t r o i s i è m e s e m a i ne // (1)

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Cela commence à devenir pénible.

Chaque jour qui passe est un calvaire de plus en plus lourd à porter. Tu en viens même à regretter les premiers jours après votre rupture – la douleur psychologique te semble moins gênante que ton allergie qui ne fait que s'aggraver. Ces médicaments ne marchent vraiment pas et à vrai dire, tu commencent un peu à désespérer. Ce matin, tu as galéré à te lever ; et par-là, tu entends encore plus que d'habitude. Tout ton corps hurlait de douleur, la source de ton mal semblant partir de tes poumons pour se diffuser dans tout le reste, jusqu'à la pointe de tes doigts de pied. Ton nez est totalement pris et tes yeux ne font que pleurer – quelle belle métaphore de ta vie, ces derniers temps. T'essaies de garder le moral (autant que tu le peux avec une fraîche rupture et une allergie à assommer un éléphant), mais tu sens que ton corps n'allait pas tarder à lâcher.

Tu vas toujours à la pharmacie, malgré tout. Parce que tu ne veux pas que Niall s'inquiète encore plus, parce que tu en as marre qu'on soit toujours derrière toi à te couver, ces yeux remplis de pitié et de préoccupation qui ne font que de te suivre partout à longueur de journée. Tu gardes la face, parce que tu veux être grand Harry ; et que les grands, ils gèrent leur santé tout seuls. Le truc, c'est que tu ne veux pas non plus aller à l'hôpital comme t'a conseillé ton médecin. Les hôpitaux, ça te fait flipper. Les murs sont trop blancs, les couloirs trop blancs, les infirmier.e.s trop débordé.e.s. Et la mort, la mort qui rôde partout. Si t'allais à l'hôpital, tu aurais l'impression de

mourir

un peu plus encore

(de signer ton arrêt de mort).

Tu repousses le moment, un maximum. T'en viens à prier d'être obligé d'y aller car plus tu y penses, plus tu sens ton angoisse monter, enserrer ton cou, t'étrangler. Tu étouffes rien qu'à l'idée, alors tu joues l'autruche, plantes ta tête dans le sol et t'évites un maximum d'y penser. T'as un peu honte, d'être terrifié comme ça, de jouer le gamin têtu et coincé dans ses décisions ; t'as rien vécu de particulier, pourtant, pour développer cette peur-là. Bien entendu, personne n'aime les hôpitaux, personne n'a envie d'y aller et d'y séjourner, mais toi, c'était plus profond que ça. Tu n'irais pas jusqu'à la phobie mais ça y ressemblerait presque.

Au fond, t'as peur

d'y rentrer et de ne

jamais

en ressortir

(de mourir

sans jamais n'avoir rien

accompli.)

De devenir

un fantôme rempli de

regrets

- trop jeune, trop tôt, encore plein de volontés plein de vœux à exaucer -

Combien d'entre vous ont-ils perdu la vie bien avant d'arriver au bout du chemin de leurs rêves ? Tu ne veux pas faire partie de ces gens-là

et paradoxalement, la meilleure solution pour toi est

d'ignorer

les signaux que ton corps t'envoie,

de passer outre

sur tous les symptômes qui te grignotent

le corps et l'esprit (et la vie).

Un carton à porter. Tu t'accroupis comme on te l'a appri, c'est meilleur pour ton dos Harry alors toi t'obéis sagement et tu ne te penches jamais, tu t'accroupis. Tes bras entourent la boîte dans un geste pourtant habituel mais beaucoup moins assuré qu'à l'habitude. Tu appuies sur tes cuisses, te relèves ; effort de trop, peut-être. Tu tangues, soudain, beaucoup. La réserve tourne autour de toi, tes yeux voient des points blancs et tes poumons te brûlent car ton souffle s'est coupé lors du processus. Tu ne peux te rattraper à rien, cette fois. Pas de seconde chance, incapable de sauver les apparences. Tu t'écroules dans un bruit sourd, le carton se défait et les boîtes de médicaments s'étalent sur le sol. Ta tête heurte le sol, un peu sèchement, si bien que tu restes quelques longues secondes sonné par terre, incapable de te relever.

Ton Epine // LarryWhere stories live. Discover now