Backstage [Yoonmin]

Chapitre 15

Dernier soir.

The Truth Untold – BTS (Vocal Line).

Dernier soir de représentation dans cette salle pourrie. Le spectacle de Jin avait été tellement bien reçu par la critique qu'il était à présent sélectionné pour un festival. Toute l'équipe devait partir en début de semaine prochaine pour la capitale. Jin était ravi. Il enchaînait interviews sur interviews pour les radios et magasines spécialisés. On l'avait nommé pour un titre, sa petite compagnie se faisait de la pub et il aurait sûrement un nombre croissant de danseurs qui voudrait travailler avec lui à la saison prochaine.

Jimin n'était pas en reste, la critique ayant accueilli très favorablement ce jeune danseur qui portait le spectacle. Mais cela ne faisait qu'augmenter la pression à laquelle il était soumis. Il avait du retourner voir Namjoon une fois à cause de ses articulations. Ce dernier n'avait pas du tout été satisfait de son état et en avait informé ses proches. Jin savait à présent ce qui n'allait pas avec Jimin. Il aurait aimé que celui-ci lui en parle avant, n'ayant que très peu de temps pour s'occuper de telles affaires en ce moment il ne pouvait se charger de vérifier tous les repas de son danseur qui était adulte et pouvait donc se gérer seul. Les autres danseurs par contre avaient remarqué que Jimin perdait rapidement du poids, et encore plus depuis que les représentations avaient commencé. Ils ne connaissaient pas Jimin avant qu'ils ne commencent à travailler ensemble, mais ils venaient tous du même milieu et ils connaissaient très bien les difficultés auxquelles était confronté le danseur. Mais ils avaient aussi leur vie, certains avaient même un travail à coté, et tout comme Jin, ils ne pouvaient pas en permanence s'occuper du jeune homme qui en plus – mis à part ce qu'il ne pouvait physiquement cacher – cachait bien son jeu derrière son beau sourire et ses routines qui, si elles étaient limites en répétition, étaient resplendissantes à chaque représentation.

Mais derrière toute cette façade Jimin souffrait – physiquement et mentalement – et ne savait pas où trouver du soutient. Namjoon ne le rassurait plus, son père s'était mis en tête qu'il rentre à la maison, mais Jimin ne pouvait pas supporter l'idée de vivre avec sa belle mère ; quant à sa mère elle était comme toujours beaucoup trop occupée pour prendre en charge son fils de 21 ans. Il grimaçait à toute les répétitions, essayant d'en faire le minimum pour s'économiser pour les représentations du soir ; il ne mangeait presque plus, pris dans un cercle vicieux qui faisait qu'il s'affaiblissait, avait donc moins de forces et pensait pouvoir compenser cela par le contrôle très strict de son poids. Il voyait bien qu'il maigrissait, ses habits lui tombaient, il avait même dû retoucher son costume : la taille du pantalon était devenue trop large. Quand il n'était pas en répétition ou sur scène le soir, il traînait chez lui, trop faible pour faire quoi que ce soit.

La dernière représentation fut un succès terrible. Dès les dernières notes et les derniers pas de Jimin le public avait déversé un torrent d'applaudissements qui raisonnaient bien trop forts aux oreilles du blond. Le bruit des pieds sur les gradins, les cris et autres dispositifs d'encouragement n'avaient pas non plus cessés tout au long des salutations et des rappels. Et même une fois le rideau définitivement tiré sur la scène, cela ne s'arrêta qu'après de longues minutes. Jimin et ses collègues restèrent embrassés derrière les rideaux fermés pour écouter la folie du public. Tous sauf Jimin resplendissaient de joie. À l'idée de cette dernière soirée, à l'idée de la nomination et du festival.

Mais Jimin lui, depuis le premier rappel, voyait flou. Le brouhaha qui venait du public, puis des coulisses et enfin les loges lui parvenait étouffé mais aussi amplifié à tel point qu'il en avait mal à la tête et se sentait nauséeux. Il remercia les personnes qu'il croisait, les techniciens, les familles des danseurs, ses collègues, Jin ; mais cela lui paraissait se passer dans un autre monde, comme s'il s'observait d'ailleurs, comme s'il flottait au-dessus de son corps. Il se vit s'enfoncer vers sa loge, fuyant toute la foule qui, dès lors qu'elle l'effleurait, lui arrachait une grimace, et les lumières qui l'empêchaient de garder les yeux ouverts.