06 - Alexandre

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Lundi 30 septembre

Oxford

Alexandre

L'après-midi avait été très longue. Trop longue. La chaleur étouffante de ce début de semaine n'avait pas arrangé cette impression de lourdeur et de lenteur. J'avais eu du mal à me concentrer sur les premiers cours de cette nouvelle et dernière année universitaire. De plus, je ne m'étais pas levé du bon pied. Sans aucune raison apparente, j'avais démarré la journée avec de la mauvaise humeur et un manque d'envie considérable pour les heures qui m'attendaient. Je n'avais pas envie d'être assis dans ces auditoriums, surtout quand le soleil me tapait le visage. Malgré la température, je me serais bien vu en train de courir dans un des parcs à proximité.

Lorsque je sortis de mon dernier cours, cette idée m'avait pourtant quitté. Je peinai à avancer, mes yeux aveuglés par le soleil et mes muscles me faisant un mal de chien. Je m'arrêtai dans une supérette sur le chemin afin d'acheter une bouteille d'eau fraîche, que je vidai en quelques secondes. Je ne voulais pas risquer un coup de chaleur ou un évanouissement. Je voyais déjà les gros titres dans les magazines.

Ah. La presse à scandale ! Elles étaient devenues une part intégrante de ma vie et je ne pouvais m'empêcher de penser à ce qu'untel pourrait dire si je faisais telle ou telle activité. Il n'y avait pas une journée où je ne pensais pas à mes actes et à la possibilité que ça atterrît sur Internet ou dans leur version papier. C'était une pression, même si j'étais loin du palais et des événements publics.

J'arrivai enfin dans ma chambre d'étudiant, exténué comme si je venais de faire deux heures de sports intensifs. Je laissai tomber mon sac, allumai le ventilateur et me fis tomber sur le lit sans arriver à ôter le moindre vêtement, pas même mes chaussures. Je ne le remarquai d'ailleurs pas, car je m'assoupis sans en avoir eu l'intention.

Je fus réveillé par des coups intempestifs à la porte de la chambre et une voix familière qui répétait sans cesse mon prénom. Je maugréai avant de daigner me lever et d'ouvrir la porte.

— Si tu veux te faire remarquer, c'est sûrement réussi, Charlie.

— Tu sais pourtant que je déteste passer inaperçu. T'as vraiment une sale mine, tu le sais ça ?

— T'as vraiment aucun tact, tu le sais ça ? lui renvoyai-je.

— Ah, c'est pour ça que je suis ton ami, non ?

J'approuvai d'un signe de la tête avant de faire entrer mon ami dans la chambre. C'était probablement le trait de sa personnalité que j'appréciais plus. C'était ce dont j'avais besoin, vu le nombre de personnes qui avaient déjà tenté de m'approcher par pur intérêt. Certains avaient réussi, mais notre relation n'avait pas duré très longtemps. Je finissais toujours par repérer les opportunistes, assez vite à mon plus grand bonheur. Charlie m'avait d'ailleurs aidé à cerner plusieurs d'entre eux.

— Alors, cette première journée ? m'interrogea-t-il.

Charlie prit ses aises et s'installa sur mon lit. Je m'affalai sur la chaise du bureau en soupirant.

— Absolument éreintant. Je crois bien n'avoir rien retenu d'aucun de mes cours aujourd'hui. Et de ton côté ?

— Bah, hormis la chaleur, c'était une journée plutôt normale. On a eu droit au blabla habituel des profs en début d'année et je me suis amusé à repérer les étudiants étrangers dans mes cours.

— Et ça donne quoi cette année ?

— Deux Américains, une Coréenne et deux Français. Ces derniers sont vite reconnaisables avec leur accent, dit-il sur le ton de la plaisanterie. J'ai pu parler aux trois premiers. Tu me connais, si je peux aider, je le fais !

La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant