Lydia ne pensait pas qu'il accepterait son souhait.
Lorsqu'elle quitte la pièce qu'elle côtoie jour et nuit depuis 4 jours désormais, un mélange de divers sentiments se crée en elle, comme s'il s'agissait de la préparation d'un plat. On ajoute une pincée de joie, suivi par une pincée d'exaltation et, pour finir, deux pincées de peur. Le résultat obtenu devient alors l'état dans lequel se trouve la jeune femme à l'idée de ce qui va lui arriver.
Elle n'arrive pas à croire qu'elle va pouvoir redécouvrir le ciel et ses nuages qui l'entourent. Avec un peu de chance, c'est peut-être le soleil qu'elle va pouvoir admirer. Attachée par une code tenue par son ravisseur, Lydia déambule dans un couloir sinueux. Les murs, en ciment, semblent avoir été laissés dans leur matière naturelle de façon volontaire.
Au cours de sa visite furtive des locaux, Lydia entrevoit dans un angle un arsenal d'outils. Celui qui la marque le plus est la hache, posée sur un atelier de misère. Le sol, quant à lui, a l'air d'être du parquet. Hormis ces quelques détails, rien de très pertinents.
Après avoir tourné une fois à droite puis une seconde fois dans la même direction, Tao passe devant la jeune femme et ouvre la porte. Pendant ce rapide laps de temps, Lydia pense à s'enfuir dès qu'elle verrait l'extérieur, mais la corde qui la maintient la remet à la réalité. Elle est attachée. Elle est son otage.
La première bouffée d'air qu'elle inspire est une de celle que l'on prend lorsque le parfum délicat d'une fleur effleure les narines. L'atmosphère semble fraiche et sans une once de pollution aux alentours. Lydia essaie de se concentrer afin de deviner où ils se trouvent mais ses sens finissent par devenir flous. Elle sait que cette liberté va bientôt prendre fin et en profite pour récolter le maximum d'informations visuelles. Elle tourne la tête et constate que l'habitation quand laquelle elle séjourne n'est autre qu'une sorte de maison de vacances où l'on se rend le week-end pour changer de climat. Plus exactement, il s'agit d'une cabane en pierres.
Le paysage, lui, est apaisant. Ils semblent se trouver à la campagne. Aucunes habitations à proximité, aucuns magasins. Aucune présence d'animaux également.
- Est-ce qu'on pourrait marcher un petit peu, s'il te plait ? Ça fait longtemps que je n'ai pas bouger mes jambes comme il faut, demande la prisonnière.
Lydia était persuadée que sa demande aller le faire s'interroger sur ses intentions. Il baisse la tête en direction de la corde, comme pour vérifier qu'elle ne se libère pas et accepte.
Bien entendu, Lydia a une idée derrière sa proposition mais pas celle à laquelle il songe. Sa stratégie est d'identifier où elle est localisée ainsi que de repérer des éléments pourront l'aider pour son escapade. Tandis qu'ils marchent sur un chemin caillouteux, elle aperçoit quelque chose briller entre des pierres. Elle se penche et fait mine de faire ses lacets tout en récupérant entre son auriculaire et son index l'objet sans savoir de quoi il s'agit.
Lorsque son ravisseur se rend compte qu'elle est accroupie au sol, il la tire en arrière par l'épaule :
- Eh, tu fais quoi ?
- Je faisais mon lacet. Il était sur le point de se défaire, prétexte Lydia en dessinant sur son propre visage une mine dépourvue de mauvaises intentions.
Le paysage qu'ils rencontrent les mètres suivants présente exclusivement des sapins. La cime des arbres est à peine percevable. L'odeur de la végétation avait manqué à Lydia. Elle avait oublié à quel point les sapins extrayaient une odeur incomparable aux autres. Ils continuent de marcher jusqu'à arriver devant un tronc qui barre la route.
- Voilà, la ballade est finie. On va faire demi-tour, prévient Tao en lui indiquant d'un signe de la main de tourner.
Sur le chemin en sens inverse, la jeune femme respire pour la dernière fois, enfin elle espère que ça ne sera pas le cas, l'odeur envoutante qu'elle apprécie tant. Les arbres défilent devant ses yeux jusqu'à elle se retrouve de nouveau devant l'habitation. Ses yeux la pique. Elle ne veut pas retourner dans cette odieuse salle embaumant sa propre urine. Non. Elle ne veut pas être enfermée. Elle ne veut pas attendre qu'une quelconque personne vienne découvrir ses amas d'os dans quelques années. Elle ne veut rien de tout ça. Mais elle est entre ses griffes, telle une biche que tient un lion entre ses crocs.
- J'espère que tu as aimé la ballade. Maintenant, retourne à l'intérieur.
À contre-cœur, Lydia suit son ravisseur, manquant de trébucher sur une planche de bois à moitié fixée. Tao pénètre avec elle dans la salle d'isolement et l'attache à nouveau aux chaînes avant de lâcher la corde.
Avant qu'il ne ferme la porte, Lydia l'interpelle :
- Tao ?
- Oui ?
- Non, rien.
Son ravisseur hoche les épaules et finit par fermer la porte sur lui. La voilà seule. Encore.
↔
- Chapeau, chaparder, chalet, chagrin, charmer, charier, chaton, chakra, chalutier, château, chacal, chavirer... heu... cha... cha... ah oui, il y a châssis aussi, énumère Lydia, l'index plié sur la bouche.
Pour passer le temps, la jeune femme s'est inventé un jeu. Elle choisit un son par lequel doit commencer un mot. Elle doit ensuite en trouver d'autres et ce jusqu'à qu'elle n'ait plus d'idée. Au temps où elle n'était qu'une femme banale dans une vie des plus banales, Lydia était friande de ce genre de jeu. Elle avait pour habitude d'y jouer surtout quand elle était petite, avec sa mère. Sa génitrice n'arrêtait pas de gagner, ce qui énervait la petite fille. Passé son enfance, Lydia avait continué à y jouer quelques fois en compagnie de Luna. Deux vraies gamines !
Luna. Elle lui manque plus que jamais. Elle se demande où elle se trouve en ce moment même et si elle va bien. Elle espère que c'est également le cas pour son fils, Louis. S'il lui arrivait quelque chose à cause d'un quelconque évènement lié à Tao, elle ne s'en remettrait jamais.
La jeune femme poursuit son jeu jusqu'à être à court de mots, et réfléchit à une nouvelle activité.
Soudain, elle se rappelle avoir glissé un objet dans sa chaussure lors de sa ballade à l'extérieur. Comme d'habitude, c'est avec son autre pied qu'elle enlève la chaussure pour y extirper le bibelot. Sous la pression au moment où elle enlève sa basket, l'objet ricoche sur le sol avec un son métallique. Lydia souffle un coup en s'apercevant qu'il est encore atteignable. Elle le récupère entre ses doigts de pieds et le glisse ensuite dans sa paume. La jeune femme approche sa tête le plus possible de l'indice et découvre qu'il s'agit d'un vieux clou. Pour vérifier sa solidité, elle ferme la paume de sa main et serre le plus fort qu'elle peut. Quand elle observe à nouveau l'intérieur de sa main, elle remarque que le métal de l'objet n'a pas plié.
Lydia imagine alors aussitôt ce en quoi il pourrait être utile. Il n'y a pas de doute, elle doit le garder impérativement. Ce clou est peut-être la clé de sa sortie.
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INCERTAIN
Mystère / Thriller"Vous est-il déjà arrivé de rêver ? Certainement. Vous est-il déjà arrivé de penser avoir fait quelque chose alors que ce n'était que dans votre sommeil ? Certainement aussi. Maintenant, vous est-il déjà arrivé de ne plus pouvoir dissocier le rêve d...