émotions très diverses. Mon côté rationnel tentait, tant bien que mal, de calmer le reste de mon corps qui sous bien des aspects transpirait l'inquiétude à plein nez. Autant métaphoriquement que littéralement. Il faudra que je pense à retrouver mon déodorant lorsque j'aurai récupéré ma valise...

La voix du pilote envahit à nouveau la cabine. Après nous avoir parlé de la météo et souhaité un bon séjour en Angleterre, les stewards et hôtesses de l'air firent à nouveau leur apparition. Je devinai, en regardant mon voisin du coin de l'œil, que nous étions autorisés à détacher notre ceinture et nous lever. Pourtant, je restai assise, loin de moi l'envie d'être bousculée dans cet espace confiné. Si je devais être la dernière à descendre pour éviter ça, je n'hésiterais pas une seule seconde.

Ce fut d'ailleurs au grand dam du type à côté de moi que je restai inerte en regardant passer tous les passagers qui étaient installés derrière nous. Je lui adressai un sourire d'excuse avant d'enfin daigner me redresser et le laisser sortir, bloquant les quelques passagers qui restaient dans le fond de l'avion. Le monsieur était peut-être pressé, mais je n'étais pas suffisamment à l'aise pour jouer des bras et des coudes ou me trouver physiquement proche de personnes que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Ève.

Après avoir récupéré mon petit bagage, je sortis de l'avion et suivis avec attention les autres voyageurs. Les pictogrammes associés aux flèches pourraient suffire à m'indiquer le chemin à suivre, mais ma nervosité pourrait littéralement me faire perdre la tête et le bon cap.

Arrivée dans la bonne partie de l'aéroport, j'attendis près de vingt bonnes minutes avant de pouvoir récupérer mes deux valises. J'en profitai d'ailleurs pour désactiver le mode avion de mon téléphone et, une fois la connexion rétablie, d'envoyer un message à ma mère, mais aussi à ma meilleure amie et ma cousine. Il était environ une heure du matin chez elles. Si j'étais sûre que les deux dernières étaient en train de dormir, c'était beaucoup moins certain pour maman qui, comme moi, devait être envahie par le stress. Je serai incapable de dormir si je savais ma fille à l'autre bout du monde, seule, pour la première fois et pour une très longue période.

La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant