12 - Alexandre

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10 novembre

Oxford

Alexandre

Jade Lawson fut la dernière de mes pensées avant de m'endormir. Et, en toute honnêteté, ce fut pratiquement la seule de la soirée. La seule qui comptait vraiment. Si cela s'était soldé par un échec, il m'était impossible d'en avoir un gout amer. J'étais encore, en ce matin du dimanche, traversé par un sentiment de bien-être que je n'arriverais toujours pas à comprendre. C'était le cadet de mes soucis. Avais-je vraiment envie de savoir ? Et si savoir détruisait tout ? Je préférais mille fois vivre dans l'ignorance qu'être à nouveau vide.

Pour la première fois depuis longtemps, je ressentais quelque chose en dehors du cercle familial. Une secousse électrique m'avait traversé de la tête au pied et me dévoilait encore maintenant, des sentiments divers tels que l'espoir.

J'étais sur un parfait petit nuage dont je descendis en entendant la sonnerie de mon téléphone. Durant les brèves secondes avant de décrocher l'appel, j'eus un sentiment de pitié à mon égard, presque de dégoût. Je me sentais ridicule, mais la voix de Charlie fit taire ses voix affreuses.

— Faut qu'on se voit, Alex.

Le ton était fatigué, presque froid. Je n'avais pas non plus droit à un bonjour. Mon ami semblait s'être levé du mauvais pied, contrairement à moi.

— Tu pourrais au moins me dire « Salut Alex, as-tu bien dormi ? ».

— Je ne suis pas ta mère. Je suis ton meilleur ami et, en tant que tel, j'ai autre chose de plus important à savoir que si ta nuit a été bonne.

— Ah et on peut savoir ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver ? Il est dix heures du matin, Charlie ! Un dimanche. T'es censé dormir encore, comme chaque dimanche matin.

— Évite de me rappeler que je suis déjà debout, maugréa-t-il. T'es dans ta chambre ?

— Mec, où veux-tu que je sois ? Je vais certainement pas aller courir, il pleut des cordes.

— Ouais, j'en sais quelque chose, je suis trempé.

— Trempé ? Pourquoi t'es dehors ?

— Fallait que je vienne te voir.

— Que tu...

Je déposai le regard sur la porte de ma chambre et compris. Je mis fin à l'appel et allai l'ouvrir sans attendre un instant de plus. Comme attendu, Charlie était dans le couloir. Ses cheveux dégoulinaient, tout comme la plupart de ses vêtements.

— Y a un truc super pratique, lui adressai-je avec ironie, ça s'appelle un parapluie. Tu devrais peut-être t'en acheter un.

— Tu comptes me laisser entrer ou tu préfères poursuivre tes moqueries ?

— Oh non, tu peux entrer. De toute manière, je peux me foutre de ta gueule à l'intérieur de ma chambre tout comme à l'extérieur.

Charlie leva les yeux au ciel avant d'entrer dans ma chambre en traînant des pieds. C'était inhabituel de se voir les dimanches, il avait donc du se passer quelque chose pour qu'il débarquât, aussi tôt. Mon ami eut l'amabilité de ne pas mouiller mon lit et s'installa sur ma chaise du bureau. Je fermai la porte, pas vraiment inquiet, plutôt curieux. Je me plaçai ensuite face à lui, sur le matelas.

— J'imagine que ce n'est pas pour aller courir que tu es venu me voir.

— Faut pas trop rêver. Certains miracles arrivent, mais certainement pas celui-là.

La Noblesse du Cœur ▬ Tome ✯ © #Wattys2021Où les histoires vivent. Découvrez maintenant