Tout le long du chemin, j'avance tête baissée.
Je n'ose pas ouvrir la bouche , j'ai trop peur d'aggraver mon cas. La mine revêche de madame Sogursan de toute façon ne m'y encourage pas vraiment !
Nous passons devant le bureau de la directrice sans nous arrêter, puis elle me conduit dans une pièce un peu plus loin. Petite et carrée, elle comprend peu de meubles et trois portes, dont celle d'entrée. Madame Sogursan me désigne une banquette rouge, placée contre le mur du fond.
- Asseyez-vous là, exige-t-elle avec rudesse. Si ni votre cousine, ni votre cousin peuvent se déplacer aujourd'hui, je reviendrai vous chercher.
- Oui, madame.
En silence, elle me scrute de son regard pénétrant, avant de décréter :
- Je suis d'accord avec mademoiselle Melizem, vous n'avez pas votre place ici !
Elle referme ensuite la porte avec humeur.
Je me sens si piteuse, si stupide, et si mal... comment est-ce que je vais bien pouvoir m'excuser auprès de Xemtei ou Leireng ? Et Kianshei ! Je n'ose imaginer leur déception à tous les trois... Quelle autre place au palais va-t-on me donner ? Pourrai-je encore aider la reine aux perles ? Qu'est-ce qui va se passer maintenant ?
L'angoisse rend l'attente plus pénible encore.
J'essaye d'abord d'aplanir vainement les feuilles arrachées de mon carnet, avant de les remettre misérablement à leur place. Cela ne sert pas à grand-chose, mais ça m'apaise. Puis, voyant que personne ne vient toujours, j'essaye d'occuper mes pensées en parcourant mon livre d'histoire.
De longues minutes s'écoulent.
Je suis encore plongée dans mon ouvrage, sans vraiment parvenir à le lire, quand la porte à ma gauche s'ouvre sur le bureau de la directrice.
- Venez, mademoiselle Fannan, m'ordonne madame Sorgusan. Votre tuteur est en chemin !
- Oui, madame.
Je déglutis en obéissant, me traînant sur le sol dallé. Depuis son bureau, la directrice me jette un regard indéchiffrable. Même si ça ne sert plus à rien, je continue de singer l'élève modèle en m'inclinant de mon mieux à sa vue :
- Madame la directrice.
- Bonjour, mademoiselle Fannan, répond-elle en conservant son expression neutre. Installez-vous, votre cousin ne va pas tarder.
Elle me désigne un des deux sièges vides devant elle. Elle se replonge ensuite dans un dossier qu'elle feuillette avec attention. Madame Sogursan s'assoit elle-même sur un fauteuil à la gauche de la directrice.
De mon côté, je me fais la plus petite possible sur ma chaise. Savoir que c'est Xemtei qui vient, et non Leireng, me console un peu dans mon malheur. Je me dis qu'il sera plus compréhensif, peut-être ?
Pendant plusieurs minutes, il n'y a pas d'autre bruit que celui des feuilles de papier que madame Kanerem tourne, l'une après l'autre. Jusqu'à ce qu'on frappe enfin à la porte.
- Entrez ! indique la directrice d'une voix claire.
Dès que la porte s'ouvre, je me mets à fixer honteusement le bout de mes chaussures. J'entends alors résonner dans mon dos le claquement dur de talons métalliques, qui viennent frapper le sol avec autorité.
Ce bruit est immédiatement suivi par celui de pieds de chaises crissant sur du carrelage. La directrice et la professeure se sont mises debout avec précipitation, manifestement surprises, pour se prosterner. Intriguée, je ne peux m'empêcher de jeter un œil au-dessus de mon épaule. Aussitôt, je n'en crois pas mes yeux !
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Le Harfang et le Loup
FantasiaTraitez-la de barbare stupide du nord si vous le souhaitez, mais Taïmi ne comprend pas ce qu'elle fait là. Elle ne comprend pas pourquoi elle a été choisie pour épouser l'empereur d'un pays qui a longtemps été l'ennemi du sien. Ni pourquoi ce mariag...