- Bonsoir majesté. Bonsoir... Suirei.
La prêtresse m'adresse un doux clin d'œil, accompagné d'un sourire si irrésistible que je ne peux que le lui rendre, un peu gauchement. Elle reporte ensuite toute son attention sur l'empereur qui s'avance d'un pas nerveux vers elle, pour prendre ses mains dans les siennes.
- Dis-moi au moins que tu as vraiment tiré son nom par hasard..., implore-t-il d'un air las.
- Il n'y a pas de hasard, majesté, badine-t-elle. Mais si vous voulez savoir si j'ai triché durant la cérémonie, alors la réponse est non.
Rassuré, il pousse une expiration soulagée, décontractant enfin ses épaules :
- Bien. Mais tu aurais pu laisser quelqu'un d'autre la prendre sous son aile.
Son ton est grognon, ce qui fait rire la prêtresse :
- Oh, j'aurais pu ! Mais c'était trop difficile de résister à une telle tentation ! Si les ancêtres l'ont envoyée vers moi, je crois qu'il y a une bonne raison.
- Rinsheng..., la voix de l'empereur se fait de nouveau suppliante. Promets-moi que tu ne lui diras rien.
- Cela va considérablement compliquer sa formation si je ne peux plus lui adresser la parole, s'exclame-t-elle d'un air taquin.
- Rinsheng, insiste-t-il tout en secouant les doigts de la jeune femme avec douceur, tu sais très bien ce que je voulais dire.
- Oui, oui, je sais, répond-elle. Ne vous torturez pas, je ne lui dirai rien, c'est promis.... mais il y a un moment où vous le regretterez !
Elle parvient à dégager l'une de ses mains pour venir lui tapoter le bout du nez. Il l'imite, de meilleure humeur, concluant :
- Eh bien, nous verrons !
Je ne sais pas pourquoi elle l'appelle par son titre, alors qu'ils semblent être aussi complices que familiers l'un envers l'autre. Peut-être parce que, comme je suis présente, ils sont officiellement "en public" ?
Je me rappelle effectivement qu'une énième règle d'étiquette mentionne le nombre très restreint de personnes autorisées à appeler l'empereur par son prénom hors de la sphère privée. Ses parents, mais pas ses frères et sœurs, ni même ses enfants. Son bras droit. Et... je crois bien que c'est tout. Peut-être sa femme ? Mais je n'en suis même pas sûre.
Je constate en tout cas qu'avec Rinsheng, "majesté" ou non, il n'ordonne pas : il implore.
- Bien ! Allons-y maintenant ! déclare-t-il d'une voix plus forte tout en se tournant vers moi.
Il nous fait signe à toutes les deux de passer devant. Nous nous retrouvons dans un étroit couloir où une lanterne à éther nous attend, éclairant largement un escalier qui plonge dans le noir. L'empereur reverrouille la porte derrière nous, avant de prendre la lanterne pour nous guider.
- Faites très attention aux marches, elles sont raides, me prévient-il.
Nous nous enfonçons tous les trois sous terre, longeons un premier couloir, puis un autre, avant de déboucher sur un plus petit escalier qui nous mène à une nouvelle porte épaisse et métallique.
L'empereur la déverrouille grâce à sa clé. Il vérifie d'abord, l'entrouvrant à peine, qu'il n'y a personne de l'autre côté. Puis il l'ouvre en grand sur ce qui ressemble à un débarras sans fenêtres.
- Je vous abandonne ici. Je dois me rendre à la porte qui mène aux Iris, pour vérifier qu'elle a bien été refermée.
Il me jette un regard entendu avant d'adresser un sourire attentionné à la prêtresse :
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Le Harfang et le Loup
FantasyTraitez-la de barbare stupide du nord si vous le souhaitez, mais Taïmi ne comprend pas ce qu'elle fait là. Elle ne comprend pas pourquoi elle a été choisie pour épouser l'empereur d'un pays qui a longtemps été l'ennemi du sien. Ni pourquoi ce mariag...