Chapitre 18

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Belle-maman.

Jimin dormait depuis deux jours. Il ne se levait que pour aller aux toilettes et boire. Et manger... Enfin du moins être présent aux repas comme le prévoyait le contrat que son père avait passé avec le docteur Namjoon.

Il était d'ailleurs bientôt midi. Son père était absent pour la journée, c'était donc sa belle-mère qui devait être en train de s'affairer à la cuisine, afin de lui préparer un repas de roi dont il ne toucherait que quelques miettes. Heureusement sa chambre était assez loin de la cuisine pour qu'il ne sente pas en permanence les relents de nourriture. Le premier jour il avait eu le droit à un poulet grillé et des légumes mijotés dans une sauce. C'est en voyant la tête de son fils que le père de Jimin avait compris qu'il aurait du commencer par quelque chose de plus simple. C'étaient donc des légumes et de la viande le midi et des féculents le soir. Il avait aussi le droit à un petit déjeuner des plus riches : fruits, tartines, céréales, boissons chaudes ou jus de fruits à la carte. Jimin était submergé par plus de nourriture qu'il n'en avait vu durant les mois précédents. Comment est-ce que le docteur Namjoon avait pu penser que ce serait un environnement propice pour lui ? En plus de ça, il devait supporter le regard de pitié de son père qui s'apitoyait un peu plus chaque jour sur le sort de son fils, et celui de sa belle-mère très lourd de jugement.

- Jimin, à table ! entendit-il à travers la porte.

Il se leva tel un vieillard, ses muscles qui ne bougeaient que très peu le tiraillent et ses articulations le faisaient encore plus souffrir que lorsqu'il dansait. Il en voulait à Namjoon, tellement ! Surtout que cette idée qu'il avait eu de l'enfermer chez ses parents pour pas qu'il ne danse et pour qu'il mange ne portait pas ses fruits. Il se sentait déprimé et avait d'autant plus mal aux articulations du fait de son inactivité. En effet, à part les déplacements jusqu'à la cuisine ou la salle de bain, il se contentait d'étirements et de renforcement musculaire légers sur la moquette de sa chambre d'enfant – son père n'était pas au courant bien sûr, il n'avait pas encore réussi à l'espionner dans sa chambre.

Il se redressa donc et traîna des pieds jusqu'à sa porte. Une fois dans le couloir menant à la cuisine, il commençait à sentir la nourriture. Et ce fut pire lorsqu'il ouvrit la porte.

Sa belle-mère se tenait derrière le plan de travail en train de s'essuyer les mains sur un torchon. Elle avait mis la table – ce que Jimin aurait du faire lui normalement – deux assiettes, et un plat trônait au centre. C'étaient des lentilles. Voyant que Jimin fixait le plat, elle dit :

- Il n'y a que de la sauce de tomates fraîches avec, rien d'autre.

Il n'était pas totalement rassuré... En tout cas c'était mieux que le poulet de l'autre jour. Ils s'assirent face à face. Ça lui rappelait le temps de son enfance, il ne se souvenait pourtant pas d'avoir une fois mangé en tête à tête avec elle.

Il pouvait comprendre pourquoi son père était tombé amoureux d'elle sur un plan physique : c'était une très belle femme, il le reconnaissait même si ce n'était pas la gente féminine qu'il préférait ; mais il n'avait toujours pas compris ce qu'il lui trouvait d'autre... Pour Jimin tout raisonnait la fausseté dans cette femme : elle avait toujours été gentille avec lui, du moins c'est ce qu'elle laissait paraître, mais au fond il savait très bien qu'il la dégoûtait. Ç'avait toujours été comme ça, depuis qu'il était petit et depuis que son père l'avait rencontrée. Elle avait essayé de prendre la place de sa mère quand il n'était encore qu'un enfant, de lui dicter ses choix, de le décourager de danser car elle « pensait à son avenir ». Mais ce n'était qu'une partie du problème : quand il avait annoncé son homosexualité à son père, à la fin du collège, elle avait commencé à avoir des mouvements de recul en sa présence, à le regarder sans cesse, à grimacer ensuite quand il parlait de garçons, même de simples amis. Il était alors parti vivre chez sa mère – autant dire seul – et son père n'avait rien fait pour le retenir. Jimin ne lui en voulait pas vraiment, mais il n'oublierait pas.

Elle remplit son assiette. Un peu trop à son goût : il aurait préféré se servir lui-même. Elle lui proposa des feuilles de salade à prendre en accompagnement. Il en prit deux.

- Tu ne manges pas que ça par contre, on est d'accord ? dit-elle.

Il se raidit. Pourquoi est-ce qu'il fallait sans cesse qu'elle fasse des commentaires ? Il ignora donc sa remarque et elle n'ajouta rien. Pour l'instant.

Il avait mangé les feuilles de salade mais bloquait déjà sur les lentilles, triturant la nourriture avec sa fourchette pour faire passer le temps. Les yeux baissés sur son assiette, il savait pourtant que sa belle-mère ne le quittait pas du regard. Il leva alors les yeux, espérant faire diversion en lui posant une question :

- Tu ne travailles pas aujourd'hui ? demanda-t-il alors qu'il s'en fichait pertinemment.

Sans qu'il ne sache comment, elle avait découvert son stratagème.

- Jimin, fit-elle avec un ton un peu désespéré. Mange s'il-te-plaît...

Il replongea alors les yeux dans son assiette, regardant le petit tas de lentilles sans le voir. Il en sépara une partie – un petit coin – et porta une cuillère à sa bouche mais s'arrêta avant de la déposer dedans.

Sa belle-mère, qui commençait à s'impatienter, eut un léger soupir, ce qui bloqua net Jimin.

- Quoi ? dit-il irrité.

Elle respira bruyamment et secoua la tête.

- Non mais vraiment, poursuivit-il, exprime-toi !

Elle posa ses couverts au bord de son assiette et le regarda dans les yeux.

- C'est dur tu sais pour ton père et moi...

C'est tout ce qu'elle avait à dire ?

- ... de te voir comme ça. Il est très triste en ce moment, et moi je ne sais pas comment t'aider pour que cette famille aille mieux.

- Pas comme ça en tout cas, murmura Jimin.

- Je veux que tu saches que nous savons que ce doit être dur pour toi, que tu n'as pas envie d'être ici et que la danse te manque, mais...

C'était les paroles de trop. Jimin se leva d'un bond.

- Vous n'avez pas idée, dit-il la mâchoire serrée, prêt à aller s'enfermer dans sa chambre.

- Mais Jimin, ajouta-t-elle sûrement pas consciente du fait qu'elle était en train d'aller trop loin, regarde-toi !

Il ne put retenir un sanglot. Il était un des premiers à savoir à quoi il ressemblait puisqu'il s'agissait de son corps ici.

- Rassied-toi et mange maintenant, dit-elle fermement. C'est ça ou l'hospitalisation.

C'en était trop pour Jimin. Il tourna le dos à la table et sa belle-mère et s'enfuit dans sa chambre.

- Tu veux finir dans un lit d'hôpital comme ton ami, c'est ça ? cria-t-elle de la cuisine pour qu'il l'entende.

*





Bonjour à tous :) De nouvelles révélations qui s'éclairciront dans les chapitres à venir. Pas facile d'aller mieux quand on n'est pas parfaitement bien entourés... et même lorsqu'on est bien entouré à vrai dire...

Allez je retourne à la rédaction d'une possible deuxième fanfiction, j'en parlerai peut-être un jour quand j'aurai plus de lecteurs (si tant soit peu que ce moment arrive...).

Tacha'

Backstage [Yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant