- Très bien mademoiselle Fannan, mais laissez votre adversaire respirer...
Madame Sogursan affiche une mine concernée pour la pauvre dernière année que je menace de la pointe de ma lance. Toutefois, le regard exalté qu'elle me jette une fois que je me redresse ne laisse aucun doute : elle est ravie par ma prestation.
Les matières qu'elle enseigne sont les quatre où j'excelle : combat à la lance, équitation, archerie et archerie montée.
Depuis que je sais non seulement qu'un danger constant rôde au palais, mais qu'en plus je n'ai pas le droit de m'en occuper, je redouble d'ardeur dans ces disciplines. Autant pour me préparer que - surtout - pour passer mes nerfs.
L'art du combat au corps à corps dans l'empire, qui nous sert d'échauffement, est légèrement différent de celui que j'ai appris chez les Kaeli.
Il y a certains coups en plus, d'autres en moins. Mais dans l'ensemble, les deux pratiques sont suffisamment proches pour que j'aie réussi à assimiler rapidement les quelques changements rencontrés ici.
Je tends la main à Siharei pour l'aider à se relever, pendant que la professeure tape des mains :
-Bien, bien, bien. Aux suivantes !
Puis je retourne m'asseoir aux côtés de mes amies, essuyant du bras la sueur qui perle sur mon front. Kumlei me tend un linge, l'œil appréciateur :
- Quand je serai impératrice, je te prendrai comme garde du corps, même si tu n'as pas fait l'école militaire, me chuchote-t-elle, solennelle.
- Merci...
Contre toute attente, j'ai réussi ces cinq derniers jours à ne pas céder à l'envie de sortir de l'école, comme j'ai résisté à la tentation de me servir de ma double-vue. Et je compte bien continuer aujourd'hui.
Non parce que j'aurais fini par passer à autre chose, mais principalement parce que je me méfie de la réaction de l'empereur si je le contacte à nouveau. Je ne veux pas renforcer les préjugés qu'il entretient déjà envers mon indiscipline.
Certes, il ne m'a pas interdit de me servir de mes dons, mais s'il voit que je les sollicite quotidiennement, cela risque de ne pas vraiment le rassurer...
J'ai quelques fois entendu le grelot m'appeler, mais je l'ai ignoré. Je préfère attendre que l'empereur et Rinsheng soient de retour pour de nouveau interagir avec la reine.
Notamment parce que le grelot ne cesse de ramener mon attention vers le pavillon... si j'y vais et que la reine me possède une fois là-bas, ou m'y amène dans une période de possession, je n'ose imaginer les conséquences.
Lorsqu'il est temps pour tout le monde de regagner son dortoir afin d'y faire un brin de toilette avant le dîner, madame Sogursan vient me trouver, rongée par l'impatience.
- Mademoiselle Murcan... euh, Fannan ! se reprend-elle immédiatement. J'aimerais vous parler si vous le voulez bien !
- Oui, madame.
Ouh-là... son air est bien sévère ! Je croyais qu'elle m'appréciait, mais si ça se trouve, je me trompe. J'y suis peut-être allée un peu fort ces derniers jours... je fais signe aux filles de partir sans moi, grimaçant.
Une fois que la salle d'entraînement s'est vidée, la professeure ferme la porte pour revenir vers moi d'un pas martial.
Elle est aussi grande que Xemtei, aussi carrée d'épaules. Ses cheveux gris et son visage marqué accusent un âge avancé, mais lorsqu'elle nous fait une démonstration, son corps se déplace avec plus d'agilité que chez la plupart des adolescentes de ma classe.
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Le Harfang et le Loup
FantasyTraitez-la de barbare stupide du nord si vous le souhaitez, mais Taïmi ne comprend pas ce qu'elle fait là. Elle ne comprend pas pourquoi elle a été choisie pour épouser l'empereur d'un pays qui a longtemps été l'ennemi du sien. Ni pourquoi ce mariag...