LA SECTE FURTIVE

J'vois pas tes mots

Ah, notre dieu.

Un adolescent presque normal, magnifique, intelligent, rusé et surtout, oui surtout, modeste.

Mais, il allait en cours, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Et encore plus étonnant encore, il avait des amis.

Pas des wattpadiens, même s'ils étaient les meilleurs, pas des dieux, eux ils étaient plutôt du genre relous, mais des amis, oui des amis véritables, des amis fidèles, et surtout sympathiques.

Du genre, camarades de classe, du genre, à qui parler quand on s'ennuit, pendant un cours de maths un peu long, entre 10h05 et 11h55.

Et oui, notre roi de la fanfiction douteuse, qui pouvait mettre une patate en couple alors même qu'il est célibataire, oui, lui, avait des amis.

Et au moment même, où moi, narrateur attitré, voyez sur mon badge, vous parle, à vous, lecteurs, lui, discutait avec ces fameux et oui bien réels, amis.

Il parlait avec un garçon, pas trop moche, bien habillé, blond aux yeux bleus certainement aryen en 1943, qui était, sacrilège, un peu plus grand que lui, d'une quinzaine de centimètres.

Ils discutaient avec entrain d'un sujet qui les passionait tout deux.

Les portes.

L'un argumentait sur pourquoi telle ou telle porte d'entrée, l'autre renchérissait en parlant de portes de chambre qui allait certainement mieux pour une salle de bain.

Les gens autour d'eux semblaient imperméabiliser à leur déferlement de conneries, sensiblement immunisés à force de côtoyer ces deux jeunes gens.

Le directeur passa à côté d'eux, il ne s'en remit jamais, cédant sa place à profit d'une carrière dans la plomberie.

Le blond aryen reprit son souffle pour continuer le débat là où ils s'étaient arrêtés, le temps d'observer la reconversion professionnelle de leur ancien directeur.

《- Nan mais vraiment, les koalas à têtes d'éléphants sont vachement sexys, quand on y pense et qu'on y prête un peu d'attention.

- Les nénuphars-caméléons aussi, renchérit-il.

- Ouais, tu sais que j'ai déjà vu des peluches pratiquer le cohit, c'était cool tu vois c'que je veux dire?

- Non, je vois pas ce que tu dit, non seulement parce que tu parles, enfin c'est ce que je dirais si ce n'était pas un récit, mais aussi car tes propos sont offensants.》

Le blond aux yeux un peu trop bleus eut une mine effarée, tourna lentement la tête vers lui, se craquant la colonne vertebrale et se brisa sûrement trois vertèbres.

《- Tu vois pas mes mots? 》

Il hocha la tête, lentement, difficilement, douloureusement à cause de la minerve apparue comme par magie.
Le blond, essuya une larme, provoquée par de l'ail en suspension près de ses yeux beaucoup trop bleus évidemment et haussa les épaules.

《- Mais du coup si tu vois pas mes mots, comment on fait pour parler?
- Bah on parle non?
- Ah oui, c'est une bonne réflexion.》

Aux côtés de l'adolescent magnifique, le garçon a l'air laid.

Ses cheveux presque platines retombaient sur son front, sa peau était un peu moins pâle que son amie, et ses yeux étaient bleus aux touches vertes.

Son expression était, comme d'habitude, neutre, ses traits étaient fins et délicats et il portait ses vêtements favoris.
Qui étaient un pull noir un peu trop grand et...un jean absolument classique au bleu délavé.

Il regarda autour de lui.
Rien.
Ah si, tout au fond du couloir, de petits êtres avançaient à l'aide de petits traits noir ressemblant à des pattes.

《- Ah, si regarde, je vois tes mots,》 déclara-t-il en désignant du bout du doigt, le bout du couloir.