XIV. Sac de nœuds (1/2) - réécrit

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 Liam entra dans la chambre des filles et Brume verrouilla la porte derrière lui.

– Faut clairement se creuser les méninges !

Elle faisait son possible pour supprimer la panique dans sa voix.

– Y'a un truc que je ne sens pas du tout ! ajouta Liam en s'asseyant sur le lit.

GOLO GOLO !

– Qu'est-ce que ... Oh, mais Dodo squatte toujours votre chambre ! Je ne suis pas passé loin de la crise cardiaque !

Millie prit le volatile dans ses bras.

– Ne nous emballons pas ! conseilla-t-elle.

Liam et Brume la regardèrent comme si elle affirmait être amoureuse de Léandre.

– Millie, tu réalises ce qu'on vient de découvrir ou pas ? La sortie en navette est prévue le 7 juin à quinze heures. C'est la date que Liam a trouvé ET dans la poche du chauffeur complètement chtarbé ET dans celle de Léandre à la soirée du nouvel an. Mot laissé, je te rappelle au passage, par Mauric Malgorn !

– Okay, c'est flippant !

– Faut accélérer nos recherches ! Millie, tu m'as bien dit que vous alliez vous rendre à l'ouverture de l'Armada avec tes grands-parents ?

Elle confirma, entortillant nerveusement ses cheveux déjà tressés.

– Profitez de ce moment pour avoir des infos sur l'Artémis. Et moi, qu'est-ce que je peux faire d'autre ?

Liam suggéra :

– Entraîne-toi ce week-end à faire des bulles, au cas où ça chaufferait pendant la sortie !

– Mais... vous croyez qu'il se prépare quoi ?

– Je ne sais pas. Mais vu ce que le chauffeur de bus a voulu nous faire, on peut s'attendre à tout.

– On en parle aux autres ?

– J'ai peur que l'un d'eux aille rapporter à Olof. Mieux vaut rester discrets, et faire croire à l'ennemi que nous ne savons rien.

– Je sais ce que je pourrais faire ! dit Brume. Ma mère doit s'absenter samedi. J'irai en ville avec ma cousine et j'essaierai de prendre Léandre en filature.

– D'accord. Mais, fais attention !

– Tous au rapport lundi. D'ici-là, mieux vaut éviter de se contacter, sauf urgence. Qui sait si nous sommes surveillés...

– Vous voulez des croustillons ? demanda Ludovica.

Liam se servit distraitement dans le sachet. Avec sa sœur, il cherchait l'Artémis, priorité sur cette sucrerie dont ils raffolaient.

– Ça aurait été plus simple s'il y avait un plan des emplacements des navires !

– Ça aurait surtout été plus simple en journée. Impossible de voir les pavillons au loin, ajouta Millie en fronçant les sourcils.

Ernest arrivait vers eux. Il contourna la grande roue illuminée d'où les gens observaient le panorama.

– Ça vous tente ? Là-haut, ça doit valoir le coup d'œil !

– D'accord, après avoir fait le tour, proposa Millie.

– J'ai acheté le programme officiel. De toute façon la vendeuse piaillait tellement que c'était surtout pour la faire taire. Eh !

Liam lui prit des mains :

– Merci, Papy !

En feuilletant, il trouva la carte avec la position de chaque navire.

– Il est là, chuchota-t-il.

Avec Millie, ils mirent la gomme en direction de l'autre rive. Ernest les interpella :

– Ce que vous marchez vite ! Tiens ! Regardez celui-là ! Le Goliath ! C'est un navire militaire !

– Il est haut ! Vous avez vu, les enfants ?

Mais Liam précisa :

– Notre préféré, c'est l'Artémis. On sait où il est !

– Prenez le temps de voir les autres aussi. On n'est pas bien, là ?

Ernest montra un panorama de voiliers d'où s'élevaient musique et voix. Marins et touristes parlaient, chantaient ou mangeaient près des navires et des stands.

– Vous vous intéressez aux bateaux depuis quand ? demanda Ludovica, perplexe.

– On en a parlé en cours. Tu sais qu'il porte le nom d'une déesse jumelle ?

– D'accord, mais allez moins vite, on a le temps d'atteindre l'autre rive !

– On ne veut pas manquer le feu d'artifice !

– Il va falloir faire un choix : la grande roue ou le feu d'artifice. Vous avez cours demain.

– L'année est presque finie. On n'est plus des bébés !

– C'est vrai, déclara leur grand-mère, comme si elle réalisait tout d'un coup. Vous avez drôlement grandi depuis la rentrée.

Elle s'approcha d'eux.

– Allez, Mamie ! Pas le temps pour les sentiments ! se moqua Liam en reprenant la marche.

Pourtant, ils se résignèrent à ralentir le rythme. La foule grossissait, à mesure que l'heure du feu d'artifice se rapprochait.

Enfin devant l'énorme voilier, les Poppy constatèrent que les visites à bord de l'Artémis étaient terminées.

– Mince !

– Regarde !

Une troupe de jeunes matelots descendit du pont et quitta le navire.

– Vous avez raison ! coupa Ernest en les rejoignant enfin. Il est splendide, regardez-moi cette proue !

Millie et Liam regardaient à l'opposé. Les marins de l'Artémis s'en allaient vers le pub éphémère que l'on avait monté en bordure du quai.

– Suivons-les !

– Qu'est-ce que vous marmonnez encore ?

– Mamie, on peut aller au pub ?

– Vous ne voulez plus voir l'Artémis ? On n'est pas des girouettes !

– Si, mais... Les chants marins... improvisa Millie en apercevant l'affiche sur la porte vitrée. Le concert se termine bientôt !

Ainsi, elle convainquit ses grands-parents d'y entrer.

Gemini PoppyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant