Partie 10.

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3 novembre :

« Gringe. »

Guillaume détourna son regard du petit groupe d'adolescents en train de jouer au basket à quelques mètres de lui pour se tourner vers la personne qui l'avait appelé. Il se redressa sur son banc en reconnaissant Claude et se tendit inconsciemment, ne sachant pas la raison de sa venue.

« Comment tu m'as appelé ? demanda-t-il en esquissant un sourire narquois en se rendant compte que ce dernier l'avait appelé par son surnom de l'époque.

— Gringe. C'est bien toi, non ? »

Claude s'arrêta devant lui et le dévisagea un instant avant de lui sourire d'un air malicieux. Guillaume sentit un poids s'envoler de ses épaules en comprenant que Claude avait l'air de venir en paix et non pas pour l'engueuler une énième fois.

« Qu'est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-il en lui faisant signe de s'asseoir à ses côtés sur le banc, ce que Claude fit.

— Moi, je viens chercher mon frère. La question c'est plutôt qu'est-ce que toi tu fais là ?

— C'est mon spot. J'aime bien me poser ici. Et puis les clients peuvent m'appeler s'ils ont besoin de moi, ils savent que je suis joignable aussi en journée.

— Mm... »

Guillaume jeta un regard en coin à Claude en le sentant se tendre à ses côtés lorsqu'il avait parlé de son job.

« Et c'est par pure coïncidence que tu as choisi cet endroit alors que c'est aussi là où Aurél joue au basket toutes les fins d'après-midi ? »

Il ne répondit rien, honteux d'avoir été percé à jour par son ancien meilleur ami et se demanda ce qu'il allait lui dire par rapport à ça.

« Aurél m'a parlé de la fête, dit Claude pour relancer la discussion en changeant subitement de sujet et il releva le visage pour lui lancer un regard surpris. Il m'a dit que vous aviez parlé de la raison pour laquelle on a arrêté d'être amis tous les deux. »

Guillaume écouta attentivement Claude, se demandant où il voulait en venir et hocha la tête d'un air hésitant.

« Et...?

— Et... Tu lui as vraiment dit qu'on se droguait à cette époque ? Qu'est-ce qu'il t'ait passé par la tête Gringe, bon sang ? Je t'avais dit que je ne voulais pas qu'il le sache, lui dit Claude en soupirant et il fut étonné de voir qu'il n'avait pas l'air énervé.

— Je ne voulais pas lui dire à la base, expliqua-t-il. Mais... Il m'a demandé si tous les deux on était plus qu'amis à l'époque et si c'était pour ça qu'on se voyait en cachette de nos parents et j'ai préféré lui dire la vérité à ce qu'il s'imagine des trucs.

— A-Attend, quoi ? bafouilla Claude à ses côtés. Répète ? Aurél t'a demandé quoi ?

— J'crois qu'avec nos aveux à demis-mots il s'est imaginé que peut-être on sortait ensemble ou qu'on se voyait pour coucher l'un avec l'autre, je sais pas... »

Guillaume lança un regard en coin à son ami qui avait la bouche grande ouverte et esquissa un sourire en voyant son expression de pur choc.

« Pourquoi t'as l'air aussi surpris, Claude ? demanda-t-il en riant. Tu lui as quand même dit qu'on préférait se voir à l'extérieur pour pouvoir faire des choses pas très clean et secrètes hors de la vue de nos parents, non ? Puis, il me semble... Si je me rappelle bien ce qu'il m'a dit, continua-t-il en souriant d'un air narquois. Il me semble que tu lui as aussi dit qu'on avait d'autres amis dans notre classe mais que c'était pas pareil que ce qu'on avait tous les deux. Pas étonnant qu'il soit allé s'imaginer des choses, le petit. Puis si en plus tu lui as dit que tes parents t'ont envoyé dans un centre à la fin de l'année et dans un internat pour ta seconde pour t'éloigner de moi et de ce que l'on faisait ensemble...

— Je... J'ai pas vraiment dit ça comme ça... balbutia Claude en se passant une main dans ses cheveux bruns. J'ai pas dit Pour t'éloigner de moi, hein.

— C'est comme ça qu'il a dû le comprendre, lui. » dit Guillaume en haussant les épaules avant de se tourner à nouveau vers le terrain de basket où les adolescents étaient en train de jouer.

Guillaume sentit les yeux de son ancien ami sur lui et il se retourna pour le regarder, avant de lui sourire tristement.

« Il m'a aussi expliqué ce qui s'était passé le soir de ma fête. Celle où tu n'es pas venu et qui a signé la fin de notre amitié. Je croyais que tu m'en voulais par rapport à Marie, j'étais tellement loin du compte.

— Ouais... Ça n'a jamais été à propos d'elle. Aurél a fini à l'hôpital ce soir-là et... commença à dire Claude avant de s'arrêter au milieu de sa phrase et de lui lancer un regard ahuri. Attend. J'en reviens pas qu'il t'ait raconté ça.

— Apparemment tu lui as dit que c'était à cause de ce que je t'avais défié de mettre dans le gâteau qu'il était tombé dans le coma et... Je suis tellement désolé, Claude, dit-il en secouant la tête et en posant de manière hésitante sa main sur celle du plus vieux à ses côtés. Je regrette tellement de t'avoir proposé de faire ça pour ma fête. Si j'avais su les risques... Jamais je ne te l'aurais demandé, tu dois me croire. Je me sens tellement coupable.

— Je... Arrête Guillaume, lui dit Claude en secouant la tête d'un air abattu et en retirant sa main de sous la sienne. Aurél a raison. Ce n'est pas de ta faute. D'accord, c'était ton idée c'est vrai. Mais c'est moi qui ai fait ce gâteau que je sache, tu ne m'as pas forcé, non ? C'est moi qui n'ait pas fait assez attention à ce qu'il ne tombe pas dessus. J'ai même pas tenté de le cacher, ce gâteau. On savait même pas qu'il était allergique au chocolat, alors le cannabis...

— Il est allergique au cannabis ? demanda Guillaume d'un air effaré et le plus vieux se tourna vers lui pour lui lancer un regard surpris.

— Quoi ? Ah, non... Enfin, je sais pas... Mais je pense qu'il y a une des... molécules... en tout cas qui est très nocive pour lui. Sinon il ne serait pas tombé dans le coma, putain. »

Guillaume vit son ex meilleur-ami se pencher en avant pour se prendre la tête dans les mains et il hésita un moment avant de poser une main sur son dos.

« Claude...

— Tu comprends pourquoi je te dis que t'es dangereux pour lui ? marmonna Claude en relevant la tête avant de se tourner vers lui. Je ne plaisante pas. Surtout maintenant que tu es passé au stade au-dessus. Tu en vends, Guillaume. Aurél peut en mourir s'il tombe dessus. C'est pour ça que je préfère que tu restes loin de lui.

— Claude, je... Est-ce qu'il le sait ? demanda-t-il en repensant à la soirée et à la drogue qui s'y été infiltré par sa faute.

— Non, non... répondit Claude en secouant la tête précipitamment. Je ne pense pas, en tout cas je ne lui ai rien dit, moi.

— Je te promets que je ne ferais jamais rien pour le mettre en danger. J'ai compris, Claude. Je redoublerai d'attention. »

Claude le dévisagea un long moment puis soupira en fermant les yeux :

« Aurél veut que je te pardonne ce qu'il s'est passé ce soir-là. Et je vais le faire. Parce que ce n'était pas vraiment ta faute. Je ne t'ai même pas donné de raison valable en mettant fin à notre amitié... Ce sera plus compliqué de me pardonner à moi-même par contre. Et... Je risque d'y aller petit avec petit avec toi, Gringe. Tant que tu feras ce job en tout cas. Tu peux pas m'empêcher d'émettre des réserves. Pourquoi tu fais ça d'ailleurs ?

— Je sais pas pour être honnête. Je suppose que ça me convient, répondit-il en haussant les épaules. C'est de l'argent facile et comme je n'ai pas vraiment de diplôme au-dessus du brevet...

— T'as jamais songé à te replonger dans les études ?

— Non, jamais. Je crois que c'est pas fait pour moi.

— Et trouver- »

Guillaume se leva du banc sans prendre la peine de laisser Claude finir sa phrase en entendant un des amis du plus jeune crier le prénom de ce dernier. Il vit un attroupement se former au centre du terrain de basket et fronça les sourcils tandis que Claude se levait à son tour à ses côtés.

« Il se passe quoi, là ? » lui demanda le plus vieux et il ne lui répondit pas, s'élançant vers le petit groupe d'adolescents sans plus attendre.

Fiction OrelxGringe - Reste loin de lui.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant