Chapitre 21

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Trois semaines plus tard

La reprise à sa vie d'avant fut compliquée pour Lydia. Dès sa fuite à son lieu de séquestration, elle avait envisagé de continuer à travailler dans sa boutique de cosmétiques tout en réalisant des rêves non réalisés jusqu'alors. Cependant, le passé revenait constamment dans son esprit, l'empêchant d'avancer.

Il lui était inconcevable de faire comme rien ne s'était passé tout en passant ses journées comme auparavant.

Vivre dans leur maison commune était le plus dur. À chaque fois qu'elle rentrait le soir, elle effectuait un tour du logement, bloquant les fenêtres par des planches de bois. La première fois que Louna était revenue chez elle, elle avait exprimé un cri d'étonnement face à cette folie. Elle avait insisté de nombreux jours pour que son amie se décide à quitter cet endroit sordide.

Chaque élément de la maison faisait ressurgir des souvenirs de Tao. Son empreinte était partout.

Au travail, l'ambiance était maussade. Lydia faisait bien des efforts pour ne pas montrer à sa collègue et aux clients sa tristesse, mais le résultait était là. Il arrivait parfois qu'elle s'énerve contre des clientes étant trop indécises sur leur choix ou encore sur sa collègue qui faisait une infime erreur.

Un jour, pendant la pause déjeuner, celle-ci s'était sur les journées insupportables qu'elle passait en sa compagnie. Cette confession fut la goutte de trop. Lydia explosa à table et versa son repas par terre avant de rentrer chez elle.

À la maison, elle s'empressa de ranger l'intégralité des objets dans des cartons. Le soir même, seuls les meubles lourds restaient dans les pièces. Le lit lui était devenu invivable au point qu'elle préfère dormir sur le parquet. Et encore, si seulement elle parvenait à se reposer. Sans cesse, Tao venait dans ses songes la hanter, la menaçant avec la fourche ensanglantée.

Au lendemain de cet élan de folie, elle avait demandé à Louna de la loger quelques temps. Celle-ci avait bien entendu accepté. Elle aussi avait vécu un cauchemar dans cette histoire alors qu'elle n'en était nullement la cause. Chaque jours, Lydia s'en voulait de leur avoir causé des problèmes, à elle et son fils. Les premiers jours durant leur retrouvaille, elles n'avaient échangé sur leur aventure, privilégiant les moments de joie. Cependant, la conversation avait vite tourné sur les faits.

Louna avait effectivement rencontré un homme et passé un week-end avec lui. Ce dernier s'était très bien conduit avec elle et elle n'avait jamais douté de ce qui pouvait se dérouler à des kilomètres. De retour à Woodmont, son nouveau petit-ami n'avait plus donné de signes de vie après l'avoir quitté abruptement. Sur le coup, elle n'avait pas compris sa réaction. Ce n'est que lorsqu'on l'appela au commissariat qu'elle remit les pièces du puzzle dans l'ordre. Son prétendant avait simplement servi de pion dans le stratagème de Tao.

Un matin, l'officier Gotham la contacta pour l'informer de l'emprisonnement de ce dernier. Il encourait une peine de prison pour usurpation d'identité et abus sur personne. L'officier s'était tellement immergé dans l'affaire qu'il avait apparemment séjourné plusieurs jours à son travail pour clôturer l'affaire.

Cette annonce ne surprenait même plus Lydia.

Une semaine plus tard, Lydia craqua enfin et mis en vente la maison. L'édifice, qui était bien entretenu, ne tarda pas à se vendre. Avec la somme cocasse qu'elle se vendit, la jeune femme récupéra un peu de l'argent qu'elle avait donné à Tao. Cela n'était en rien équivalent mais c'était déjà un début.

Pour ce qui était de sa banque, celle-ci s'était engagée à rembourser en globalité ce que Lydia avait cédé, ayant été dupée par son conjoint mais également par l'employé de banque. Une nouvelle allant avec une autre, elle avait appris que c'était un ami banquier de Tao, qu'il avait connu dans ses années lycée. Néanmoins, elle n'était pas sotte et se doutait que si l'établissement faisait cette grâce c'était principalement pour ne pas salir sa renommée.

La relation avec sa mère, elle, s'était nettement améliorée. Les deux femmes, éloignées par le passé, étaient désormais fusionnelles au point de s'appeler tous les jours. Lydia était ravie de ce changement et se promis de ne plus jamais laisser quiconque leur barrer le chemin et de ne plus jamais parler de Tao. Sa mère, qui était tellement contente de la retrouver lui avait proposé de l'héberger le temps que sa fille reprenne un logement. Ce fut avec gêne que Lydia refusa, sa meilleure amie ayant déjà accepté de l'aider.

Au départ un peu sceptiques, Lydia et sa meilleure amie avaient vite réussi à s'organiser dans l'appartement de la jeune maman. Une s'occupait du ménage tandis que l'autre faisait à manger et vice-versa un jour sur deux. Louis, le fils de Louna, ne pouvait pas être plus heureux. Voir sa marraine quotidiennement lui procurait un bien fou, au grand plaisir de sa mère qui pouvait prendre du temps pour elle.

C'est au bout de presque un an après le décès de Tao, que Lydia pris une grande décision. L'environnement de la boutique ne lui plaisait plus. De plus, elle avait envie de changer d'air, de région, de pays, de continent. Après maintes réflexions, elle opta pour la France. Quoi de mieux pour se dépayser que de vivre dans la capitale de l'Hexagone ? Après un reportage télévisé, elle s'était prise d'amour pour Paris et sa Tour Eiffel et elle avait déterminé que si elle devait déménager ça serait dans cette ville.

Sa mère fut du voyage. Elle ne pouvait encore une fois se séparer d'elle après tout ce qu'elles avaient reconstruit. Cela ne fut pas compliqué pour l'inciter, elle qui ne supportait plus sa maison en Argentine. Les aurevoirs avec Louna furent tendres, mais, Lydia l'invita à venir la voir quand elle voudrait.

Pour Lydia, le déménagement fut rapide. Au bout de trois mois après sa décision, son changement de vie s'opéra. Il ne lui fut guère difficile de dénicher un studio dans la capitale française grâce à son nouvel emploi. En effet, à force de contacter des entreprises parisiennes, elle avait obtenu un rendez-vous dans la ville pour un poste de créatrice de vêtement. La patronne était tombée sous le charme de ses créations et lui avait promis un bel avenir dans le berceau de la mode. La jeune femme était à la fois excitée mais également stressé à l'idée de faire face à des créateurs encrés depuis des décennies dans Paris. La rémunération, elle n'était pas faramineuse pour le cout de la vie là-bas mais cela convenait très bien à Lydia pour un début de carrière. Souvent, elle repensait à Enrique, ce fermier qui n'avait pas hésité à prendre des risques pour elle. S'il était encore en vie, elle aurait souhaité continuer à le voir et créer une relation presque familiale avec lui. Comme un grand-père avec sa petite-fille.

Puis sa mère arriva à son tour dans la ville, hébergée par un ami de longue date. Les deux compères s'entendaient bien et Lydia n'était pas étonnée que leur relation devienne plus intime dans le futur.

Au bout de deux mois d'installation, le planning de Lydia devenait digne de celui d'un ministre. Elle courrait entre les rendez-vous avec de petits commerces indépendants pour des négociations.

Quand ce n'était pas pour le travail, Lydia se rendait à des groupes de parole pour parler de ses problèmes. Elle avait choisi d'y aller personnellement, pensant que ça lui ferait du bien de se sentir entourée par des victimes ayant aussi vécu des évènements dramatiques. Ces rendez-vous s'avéraient assez positif pour son moral et elle été même parvenu à se créer des affinités avec des membres du groupe.

Une relation intime s'était installée entre elle et un jeune homme âgé d'une trentaine d'année. Ce dernier présentait un caractère doux, ce qui fit craquer Lydia. Le jour de son entrée dans le club, il expliqua avoir subi pendant son enfance un traumatisme avec son grand-père effectuant des gestes déplacés. Son histoire toucha Lydia qui n'hésita à le connaitre davantage. Le seul bémol qui aurait put nuire à cette relation était qu'il portait un prénom dont elle voulait oublier. Tao.

Après tout, il ne pouvait pas être pire.

Quoi que...

FIN 

INCERTAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant