La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021

21 - Jade

23 novembre

Oxford

Jade

Je n'étais vraiment pas une grande connaisseuse de la cuisine indienne, j'avais donc laissé Alexandre choisir mon plat. En quelque sorte, on pouvait assimiler cela à un premier test. Je savais que c'était un peu bête, comment pouvait-il savoir ce qui pouvait me plaire ? Même en prenant le plat le moins épicé sur la carte, il n'avait aucune assurance que mon palais s'en ravît.

— Et pourquoi l'Angleterre ? m'interrogea-t-il.

Alexandre était curieux. Très curieux, mais ça n'était pas pour me déplaire. Au contraire ! J'étais si stressée que je n'arrivais pas à mettre de l'ordre dans mes pensées. Alors, qu'Alexandre me posa des questions était plutôt rassurant. Au fil des minutes, je commençais réellement à me détendre. Je pensais moins à ce qu'il me faisait ressentir et à mes doutes, et plus aux réponses que je lui donnais et à l'appréciation du moment. Et puis, c'était agréable de sentir que quelqu'un était vraiment intéressé par ce qu'on disait, qu'il écoutait sincèrement. Il buvait presque mes paroles. Dans d'autres circonstances, j'aurais pu trouver ça gênant. Mais pas ici.

Parce que j'étais dans une bulle.

— Je vais finir par donner une mauvaise image de moi avec les réponses que je te donne, avoué-je mi ennuyé mi amusée. En premier, je t'annonce que je ne connaissais même pas le sexe ni le nom du monarque et maintenant je vais t'apprendre que j'ai choisi l'Angleterre par facilité. Enfin, pas que pour ça, évidemment. Oxford est l'une des meilleures universités du monde et je me sens très chanceuse d'être ici, c'est le...

— Hey, me coupa-t-il presque hilare. Tu n'es pas à un entretien d'embauche, pas besoin de sortir une liste de compliments. Reprends ton souffle. Il n'y a vraiment aucune honte à avoir choisi un pays qui partage la même langue nationale. C'est déjà un stress d'arriver dans un territoire inconnu, sans personne. C'est comme si tu recommençais tout à zéro, alors je comprends ton choix. Autant s'éviter du stress supplémentaire, n'est-ce pas ?

J'approuvai d'un signe de tête. J'étais agréablement surprise par l'attention qu'il me portait. Par cette facilité que l'on avait à discuter tous les deux.

C'était comme s'il me comprenait avant même que je n'eus à prononcer le moindre mot. C'était aussi un peu déroutant, je n'avais jamais eu un tel feeling avec un homme auparavant. Pour mon cœur, c'était un soulagement. Il n'avait pas inventé cet intérêt, c'était bien réel. Mon cerveau, lui, était déçu. Il aurait voulu que cela se passât mal, me voir prendre mes jambes à mon cou l'aurait rendu heureux. Malheureusement pour lui, j'étais persuadée que je n'allais pas décoller de cette chaise avant un bon moment.

— Et toi alors ? Si tu avais eu la possibilité de faire une partie de tes études dans un autre pays, où aurais-tu été ?

— Eh bien, j'aurais probablement choisi la France ou l'Italie, surtout pour la proximité.

— Pas par peur de langue ?

— Pas vraiment, répondit-il d'un ton nonchalant, vu que je parle couramment le français et l'italien.

— Ah ! m'exclamai-je avec surprise. Tu as d'autres talents à me faire découvrir ?

— Si je te dis tout maintenant, quel est l'intérêt ?

Alexandre avait un sourire un coin et semblait prêt à garder ses informations pour lui. Je déposai mes coudes sur la table puis mis ma tête sur mes mains avant de le regarder de l'air le plus adorable possible.