Chapitre 10

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Lydia place ses mains sur ses joues et étire sa peau vers le bas. Celle-ci est sèche, dû au manque d'hydratation. Souvent, lors de ses rendez-vous chez le médecin, le professionnel la réprimandait sur son comportement envers sa peau. Il lui prescrivait ensuite une crème pharmaceutique pour apaiser la réaction.

La jeune femme présume que cela fait quelques jours désormais qu'elle se trouve dans cette cachette. Entre-temps, Tao ne s'était manifesté que quelques fois, à son grand désarroi. Elle avait besoin de boire, de manger ne serait-ce un quignon de pain. Même cela lui aurait sembler un plat divin.

Pour passer le temps, Lydia se met à songer à ce qu'elle mangera en premier à sa sortie ? Un hamburger ? Des pâtes à la sauce bolognaise ? Peu importe tant qu'elle verra le jour et se sentira de nouveau libre.

Cette idée de liberté ne lui a jamais autant parut existentielle. Elle, qui prenait plaisir à se caler chez elle, sur le divan, sait pertinemment qu'elle ne voudra certainement plus faire ça. Elle imagine ses retrouvailles avec Louna, qui s'en voudra de ne pas lui avoir porté secours. De son coté, Lydia ne lui en tiendra pas rigueur, le seul responsable dans l'affaire est Tao. Et elle aussi. Si elle n'avait été cette peste au collège, rien de tout cela ne se serait produit.

Pourquoi n'est-elle pas ce genre de personne qui parle avec franchise, qui n'hésite pas à intervenir dans un conflit ?

Depuis une dizaine de minutes, Lydia fixe le mur en face d'elle. Elle a beau réfléchir à toutes sortes s'échappatoires, rien ne s'avère réalisable. La solution la plus rapide mais la moins envisageable serait d'assommer son ravisseur, de récupérer les clés et de s'enfuir en courant le plus loin possible.

Mais qui sait ce qui se cache derrière cette pièce ? Il y a autant de chances qu'elle se situe dans une ville qu'à la campagne. En vue de tous les films qu'elle a pu voir, la majeure partie temps les victimes se retrouvent séquestrées à la campagne. Mais ça serait trop facile. Non, Tao n'est pas un petit joueur.

C'est avec surprise, agrémentée d'une sorte de joie, si on peut dire, que Tao pénètre dans la salle. Il s'avance vers elle, les mains dans le dos. A cet instant précis, Lydia sent que son heure est venue. Contre toute attente, se qu'il tient dans sa main n'est autre qu'une feuille de papier.

- Te rappelles-tu du jour où on a été chez le banquier ?

Lydia hoche de la tête, mais ne comprend pas où il souhaite en venir.

- Eh bien, figure-toi qu'il faut toujours lire les petites lignes des conditions ma jolie. D'ailleurs, c'est ce que tu avais voulu faire mais heureusement j'ai réussi à t'en dissuader. Pour résumer, ce que tu as signé n'est autre d'un document falsifié réalisé par mon ami frauduleux. Je ne te remercierai jamais assez pour cela car tu sais ce que ça signifie ?

La jeune femme hoche à nouveau la tête cette fois-ci de manière négative.

- C'est toi et toi seule qui va devoir régler la somme de 100 000 dollars. Par ailleurs, la maison où nous habitons n'est pas ce pour quoi tu dois financer mais plutôt pour mon projet après ton départ.

- Comment ça ? Je ne comprends plus rien.

- Ce document stipule que tu désires me verse un virement conséquent.

- Mais je n'ai pas cette somme !

- Ne fait pas l'innocente. Je sais très bien qu'un de tes proches t'avait versé de l'argent à sa mort, rétorque Tao avec un sourire satisfait.

Lydia reste interloquée. Elle est certaine de ne jamais s'être confié à ce sujet.

- Mais... comment tu sais ça ? Tu as volé mes coordonnées bancaires ?

- Tu n'y est pas du tout. C'était un soir où je t'avais droguée. Tu me parlais de ton enfance, adolescence, et c'est à ce moment-là que tu m'en avais fait part. Quelle ne fut ma surprise ! Oh oui. Au début, j'ai hésité à fouiller tes papiers de la banque. Et puis, je me suis dit que la plus belle des satisfactions serait que tu me les donnes de ton plein gré.

- Seulement je ne suis pas consentante !

- Il est vrai, mais tu vas vite changer d'avis. C'est soit ça, soit je divulgue une de tes petites vidéos salaces que tu m'as envoyés.

Lydia se demande ce qui a pu lui prendre de prendre ce genre de vidéo. Elle qui de nature était pudique, là voilà qui s'était laissé aller avec Tao. Le pire était que cela était venu de sa propre initiative. Elle avait voulu faire ressortir une personnalité pouvant s'avérer sensuelle pour l'homme qu'elle aimait tant.

Les débuts étaient assez gênants mais le troisième visionnage s'était montré plus provoquant. Lydia se remémore la scène où elle était à genoux et qu'elle s'était mise à se fesser. Pourquoi avait-elle fait ça ? Que lui était-il passé par la tête bon sang ?

Lorsque Tao découvrait ces films, il la remerciait avec fougue ce qui donnait envie à la jeune femme de recommencer encore et encore.

Si la vidéo atterrie sur Internet ou encore qu'elle soit diffusée auprès des clients de sa boutique, quelle en sera sa réputation ?

-Tao, quel est ton plan final avec moi ? Un suicide orchestré ? Tu veux me trancher la gorge ?

- Pour tout te dire, je n'ai pas encre d'idée prédéfinie. Mais j'avoue que tu as de l'imagination. Je vais prendre en considération tes propositions.

- Tao... franchement. Tu crois pouvoir mener quelle vie après tout ça ? Une vie en étant constamment en cavale ? Une vie en cachant ton passé à ceux que tu vas fréquenter ? Il est impossible après ton comportement que tu fasses en sorte d'oublier tout ça. Même si finalement je ne te connais pas tant que ça, ce que je suis sûre, c'est que tu as un minimum de conscience. Et que celle-ci te rappellera ce que tu as fait.

- Tais-toi, ingrate ! Pousse Tao dans un rugissement bestial.

- Pourquoi ? De toute façon, je vais croupir ici. Je n'ai plus rien à perdre en te disant ce que je pense, renifle Lydia. Dans le meilleur des cas, je vais vivre quelques jours avec souffrance. Et, dans le pire des cas, mon cœur s'arrêtera de battre plus tôt que prévu. Alors, pourquoi, pourquoi est-ce que je me tairai ?!

- Tu ne sait pas le mal que ça fait de vivre avec les années qui passent sans que le deuil, lui, s'apaise. Non ! Imagine tu apprends la mort d'un de tes proches, et ce, dû à un harcèlement ! Imagine le désespoir que cette personne a pu ressentir jusqu'au point de se donner la mort ! Imagine que tu aurais voulu pouvoir l'aider à surmonter cette épreuve mais qu'elle n'a pas résistée à abandonner ! Je ne suis pas un ange, loin de là, mais ce que je souhaite c'est de seulement rendre son hommage moins douloureux en vainquant son ennemie.

- Je suis persuadée qu'après cela, tu ne ressentiras pas ce besoin de vengeance accomplie car tu auras un autre problème sur ta conscience, tente de le raisonner la jeune femme.

Avant les heures précédant sa venue, Lydia avait une nouvelle fois imaginer toutes les stratégies possibles pour se sortir de cette embuscade. L'agresser par surprise n'avait pas fonctionnée, peut-être que le raisonner s'avèrerait plus concluant.

- Tu as peut-être raison, mais si on n'essaie pas, comment pourrait-on vraiment le savoir ? Bref, je te laisse, j'ai des choses à faire.

Tao tourne les talons sans la regarder et ferme la porte violemment.

A bout de nerfs, la jeune femme n'arrive plus à se contenir et lâche tous les jurons qui lui viennes en quête d'apaisement.

INCERTAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant