33 - Jade

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(On vient de me faire remarquer que j'avais publié le chapitre 34 avant le 33. Je suis désolée 😭)

Mardi 10 décembre

Oxford

Jade

— Tu me manques, maman.

Je n'avais jamais eu de difficultés à exprimer mes émotions, tout du moins aux autres femmes de mon entourage. Je disais souvent « je t'aime » à maman, peut-être trop souvent d'ailleurs. Je lui exprimai avec facilité ce que je ressentais, ce que je désirais, ce qui m'effrayait. Mais dire ces mots m'avait demandé une force sans précédent. Parce que, cette fois, maman n'était pas là pour me prendre dans ses bras et passer sa main dans mes cheveux. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, il manquait le contact physique qui comptait beaucoup pour moi dans mes relations. J'avais besoin de toucher mon interlocuteur, d'être enlacée, encore et encore. Cela faisait partie des raisons qui faisaient que j'avais du mal à ne pas être physiquement proche d'Alexandre. Ça, mais aussi parce que j'avais peur d'aller trop vite, peur de franchir le pas, peur de rendre ça plus compliqué. Quelle naïve je faisais. Tout était devenu compliqué à la minute où j'avais parlé à Charlie, le samedi où Alex était chez sa grand-mère à la suite de son infarctus. Tout avait basculé à cet instant précis et rien de ce que je pourrais faire ne changerait l'issue.

— Toi aussi tu me manques, ma chérie. La maison est incroyablement vide depuis que tu es partie... Je pense me prendre un chien d'ailleurs. J'y songe depuis plusieurs mois déjà, et je pense passer le cap.

— C'est vraiment une excellente idée maman. J'ai toujours pensé que ça manquait de bêtes à quatre pattes à la maison.

— Oui, je me souviens que tu me tannais pour en avoir un lorsque tu étais plus petite. J'ignore beaucoup j'ai dit non à cette époque.

— Je crois me souvenir que je faisais suffisamment de dégâts et que c'était pour ça que tu ne voulais pas qu'un autre monstre vienne mettre le foutoir dans ta maison parfaitement récurée.

— Heureusement, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. Oui, je vais vraiment le faire. Je passerai au refuge dans la semaine. Et sinon qu'est-ce que tu racontes de beau ? Comment va ton magnifique anglais ? Et là, j'ai bien le droit de le dire, parce qu'il est vraiment bel homme sur la photo que tu m'as envoyée. Comment ça se passe entre vous ?

— Eh bien ça va.

— Seulement « ça va » ? Est-ce qu'il s'est passé quelque chose, Jade ?

— Juste mes éternels peurs et doutes concernant ce type de relation, maman, soufflai-je avec un pincement au cœur. Je m'étais interdit d'en avoir, mais c'était plus fort que moi. C'était vraiment plus fort que moi, maman. Je n'arrive pas à mettre ce que je ressens de côté quand je suis avec lui, c'est comme si on était deux aimants et qu'il nous était impossible de rester loin l'un de l'autre.

— En d'autres termes, tu es amoureuse de ce garçon.

— J'en sais rien maman, c'est trop tôt pour le dire.

Du haut de mes vingt-trois ans, j'avais encore du mal à savoir ce que signifiait « être amoureuse ». Je ne savais pas si je l'avais expérimenté auparavant ou si j'étais en train de le vivre. Tout ce que je pouvais expliquer, c'est qu'une tonne d'émotions positives m'envahissaient et me réchauffaient, mettant parfois en veille mon cerveau et ma raison. Oui, j'étais heureuse, mais était-ce réel ou la magie des premiers rendez-vous allait-elle finir par se dissiper et me réveiller ? Pour moi, l'amour devait perdurer et ces quelques semaines étaient loin d'être suffisantes pour me permettre d'approuver les propos de maman.

La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant