L'heure est grave

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《Mes amis, l'heure est grave, 》avait-il annoncé, d'un ton solennel, sa voix résonnant dans toutes les oreilles grâce au micro qu'il tenait dans sa main droite dont l'index était recouvert d'un petit pansement, suite à un accident de coupage de pomme un peu trop mûre.

Un adolescent possédant une Trotinette tenait dans ses mains une tasse, il était assis sur une chaise en plastique qui n'avait pas l'air très stable et la table à côté de lui était remplie de tasses de café.
Il avait les yeux grands ouverts, perdus dans le vide, fixant un point invisible.

Quant à notre gourou, ses cernes étaient marqués, presque noires, ses yeux étaient injectés de sang, ses cheveux en bataille et ses épaules étaient affaissées.
À ses pieds, de nombreuses tasses de café vides, elles aussi, démontrant la fatigue qu'il avait essayé de vaincre.

Sa respiration rapide n'échappait à personne, puisque le micro en transmettait le son, principe habituel d'un micro.

Sa peau blanche habituellement, l'était encore plus, on voyait bien qu'il n'avait pas dormi pendant au moins plus de deux nuits.

Une larme roula tout le long de sa joue, s'écrasant sur le sol sans un bruit, alors que tout les adeptes retenaient leur souffle.

《Mes amis, reprit-il, nous avons un gros problème, sa voix vacilla, il y a deux jours, alors que nous allions en chercher, nous nous sommes rendus compte qu'il n'y avait plus de Yop, goût vanille.》

À ces mots, l'autre adolescent attrapa une bouteille de vodka au trois-quarts vide qui traînait entre les cadavres de tasses et porta le goulot à ses lèvres en avalant trois gorgées d'un coup, ne grimaçant même pas lorsque le liquide brûlant traversa sa gorge.

Quelques cris affolés retentirent, par pure sympathie et les membres de la secte repartirent un à un.

Ouais bon, ils s'en foutaient, laissant derrière eux, un petit dieu désarmé face à ce monde cruel qui ne lui avait même pas laissé une goutte de son Yop préféré, goût vanille.
Il s'écroula sur la scène, glissant jusqu'à pouvoir s'asseoir les pieds dans le vide mais ne se redressa pas, se tordant au passage la colonne vertébrale.

Ses bras étendus de chaque côtés de sa tête, il observait le plafond "aux cultes".
Entre la sainte pelle, la sainte patate, Raptor Jésus et Rognard le dieu chèvre, il y en avait pour tout les goûts.

Il prononça quelques mots à l'intention d'un homme qui lui apporta directement une tasse de café.

Oui il ouvait changer passé, présent, futur mais sans son Yop adoré, il n'y avait plus d'espoirs.

Il prît une grande inspiration, se redressa et porta la tasse à sa bouche.
Son monde était devenu fade sans Yop et autant l'avouer, il carburait à ce liquide d'une curieuse couleur blanche.

Son ami vint le rejoindre en traînant les pieds, lui tendant la vodka qu'il attrapa et en but à son tour, au moins trois gorgées.

Quand, soudain, tout les membres de la secte refirent leurs apparitions, portant deux packs de douze yop chacuns de goûts différents.

Les deux garçons, voyant cela semblèrent reprendre aussi vit, souriant jusqu'aux oreilles.
Ils remercierent tout ce beau monde et s'occupèrent de ranger toutes les bouteilles de Yop dans de grands réfrigérateurs cachés dans l'ombre.

Puis, une fois cette tâche accomplie, ils se servirent une grande pinte de Yop, goût vanille et fraise et trinquèrent, à nouveau heureux.










LA SECTE FURTIVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant