Dimanche 8 décembre
Oxford
Jade
Cette fois-ci, Alex n'avait pas de dîner familial de prévu le jour du Seigneur. Mais comme la nuit avait été particulièrement froide, nous n'étions pas restés plus longtemps ensemble après notre dîner hebdomadaire au restaurant indien du coin. Notre restaurant, en quelque sorte. Tous deux dépités de devoir nous quitter, c'est avant de devoir se lâcher qu'Alex m'avait proposé de passer la journée du dimanche avec lui, histoire de se voir tout en révisant. J'avais accepté avec joie, le quittant une nouvelle fois avec baiser sur la joue. Mais maintenant que j'étais sur le point de quitter ma chambre pour rejoindre la sienne, j'étais un peu anxieuse. Il avait découvert son antre, c'était à mon tour de faire de même. Ce n'était pas d'apprendre à le connaître un peu plus qui m'angoissait, c'était de lui résister, de résister à mes pulsions. Je ne voulais pas trop lui donner, tout en voulant le faire. Comme depuis le début de cette relation, et même avant qu'elle ne démarrât, j'étais toujours en pleine contradiction. Une pensée rationnelle qui se bataillait avec une envie du cœur. Voilà une phrase qui pourrait résumer toute ma vie.
J'attrapai mon ordinateur portable et le fis glisser dans mon sac. Une fois bien emmaillotée dans mon épais manteau, ma longue écharpe et mes gants, je l'attrapai avant de sortir de la chambre et de fermer derrière moi. Une quinzaine de minutes plus tard, je retrouvai la chaleur des immeubles après avoir traversé le vent glacial qui avait bien malmené mon visage. Je suivis ensuite les instructions d'Alex et toquai à sa porte peu avant treize heures.
Lorsque celui apparut sur le pas de sa porte, j'oubliai les températures en dessous de zéro. Alex et son sourire avaient le don de me réchauffer le cœur... Tout du moins, juste Alex pour le coup, car il y avait plus d'inquiétude dans les traits de son visage que de joie.
— Mon dieu, s'exclama-t-il, on dirait que tu as traversé la tempête. Je n'ai pas remarqué qu'il faisait si froid dehors.
— Ouais, ben d'ailleurs, la prochaine fois c'est toi qui traverseras Oxford. Est-ce que je t'avais dit que j'étais frileuse de nature ?
— Je suis vraiment désolé... Entre, il fait meilleur dans la chambre.
Je n'attendis pas une seconde de plus pour accepter sa proposition, les joues subitement en feu. Je commençais à étouffer dans cette tenue digne d'un voyage dans les contrées glacées et qui me donnait presque une sensation de compression au niveau des bras et de la poitrine. Je me sentis immédiatement plus légère et moins oppressée une fois que je m'étais débarrassée de tout mon attirail.
— J'ai l'impression d'avoir perdu dix kilos, plaisantai-je.
— Tu ressemblais à un nounours tout mignon qu'on voudrait sans cesse enlacer.
— Oh ? Parce que là, maintenant, sans ma doudoune, tu ne veux plus m'enlacer ?
— Bien sûr que si.
Il avait murmuré ces mots avec une certaine timidité. C'était un peu comme s'il ne se sentait pas suffisamment à l'aise pour les exprimer. Pour exprimer ses désirs et ses envies. Était-il aussi pudique que moi sur qui l'animait ? Sur ce qui nous animait, devrais-je dire. Pourquoi avions-nous autant de difficultés à accepter toutes ces émotions ?
Je m'arrêtai là dans mes élucubrations. Peut-être que ce j'exprimais à travers ce que je voyais d'Alexandre, n'était qu'une projection de ce que j'étais moi. Oui bien nous étions tous deux pareils, terrifiés par cette relation, par cet avenir flou, par...
Mon champ de vision s'obstrua et je remarquai qu'une masse se tenait là, qu'à trois ou quatre centimètres de mon visage. Je relevai le visage, chassant mes pensées au loin et m'ancrant dans le moment présent, le cœur tel un guide.
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La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021
RomanceAlexandre et Jade n'ont quasiment rien en commun. Tandis que lui mène une vie de prince en Angleterre, elle doit concilier ses études universitaires en Amérique et l'anxiété d'un compte en banque parfois bien maigre. Il vit dans le richesse, elle me...