L : Nuits blanches

153 8 4
                                    

Tard la nuit dans mon lit je repense au passé,
Le soleil se montre mais je n'ai pas dormi,
La lune en témoigne, rien ne fut effacé,
Durant toutes ces nuits, perdant des bouts de vie,
Je me suis senti seul, dépassé, fatigué,
Cherchant un réconfort dans ces pages noircies,
Dans ces tristes musiques aux notes sublimées,
Par mes pleurs incessant et mon corps affaibli,
Par ces perles de sang, ces plaies cicatrisées,
Par des mots récités dans mon esprit noir nuit,
Percé de lumière quand mes maux sont calmé,
Pendant de courts répits où la vie resurgit,

Pendant toutes ces nuits noyées d'émotions,
Mon coeur fana pourtant, cessa ses battements,
Et me laissa pour mort dans la triste vision,
D'un monde sans le jour, d'un espoir fuyant,
J'y ai abandonné toutes mes convictions,
Surtout celle de vivre, et frénétiquement,
J'ai écrit ces textes, preuves de perdition,
Pour cette triste vie, me laissant lâchement,
Elle m'a abandonné - comme une immolation,
Au malheur lui même - irréversiblement,
Faiblement j'ai prié jusqu'à l'extrême onction,
Pour qu'elle reste là, en vain visiblement.

J'ai donc survécu sans ce coeur défectueux,
Sans une once de vie, en extériorisant,
Dans un noir infernal, ces aspects monstrueux,
De mon être abusé, de mon esprit gisant,
Loin du regard des gens, pour ne pas être affreux,
À leurs yeux aveugles à mon épuisement,
Mais peut être qu'au fond, feindre d'aller au mieux,
M'a occupé le jour, et indéniablement,
A assombri mes nuits, tout en voilant mes yeux,
Pour ne plus voir qu'en noir, tous les événements,
Qui jalonnaient ma vie, qui me rendaient anxieux,
J'avais peur de vivre, de mourir lentement.

Plus je me sentais seul, plus mes nuits s'allongeaient,
J'emplissais ces pages pour me sentir vide,
Vide de tout mes maux, vide de volonté,
Je me sentais maudis d'une peine splendide,
Je voulais ressembler aux poètes nommé,
Les poètes maudits, donner un sens timide,
A ma vie qui partait vers une destiné,
Bien semblable à la leurs,  j'avais ma chrysalide,
Je m'y suis enfermé, je naquis sublimé,
Comme un papillon, j'étais enfin lucide,
Je connaissais ma peine et je pouvais l'aimer,
Pour ce qu'elle m'offrait, ces petites éphélides.

Ces petite ephelides, ces taches sur ma vie,
Furent tâches d'encres, sur cette simple histoire,
Qu'est la vie, qu'est ma vie, et même anéanti,
J'ai étalé cette encre alors encore noire,
Et pour la nuancer d'un liquide béni,
Mes larmes, j'ai pleuré, puisant dans ma mémoire,
Pour guérir chaque peine, une à une démoli,
Panser et refermer, j'ai entrevu l'espoir,
Blanc tout comme mes nuits, mais très loin enfoui,
Puis j'ai vagabondé, vers un probable déboire,
Il fallait essayer, d'une force inouï,
Je me suis relevé, grâce à cet exutoire.

Écrire la tristesse et s'éloigner du reste,
De toute ces couleurs, d'une vie s'endeuiller,
Écrire le moment, alors qu'il est funeste,
Écrire le moment, et ne plus rien rêver,
Car rêver c'est l'espoir d'une grandeur céleste,
Et ça n'est qu'illusion qu'il faut abandonner,
Quand douleur et regret, très tard, se manifestent,
J'ai traversé l'enfer, me suis abandonné,
A ces flammes noires, comme la pire pestes,
Pour renaître sombre, sombre et désenchainé,
De peines que je garde, même si je déteste,
Ces souvenirs lointain, pour ne pas oublier.

Jouer avec la vie, jouer avec la mort,
Ce parfait équilibre, en danger constamment,
Pour se sentir vivre, dans chaque métaphore,
Chacune de ces rimes et chaque vers tissant,
Plus de mille et un mots, passant comme météore,
Plus de mille et un maux, écrit des nuits durants,
Dans milles et une nuits, ou plus, pour voir l'aurore,
Non plus juste le noir, mais tous les tons dansant,
Au fond de ma rétine et voir ce beau décor,
Il m'a fallu mourir, ou me sentir mourant,
J'ai frôlé la folie et les longs corridors,
Qui peuvent nous laisser seul indéfiniment.

Cette page blanche était ma seule crainte,
Mes craintes sur ces pages, écrites chaque nuits,
M'horrifiaient pourtant de leurs noirâtres teintes,
Leurs faibles murmures qui ne sont plus que bruits,
Venant de la grotte de toutes mes complaintes,
Venant du trou au coeur, ce trou enduit de suie,
Ce trou noir d'où sortent souvenirs et empreintes,
De ces peines passées, que j'ai sans cesse fui,
J'aimerai oublier ces longues et grandes étreintes,
Avec cette douleur, profonde comme un puit,
Mais je l'ai affronté, dans une guerre sainte,
J'ai vaincu, j'ai remis, l'épée dans son étui.

Nuits blanchesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant