Site archéologique des Rowerscream, Le Caire
Gwendoline rajusta son chapeau. Cela faisait une demi-heure qu'elle déambulait toute seule dans les allées de la convention des recherches en ethnologie et archéologie, dont le champ de fouille de sa famille était le décor.
Quand la fillette et sa tante étaient arrivé, la fillette avait une fois de plus, manifesté beaucoup d'admiration et de fascination pour les lieux, mais cette fois-ci, ce qui l'étonnait encore plus, c'était de savoir que toutes ces parcelles de terres et de sables creusées et remuées pour en extraire des merveilleux trésors, tous ces temples en ruine qui abritaient encore et toujours de sublimes reliques, toutes ses vielles allées de pierre rouge et ancienne, toutes les actions et bénéfice qui en résultait était à sa famille, ou même, juste à elle et son cher frère. Elle savait ce que tous ces ouvriers cherchaient à trouver et à extraire, sa tante lui avait au préalable expliqué.
« Tu vois, le plus grand champ de fouille, là-bas, lui avait dit Hortense alors qu'elles venaient d'arriver, hé bien, c'est ici, d'après les calculs du professeur Lamarck que se trouverait le trésor personnel du pharaon Jéplindesou, souverain de la troisième dynastie, particulièrement connu pour son avarice, au point où il a, au lieu d'emporter sa fortune particulière dans la tombe, à la merci de tous les pillards de la vallée des rois, comme le veut la tradition, décidé que ses plus précieux trésors serait dissimulé dans un endroit tenu secret, qui serait ici, dans ce champ de fouilles! »
Elle voulait continuer son histoire, en lui racontant que pour dissimuler la cave au trésor, il avait construit tout proche, le temple de la déesse Bastet, afin d'y installer toutes ses concubines, mais elle fut interrompue par le professeur Lamarck, un homme à la figure antipathique qui se montra très impoli envers Gwendoline, l'appelant « gamine », lui disant d'aller jouer, tandis que lui et Hortense tentait de s'entretenir avec les « trois sages ». Alors que sa tante s'éloignait, elle s'accrocha à ses jupons en lui demandant des informations. Sa réponse avait été vague, ce que la fillette avait comprit, c'est que c'était en quelques sortes, les trois sages étaient les financiers de la convention, des érudits assez puissant dans le monde de la science et de l'histoire, mais elle ne put continuer, car le professeur Lamarck la pressait à venir, demandant à Gwendoline d'aller jouer plus loin. Alors que les deux adultes s'éloignaient vers la tente dressée pour ces fameux sages, Gwendoline pensait tout haut « Si il savait qui je suis, il irait se cacher sous son lit, ce prof! »
Gwendoline déambulait donc, seule à travers le lieu de la convention internationale. Dans toute l'allée du temple, qui devait faire environ trente mètres, plusieurs tentes avaient été dressées de sorte que chaque science, avait en quelques sortes son espace. Plusieurs marchand de gâteau et boissons profitait également de la chaleur assoiffante du désert pour vendre leurs denrées, qui s'écoulaient comme des petits pains. Gwendoline venait justement d'acheter une pâtisserie qu'elle mâchonnait tout en regardant ce qu'il y avait dans les tentes. Une majorité contenait des reliques égyptiennes, ce qui était assez logique, mais le reste, en revanche, laissait apercevoir beaucoup de curiosités d'autres pays, de fossiles de petits et de grands animaux, ou même d'organe conservés dans des bocaux contenant un liquide verdâtre. Les gens que la fillette croisait étaient surtout des européens en livrée de ville, ce qui rappelait inévitablement l'Europe, loin derrière elle depuis maintenant plus de trois longs mois.
Les autres gens étaient surtout égyptiens ou au moins africains. Avec ce qu'elle savait désormais de ce continent, Gwendoline pouvait différencier le simple marchand ayant flairé l'opportunité de bien vendre, du scientifique venu présenter ses idées au grand public.
Au milieu de cette activité tranquille, plusieurs animaux déambulaient sur les lieux. Des chats somnolant à l'ombre des tentes, des chiens assis attendant leurs maîtres occupés, et autres...Des écriteaux indiquait même de faire attention aux singes attirés par la nourriture et les petits objets à voler. Mais comme il était écrit en égyptien, Gwendoline ne se rendit compte de la présence des macaques que lorsque l'un d'eux lui chaparda son gâteau. Narguée par l'animal, la fillette se mit à le poursuivre dans modérer son language.
Mais l'animal était rapide, et il la sema à un endroit éloigné des tentes, où étaient garés les voitures et attachés les chameaux. Après avoir cherché le fuyard sous les véhicules, la fillette se redressa, en se disant qu'après tout ce n'était pas la peine de jurer pour un simple gâteau. Elle pouvait largement s'en procurer d'autres, de toutes façons. Elle repartit vers les tentes, quand elle remarqua que l'endroit où elle se trouvait était plongé dans l'ombre. Elle leva les yeux, qu'elle écarquilla en voyant quel objet était à l'origine de cette ombre:
Un étrange engin flottait là, non loin des tentes, un engin que Gwendoline n'avait jamais vu. Tout ce qu'elle voyait, c'était une sorte de mélange entre un bateau et une montgolfière dont le ballon avait une forme longue et aplatie, qui était accroché à la partie supérieure par de multiples cordages. L'engin entier fait de bois et de métaux avait quelque chose de novateur, d'aventureux, de révolutionnaire, même...Et sa taille, immense, dont l'ombre surplombait une bonne dizaine de mètre de sable, évoquait la puissance de sa mécanique, comme si en se tenant en face de lui, on se tenait en face d'un dragon tout puissant, maître de toutes les terres au dessus desquels il volait.
La fillette ne bougeait les yeux de l'étrange engin, elle qui n'avait jamais vu un objet aussi massif flotter dans l'air. Elle se demandait ce que cela pouvait bien faire de se trouver à bord d'un tel véhicule, en imaginant le plaisir que cela pouvait conférer de voler, voir l'Egypte depuis la Terre, c'était une chose, mais depuis le ciel? Quelle impression de grandeur cela pouvait-il bien procurer? On devait certainement avoir l'impression d'être la maîtresse du monde....
« C'est pas tous les jours qu'tu pourra voir des engins pareils, hein, petite? »
Gwendoline sursauta. Un homme se tenait juste derrière elle, un cigare à la bouche, la façon dont il était habillé laissait clairement deviner qu'il n'était ni un scientifique, ni un marchand. Il était vêtu d'une simple chemise aux manches courtes et d'une salopette recouverte de taches de suie et de pétrole, ses cheveux et son visage aussi était tout barbouillés. La fillette ne sût quoi dire, à part à Conny et au gens du Damas, elle n'avait jamais adressé la parole à un homme du peuple, qui étaient très mal vu par quasiment toute sa classe sociale. Malgré son étonnement, la curiosité l'emporta sur la méfiance.
« C'est quoi cette engin? Hasarda-elle.
-Ça? Répondit l'homme en levant les yeux vers la machine, C'est un zeppelin, pas très courant, j'te l'accorde, mais c'est bizarre qu'avec un courant de progrès industriel comme celui-là dans toute l'Europe, t'en ai pas entendu parler.
-Vous êtes le propriétaire? »
L'homme éclata de rire, soufflant au passage des grosses bouffées de fumées qui firent tousser la fillette.
-Moi? Reprit il entre deux rires, bien sûr que non! J'en suis que l'pilote, et accessoirement le mécanicien.
La fillette voulut lui demander qui en étaient les propriétaires, mais l'homme ne lui laissât pas le temps d'ouvrir la bouche.
-Si tu veux tout savoir, les proprios, ils sont là bas...Répondit-il en pointant le doigt vers la foule qui s'était formée autour de la tente des fameux sages.
Gwendoline ne savait pas si l'homme voulait dire que les propriétaires étaient dans la masse grouillante de gens, ou si ils étaient l'un des érudits, même si elle penchait plutôt pour la deuxième option, de toutes évidences, elle avait les réponses à ses questions.
«Ces gars-là sont vraiment exceptionnels, reprit le pilote, dans une nouvelle brassée de fumée, c'est eux qui ont aidé à la réalisation des premiers engins comme leur zeppelin, là. Et quand j'dis exceptionnels, c'est pas qu'un peu, franchement. Rien qu'hier, l'un d'eux a trouvé un moyen d'extraire les ruines ensevelis sous les dunes du désert! Le vieux Rowerscream aurait été fier de ses élèves si il avait vu ça! Mais, bon, il est mort y'a peu de temps...
Gwendoline sentit d'un coup son cœur faire un bond dans sa poitrine. Ce Rowerscream...Était-ce vraiment son père?
Elle qui avait, sous l'émotion de la nouveauté, totalement oublié son père, la raison de son voyage, voyait soudain toutes ses émotions remonter violemment à la surface, et sans prendre une seconde pour rationaliser, elle prit ses jambes à son cou, et sans même dire un mot au pilote, courut de toute son énergie en direction de la tente.
VOUS LISEZ
La lignée des archéologues
AdventureJ'aime pas les résumés. Si ça vous tente, lisez, et puis flûte! Dessins par moi