Partie 37.

197 19 1
                                    

8 avril :

Aurélien ouvrit les yeux en entendant des cris étouffés et papillonna des paupières un long moment, essayant d'ajuster sa vision à la lumière de la pièce dans laquelle il se trouvait. Lorsque sa vision s'adapta à son environnement il fût en capacité de voir ce qui l'entourait et ses yeux se posèrent sur son frère, dos à lui.

« C-Claude...? l'appela-t-il faiblement et son frère se tourna vers lui, lui lançant un regard inquiet.

— Aurél ? Ça fait longtemps que tu es réveillé ? lui demanda son frère et il vit qu'il respirait de manière saccadée, sa poitrine se levant et s'abaissant rapidement, comme s'il avait couru.

— N-Non... À l'instant, seulement... dit-il en tentant tant bien que mal de se redresser. O-Où c'est que je suis...?

— À l'hôpital. T'es à l'hôpital, Aurél... lui expliqua précipitamment son frère en se rapprochant de lui et il fronça les sourcils en sentant sa tête lui tourner légèrement.

— À l'hôpital...? répéta-t-il, complètement désorienté. Mais... Ça fait longtemps ?

— Non, seulement quelques heures... Mais c'est assez pour nous faire peur. Tu te souviens de ce qu'il s'est passé ?

— O-Oui... En partie... dit Aurélien en essayant de rafraichir ses souvenirs. J'étais avec Guillaume avant de m'évanouir... Et puis je me suis réveillé en entendant des cris... O-Où c'est qu'il est ? Claude, où est Guillaume ? » demanda-t-il alors en sentant la panique monter en lui en se rendant compte que ni le plus grand ni ses parents n'étaient à ses côtés alors que c'était les dernières personnes qui devait l'avoir vu avant qu'il ne soit transporté dans cette chambre d'hôpital.

Il vit Claude lui lancer un regard indéchiffrable et Aurélien se redressa un peu plus sur le lit d'hôpital pour lui faire face.

« Où est papa ? Et maman ? Ils étaient avec moi quand je suis arrivé ici, non ? C'est eux qui m'ont conduit ici... N'est-ce pas, Claude ?

— Oui, oui... Ils étaient à la cafète de l'hôpital quand ils m'ont appelé. Ils vont sûrement bientôt arriver, ne t'en fais pas.

— Et Guillaume ? Il était là aussi, non ? Où c'est qu'il est ? demanda-t-il en tournant la tête de gauche à droite. J'ai entendu sa voix m'appeler, j'en suis sûr. Je sais qu'il était là...

— Oui, c'est vrai. Il était là... dit Claude en soupirant et il le vit s'asseoir lourdement sur la chaise à côté de lui.

— Q-Qu'est-ce que tu lui as fait, Claude ? demanda Aurélien en regardant son frère d'un air apeuré. Pourquoi il est parti...? Tu lui as dit quelque chose...?

— J'ai fait ça pour ton bien, Aurél... commença à dire Claude et il l'arrêta avant qu'il ne puisse continuer.

— Non, dit-il en sentant la colère monter en lui. Tu n'as jamais pensé à mon bien ou mon bonheur en te mêlant de ma vie avec Guillaume. Tu as toujours fait ce qui toi te semblait juste. Je comprends qu'au début tu voulais me protéger de lui mais...

— Je veux toujours te protéger de lui, Aurél ! s'exclama Claude en le coupant.

— Mais je sais tout, Claude. Je sais tout de lui, il n'y a plus rien de quoi tu puisse vouloir me protéger par rapport à Guillaume... J'ai tout entendu pendant que je dormais, c'est en train de revenir...

— Qu'est-ce que tu as entendu ? lui demanda Claude d'une voix hésitante et il secoua la tête, les larmes coulant sur ses joues.

— C'est toi qui a supprimé son numéro de mon portable ? Qui a bloqué ses appels pour qu'il ne puisse pas rentrer en contact à nouveau avec moi...? dit-il d'une voix tremblante alors qu'il se sentait frissonner à l'idée que son frère puisse essayer de contrôler sa vie ainsi. Et comme ça ne te suffisait pas, tu l'as aussi frappé ? Tu l'as blessé, Claude ?! Comment tu as pu faire une chose pareille ?!

— Je voulais seulement qu'il reste le plus loin possible de toi, Aurél. J'avais échoué une première fois puisque tu m'as dit que vous sortiez ensemble dans mon dos mais... Je ne pouvais pas le laisser te récupérer aussi facilement. Il a trahi ma confiance. Il t'a forcé à mentir pour le protéger et—

— Mais de quoi tu parles ?! s'écria Aurélien en laissant sa colère enfin s'exprimer. Personne ne m'a jamais forcé à rien !! Si ce n'est toi, Claude ! En me forçant à rester loin de lui !! En me forçant à être qui tu voulais que je sois dans ton esprit ! En me forçant à me comporter comme tu penses que je le devrais !! Je ne suis plus un enfant, merde !! Tu ne m'as pas vu pendant un an mais ça ne veut pas dire que j'ai arrêté de grandir quand tu es parti !! Je suis capable de prendre des décisions par moi-même maintenant et devine quoi ?! Tu penses que tu dois éloigner Guillaume de moi pour mon bien mais c'est tout le contraire que tu as réussis à faire !! Tu m'as fait du mal !! Et tu continues de m'en faire !! En n'acceptant pas la personne que je suis et la personne que j'aime, qui ne t'a jamais rien fait par ailleurs, tu m'as fait du mal !! C'est toi plutôt qu'on devrait éloigner de moi !! Je te déteste, Claude !! »

Les derniers mots qu'il prononça claquèrent dans l'air et il comprit aussitôt qu'il était allé trop loin et qu'il avait sans aucun doute blessé Claude. Mais il s'en fichait totalement, la colère et la douleur qu'il ressentait dans son cœur lui faisant oublier toute bienveillance à son égard. Il vit son frère froncer les sourcils en baissant la tête et il était en train de se dire qu'il était sûrement sur le point de pleurer lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit sur ses parents.

« Aurélien, tu es réveillé ?! s'exclama sa mère en se précipitant vers lui et il la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle le prenne dans ses bras pour le serrer fortement contre son cœur.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé pendant notre absence ? leur demanda son père en s'avançant à son tour et venant poser une main sur l'épaule de Claude. On a vu Guillaume sortir en courant de l'hôpital et on a pas réussi à le rattraper pour lui demander où il allait comme ça...

— Vous avez qu'à lui demander, dit Aurélien d'une voix amère en faisant un signe de tête vers Claude. Il a encore dû le menacer, je suppose, pendant que je dormais.

— Claude ?! s'écria son père en se tournant vers son fils, lâchant son épaule. Qu'est-ce que tu as encore fait ?

— Qu'est-ce que vous avez tous avec Guillaume de toute façon ? dit Claude d'une voix pleine de rancœur. Il a fait les mêmes conneries que moi si ce n'est pire et soudain, parce qu'Aurél est amoureux de lui, il faudrait tout lui pardonner ? Il faudrait faire comme si c'était un ange ? Il n'aurait pas à aller en maison de correction alors que moi si ? Je devrais payer pour ses conneries, hein, c'est ça ?

— Claude, qu'est-ce que tu racontes...? l'appela sa mère contre laquelle il était toujours blotti. Si on t'a envoyé là-bas, c'était pour t'aider, pas pour te punir. On te l'a déjà dit, non ?

— La belle affaire... dit Claude en exhalant un petit rire désabusé. Vous m'avez coupé de tout ce que je connaissais, mes amis, mon frère, vous, et vous dites que vous avez fait ça pour mon bien ? Vous dites ça pour soulager votre conscience ? Vous ne savez pas à quel point j'ai souffert là-bas.

— Claude, je croyais que tu comprenais pourquoi on t'avait envoyé là-bas, dit son père doucement comme pour le calmer. Notre seul but était de t'aider, pas de te faire souffrir. On est désolés si tu l'as ressenti comme ça... »

Aurélien vit son frère trembler un moment avant qu'il ne le voit se lever :

« Vous vous êtes débarrassés de moi pour protéger votre petit garçon chéri, s'écria alors Claude en se levant et en se tournant vers lui, le faisant sursauter de peur. Et je pensais comprendre. Je pensais pardonner. Parce que de l'eau avait coulé sur les ponts. Mais pour Guillaume, vous vous en fichez n'est-ce pas ? Deux poids, deux mesures, comme on dit, c'est ça ? Tout ça parce qu'Aurélien est amoureux de lui ! Vous vous êtes bien fichus de moi ! s'écria Claude ensuite et il aperçut avec surprise des larmes couler sur ses joues avant que son frère ne s'enfuit en courant.

— Claude ! » s'écria sa mère et il vit son père sortir précipitamment de la chambre d'hôpital afin de le rattraper.

Aurélien éclata en sanglots dans les bras de sa mère et celle-ci l'entoura d'une douce étreinte afin de le réconforter du mieux qu'elle put. Il entendit son père revenir dans la chambre quelques minutes plus tard et en relevant légèrement le visage, il le vit secouer la tête comme pour dire qu'il n'avait pas réussi à le rattraper. Alors Aurélien explosa de plus belle en larmes en se disant qu'aujourd'hui il n'avait pas seulement perdu le garçon qu'il aimait, mais aussi son frère.

Fiction OrelxGringe - Reste loin de lui.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant