Chapitre 17

4 1 0
                                    

Fuir. Voilà ce qui lui reste à faire.

Lydia tourne la tête en direction de Tao, toujours échoué sur le sol. Elle se penche et se libère de la corde qui la maintenait jusque-là. Elle est enfin libre.

Elle bouge le corps de son ravisseur, en quête des clés de sa voiture mais abandonne en cours de route. Et s'il se réveillait entre-temps ? La jeune femme est presque persuadée qu'il va rester dans cet état quelques heures mais elle ne peut pas se permettre d'en douter. Pas au stade où elle en est.

À contre-cœur, elle observe la voiture et s'enfuit sans se retourner. Elle n'a aucune idée d'où elle se rend mais, ce qui est sûr, c'est que ça ne peut être que meilleur.

Lydia enfile les pas sans s'arrêter, malgré une forte envie d'uriner. Elle redoute que si elle fait une pause, Tao puisse surgir d'entre les bois.

Cela doit faire à peu près une vingtaine de minutes que la fugitive déambule dans la forêt, esquivant branches d'arbres et plantes épineuses sur son passage. Ses jambes la tiraillent, certainement écorchées par les épines. Quand elle était petite, sa grand-mère lui avait expliqué qu'uriner sur une zone abrasive pouvait l'apaiser. Lydia se souvient de sa tête quand elle avait découvert cette astuce. Cependant, même si celle-ci peut s'avérer véridique, elle ne souhaite pas s'y aventurer.

Quelques mètres plus loin, un tronc d'arbre bloque le sentier. Lydia l'escalade avec peine, ses muscles encore engourdis par son inactivité physique. En descendant, elle attire son pantalon par mégarde sur de la résine et tire son vêtement désormais collant.

Tout en marchant, elle admire le paysage qui l'entoure. Des kilomètres et des kilomètres d'arbres qui s'enchainent, tous plus imposants les uns que les autres. Leur cime est tellement haute qu'elle ne peut les distinguer. Au loin, un colibri chantonne comme pour lui souhaiter bonne chance.

C'est à bout de souffle qu'elle s'arrête enfin alors que la nuit tombe sur le bois. Elle aperçoit un buisson assez grand pour la camoufler et s'y engouffre. Sa gorge la tire, elle est assoiffée. Pourquoi n'a-t-elle pas pensé à prendre de l'eau ? Le noir complet imprègne enfin la forêt, baignée par une froideur intense. La jeune femme porte ses bras en croix pour tenter de se réchauffer mais le résultat est peu convaincant. Rien n'y fait, elle doit tenir jusqu'au lever du jour.

C'est le chant d'un oiseau qui la réveille le lendemain matin. Lorsqu'elle ouvre les yeux, à moitiés collés, le soleil s'élève à peine. Elle se retient de bailler ouvertement, n'oubliant nullement qu'une personne désire la tuer.

Doucement, Lydia sort de sa cachette, en faisant attention de ne briser aucune branche qui pourrait éveiller les soupçons. Au pied d'un arbre, de la mousse repose sur une pierre. Elle s'approche et l'effleure du bout des doigts. Elle est encore humide. Toujours selon sa grand-mère, elle se remémore que la présence de mousse indique le nord. Cependant, cette indication ne l'avance pas à grand-chose : d'accord, il s'agit du nord, mais le nord de quelle ville ?

Lydia se retient de verser une larme et reprend sa marche. Son corps est à bout mais elle ne doit pas lâcher. Elle doit conserver son objectif en tête : rejoindre la ville la plus proche.

Comme la veille, le même paysage s'offre à elle pendant plusieurs kilomètres. Des arbres, des arbres et encore des arbres. Aucune habitation à l'horizon, aucun panneau indicatif. À croire qu'il s'agit d'un endroit méconnu de l'être humain. Au bout d'un moment, le décor change d'apparence. Une once d'espoir nourrit la fugitive, qui s'extase devant la vue. Une ligne de pommiers juxtapose la forêt. Elle s'y approche et décroche un fruit d'un des arbres. Elle l'essuie du revers de sa main et croque dedans. Cette saveur lui avait tellement manqué.

- Eh oh, tu fais quoi toi ? Tonne une voix rocailleuse à l'orée du bois.

Lydia sursaute sur place et se retourne. Un homme d'une soixantaine d'années trône sur la droite du pommier en question. Les mains appuyées sur ses hanches, il ne semble pas ravi de sa rencontre, contrairement à la jeune femme qui ne pouvait pas en espérer autant.

- Ne m'en voulez pas s'il vous plait... je vous en supplie... je viens de vivre la pire semaine de ma vie..., l'implore-t-elle à moitié en sanglots.

Le vieil homme la regarde sous toutes les coutures. Il faut dire qu'elle fait peine à voir avec ses chaussures recouvertes de terre et ses cheveux ébouriffés.

- Suivez-moi, l'invite l'inconnu de la main.

INCERTAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant