Le trésor

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« Comment ai-je pu être assez sotte! »

Les beautés de l'Egypte, les merveilles d'un monde nouveau, les curiosités du voyage...Tout cela avait complètement sorti de l'esprit de Gwendoline le véritable but de sa visite: son père.

 Et maintenant, d'une seule phrase, aussi banale fut-elle, le pilote avait rappelé la fillette à l'ordre d'un coup sec, dont lui-même n'avait aucune idée du choc. Mais maintenant, pour la fillette, c'était fini, le voyage touristique, il était revenu en elle  une mission bien précise: retrouver son père. 

Gwendoline courait, de toute la force de ses jambes, le plus vite possible vers la tente des sages, quand elle arriva devant celle-ci, malgré sa petite taille, elle bouscula sans s'excuser les scientifiques qui s'étaient tassés devant, jouant de toute sa force de petite tigresse pour doubler tous ces gens, dont les plaintes indignés ne rappelaient pas à l'ordre la Lady qu'elle était censé être, aussi, la masse formée de gens attendant un entretien particuliers avec les érudits, s'était rapidement transformé en un tel capharnaüm, au point, où en générant à elle même toutes les bousculades de ce désordre, la fillette avait failli être à l'origine de blessures et d'os cassés. Malgré cela, la pensées que la vie d'un homme était plus importante que la validation de toutes ces stupides théories scientifiques faisait redoubler la fureur et l'impatience de Gwendoline, qui après avoir vécu quinze années de sa vie, rangée et modeste en public, comme toutes les femmes de son rangs, s'était réservé le droit d'user de ce genre de comportement quand elle en nécessitait. Et à ce moment, elle en nécessitait d'urgence. 

Mais alors que la fillette touchait au but, Sa course chaotique fut soudainement arrêtée par une forte douleur à la tête qui la cloua sur place: le professeur Lamarck avait saisi sa tignasse blanche, ce qui l'empêchait de bouger. La fillette fut prise d'une envie violente de le mordre pour lui faire lâcher prise, mais elle se ressaisit, en réalisant soudainement que c'était bien elle qui était en tort. Le professeur, suivi d'Hortense, traîna Gwendoline par les cheveux hors de l'émeute, qui se restabilisait déjà, tant bien que mal. Et sans qu'Hortense ne puisse répliquer quoique ce soit, il sermonna sévèrement la petite furie, qui soutenait son regard l'air féroce, ce discours, elle le connaissait bien: « soit une Lady », « cesse de te comporter en gamine », « grandis un peu », toutes ces phrases, c'était pour elle une habitude, sa grand-mère, son père, son frère, les amis de la famille, tous ne manquait pas de la rappeler à l'ordre par ce répétitif discours, seulement, il ne l'effrayait ni ne la calmait plus, son seul effet était même de raviver sa colère. Et cette fois-ci ne fut pas une exception, et Gwendoline perdit patience quand le professeur lui dit « ils seraient fiers, tes parents, s'il te voyait faire la sauvageonne? ». 

C'était la phrase de trop, la colère monta au jour de Gwendoline, qui retourna la question au professeur d'une voix terrible, avant de lui cracher à la figure et de s'en aller d'un bon pas, l'air féroce. Elle détestait qu'on lui fasse la morale, mais elle détestait encore plus quand des inconnus se permettait de la lui faire, de plus ce n'était surtout pas le moment d'évoquer ses parents. Lamarck lui ordonna de revenir, la traitant de tous les noms, le visage rouge de colère. Mais Gwendoline était encore plus empourprée, elle le traita de vieux singe, avant de disparaître de son champs de vision. Le professeur était sur le point de courir lui faire regretter ses paroles quand Hortense, tout juste sorti de sa stupeur, le retint par le veston.

« S'il-vous-plaît, monsieur Lamarck, bégaya-t-Elle, Gwendoline est ma nièce, c'est mon rôle de la rappeler à l'ordre pour sa conduite. »

Et, laissant la professeur enragé sur place, elle partit d'un pas hâtif retrouver sa nièce. 

Elle la chercha dans toute la convention, puis du coté des ruines, puis vers le zeppelin, sans aucune trace de la fillette. Hortense sentait l'inquiétude monter en elle au fur et à mesure qu'elle ratissait plusieurs fois tous les endroit ou Gwendoline était susceptible d'aller bouder. Seulement, elle ne vit rien ni personne qui ne l'avait vu passer. Alors qu'elle passait, pour la troisième fois dans l'endroit où se trouvait le zeppelin, totalement envahi par la panique, elle fut interpellé par le pilote.

« Eh, m'dame! Ça fait une demi-heure que j'vous vois tourner en rond dans la convention, z'etes pas en train de mijoter un sale coup, rassurez moi! 

-Ho, monsieur! Gloussa-elle en courant vers lui, vous n'auriez pas vu une petite fille d'environ une quinzaine d'années avec des cheveux blancs et une robe brune et noire? C'est important, répondez-moi!

-Oh, que oui, j'en ai vu une, répondit-il amusé par l'allure légèrement ridicule de cette grosse dame paniquée, elle est vnue m'voir en m'demandant si j'avais une pelle. J'lui ai répondit qu'c'était pour mon boulot, et que c'était pas un jouet, mais elle s'est énervée, et m'a crié qu'c'était une question de vie ou d'mort. Ça m'a fait rire, donc j'suis aller chercher me pelle qui m'sert à faire fonctionner les fourneaux d'la machine pour voir c'qu'elle en ferait, et elle me l'a prit des mains en lâchant un « merci », et elle est parti...J'espère quand même qu'elle m'la rendra, ma pelle...

-Oui, oui, d'accord, le coupa Hortense, mais juste, elle, heu...OÙ ELLE EST PARTIE?

-Bah, vers la tente des sages, je crois, mais c'est pas le lieu pour une gamine, et j'crois pas que...

-MERCI, AU REVOIR, cria Hortense, en repartant à toutes vitesses vers la tente des sages.

« Quel monde de fous » se dit le pilote en rallumant une cigarette.

Hortense chercha Gwendoline près de la tente, appelant son nom à plein poumons. À son grand soulagement, une petite voix lui répondit finalement, c'était Gwendoline, accroupit à quelques mètre de la tente, la pelle en main, occupée à creuser un trou dans le sable

« Bon sang, Gwendoline, tu as l'art et la manière de déclencher le chaos, je t'ai cherché partout, soupira elle essoufflée, Tu aurais pu me dire où tu te trouvais!

-Pardon, tante Hortense, répondit la fillette sans lever les yeux de son ouvrage, mais j'avais plus urgent, sur le moment!

-En quoi est-ce que creuser un trou est si important?

-Tu te rends pas compte! Je DOIS voir ces sages! Et si on ne me laisse pas rentrer, alors je creuserai un tunnel jusqu'à l'intérieur de la tente, et je les verrais!

-L'impatiente te rend irrationnelle, soupira Hortense, ne vois tu pas que creuser un tunnel jusqu'à leurs tente est impossible? Mais enfin, ma chérie, si un tel acte était possible, avec le nombre de scientifiques attendant un entretien, des tunnels, il y en aurait partout!

-Oui! Mais moi, j'ai passé ma vie à creuser des trous pour m'amuser, alors un de plus ou un de moins, ça changerait strictement...

Elle fut interrompue par un bruit de choc sec. pensant avoir buté contre une pierre, elle passa sa main dans le trou qu'elle avait déjà bien entamé, mais au lieu d'y trouver un morceau de roche, sa main rencontra une surface totalement lisse. Intriguée, la fillette reprit la pelle et ôta tout le sable qui se trouvait sur cette surface. 

Qu'elle ne fut pas sa stupeur en s'apercevant que cette surface n'était pas une grande dalle, comme elle croyait, mais une sorte de superficie recouverte d'ornements et de bas-reliefs faits de ce qui semblait être de l'or et des joyaux.

Gwendoline prévint sa tante, qui ne crut pas Gwendoline tout d'abord, mais quand elle se pencha, elle faillit tomber en avant sous le coup de la stupeur. D'une voix fébrile, elle appela le professeur Lamarck, mais Gwendoline, qui refusait d'avoir encore une fois affaire à cet empoté fut plus rapide, et cria de toutes ses forces, ce qui attira les savants alentours, qui en découvrant stupéfaits ce que la fillette avait commencé à extraire, avait eux-mêmes prévenu les ouvriers. 

Quelques secondes, plus tard, l'émeute qui se concentrait devant la tente des trois sages s'était déplacé quelques mètres derrière. Pour éviter une nouvelle bousculade, Hortense avait entraîné sa nièce loin de l'émeute, mais celle-ci eut le temps de voir le pilote se précipiter vers l'émeute, puis en sortir abasourdi, quelques secondes plus tard, avant d'entrer dans la tente des sages.



La lignée des archéologuesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant