Chapitre 16

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La gorge de Lydia se noue lorsqu'elle aperçoit la lame tranchante. Elle ne s'attendait pas à ce que Tao lui ramène non pas un couteau mais une fine lame. À priori, il s'agit de celle d'un rasoir. Sa respiration est saccadée et les nerfs de ses doigts se tendent. C'est une sensation désagréable. La jeune femme se retient de ne pas s'écrouler sur le sol.

Elle lève la tête vers le plafond et prie intérieurement pour que la douleur ne soit pas intense. Malgré sa peur, Lydia ne regrette pas d'avoir demandé cette requête à son ravisseur. Tout d'abord, car elle s'en veut amèrement de son passé, mais aussi, car elle s'est dit que peut-être il la laisserait en vie après ça.

Peut-être qu'il envisagerait que sa mutation serait suffisante.

Tao détache un de ses poignets et lui passe la lame, qu'elle récupère, tremblant de tous ses membres. L'outil est si brillant que ça en donne la nausée à la prisonnière. Elle parait si tranchante pour son bras frêle. Mais il n'y a plus de retour en arrière, elle s'est engagée, alors elle doit s'exécuter.

Toujours apeurée, Lydia approche la lame de son second bras et l'effleure avec l'outil. Elle tourne la tête en direction de Tao, qui patiente, les bras croisés.

Elle n'en revient pas de ce qu'elle est sur le point de faire.

Elle observe à nouveau son bras, cette fois avec tristesse. Cette marque restera indélébile à tout jamais.

- Bon, c'est pour demain ou quoi ? S'impatiente Tao.

Lydia l'ignore et prend son courage à deux mains. Enfin, façon de parler. Elle dirige à nouveau la lame sur sa peau et commence à faire la première entaille. Le ressenti est semblable à celui d'une égratignure. Elle renouvelle l'opération et forme les lettres. La douleur devient cuisante à la moitié du prénom. Ce n'est plus seulement la zone qu'elle a gravé qui la pique mais l'intégralité de son avant-bras. Comme si elle s'était brûlée avec un objet chaud.

Du sang dégouline de son membre, au point que des gouttes s'échouent sur le sol. Elle serre les dents et se retient de crier. Elle se demande ce qui passe par la tête des personnes qui ont l'habitude de faire cette activité. Peut-être sont-ils comme elle après tout. Autant désespérés.

Tao récupère la lame et sort de la pièce sans la fermer à clé. Lydia est perdue sur ses intentions et tente de se libérer avec sa main libre. Elle tire de toute ses forces sur la menotte mais rien n'y fait.

Avant qu'elle ne s'en rende compte, l'homme est de nouveau en face d'elle, des verres à la main.

- Je me suis dit que pour fêter cela, un verre ne serait pas de trop, s'explique-t-il en lui passant un des récipients. Du vin rouge, de la couleur de ton sang. Ne fais pas ta coincée, je n'ai rien mis dedans pour une fois.

Lydia regarde tout de même l'intérieur de son verre, craintive. Après tout, si ce n'était pas le cas, il ne lui aurait rien dit. C'est alors qu'une idée lui surgit :

- Merci. Tu aurais un mouchoir, s'il te plait ? Lui demande Lydia en reniflant.

Tao passe la main dans sa poche arrière et en extirpe un paquet de mouchoirs.

- Est-ce que tu pourrais te retourner s'il te plait. Tu sais bien que je suis mal à l'aise quand on me regarde me moucher.

Le jeune homme soupire et se positionne dos à elle. Rapidement, Lydia recueille dans sa main le cachet en poudre qu'elle verse dans le verre de son interlocuteur puis se mouche pour ne pas se faire démasquer.

- C'est, bon. Tu peux te retourner, le prévient-elle en lui donnant son papier.

Tao le range dans sa poche avant et s'empare de son verre. À cette vue, une boule se dénoue du ventre de Lydia.

INCERTAINOù les histoires vivent. Découvrez maintenant