d e u x i è m e s e m a i ne // (1)

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L'hôpital est enseveli.

En-dehors de la chambre se trouve le chaos. Les infirmières, les médecins, tout le monde court partout et sous leurs yeux, les cernes s'allongent. La peur s'enroule autour de leurs membres, lierre solide qui ne veut pas se détacher, qui tire, tire vers le bas et le gouffre qui est prêt à tout avaler.

L'hôpital est enseveli.

Les amours perdues sont arrivées par vagues, immenses et dévastatrices. À la perte d'une part de leur cœur s'est rajoutée la terreur d'y laisser la vie, on les entend en-dehors de la chambre, pleurer et suffoquer, tousser, la main sur la poitrine, sauvez-nous sauvez-moi. C'est un raz-de-marée de tristesse qui a lieu entre ces murs blancs, on ne sait plus vraiment s'ils sont là pour réparer leur cœur blessé ou pour s'y laisser mourir.

L'hôpital est enseveli, mais

dans la chambre

tout est calme.

La fenêtre est ouverte sur le parc. On entend un léger gazouillement d'oiseaux, par-dessus les voix et le bruit des voitures. Les rayons du soleil traversent la vitre, chauffent partout où ils tombent. Il fait beau, aujourd'hui. On ne se douterait pas un instant que la fin du monde semble arriver, que personne ne sera épargné. Que l'amour sera la fin de l'Homme, ce même Homme qui durant des milliers d'année a passé tout son temps à se détester, à se taper dessus, à se détruire encore et encore par simple haine de son prochain.

Tu n'as toujours pas pleuré.

Pas une seule larme n'a roulé sur ta joue. Partout autour de toi, les gens pleurent pour leurs vies mais toi, tu ne dis rien. Tu es le silence absolu, à l'extérieur comme à l'intérieur. Ton esprit est vide, tes pensées t'ont quitté depuis un bon moment. Ne reste qu'une vague nausée, toujours présente, bête sournoise cachée dans l'ombre qui attend son heure. Tu as peur, pourtant, tu le sais. Peur de mourir, peur que la dernière chose que tu verras de ce monde, ce sera les murs blancs de l'hôpital. Peur que la dernière chose que tu goûteras de ce monde, ce sera les lentilles trop fades des repas de l'hôpital. Peur que la dernière chose que tu entendras de ce monde, ce sera les bips incessants des machines de l'hôpital.

Un mouvement de draps à tes côtés. Tu tournes la tête et malgré toi, tu souris. Tu sais que tu ne devrais pas sourire, pourtant. Te sentir aussi heureux de trouver quelqu'un d'autre à tes côtés, quelqu'un d'autre dans la même galère que toi. Mais c'est le cas. Louis s'éveille en grognant, ses yeux sont encore plus sombres au réveil. « Bonjour. » Que tu souffles, le plus doucement possible. Un nouveau grognement te répond et tu retiens ton rire. Louis n'est pas du matin, tu l'as appris dès la première journée dans votre chambre. « Combien de personnes, cette nuit ? » Qu'il finit par demander en s'asseyant dans son lit. « Une dizaine, je crois. Tous présentant les premiers signes d'allergie. Mais avec le pollen qui traîne en ce moment, c'est compliqué de savoir. On les a tous renvoyés. » Seuls les cas les plus graves sont admis à l'hôpital. Comme toi ou Louis.Mais même ainsi, l'hôpital arrive rapidement à saturation.

Louis pose sa main sur son cœur pour calmer sa respiration sifflante. Son état s'est aggravé un peu, au même rythme que le tien. Il refuse l'oxygénation, pour le moment, mais tu sais que ça ne durera pas. Que ses poumons finiront par tellement le brûler qu'il n'aura pas d'autre choix que d'accepter. Il n'a pas pleuré, non plus. Enfin, tu ne crois pas ; peut-être ne l'as-tu simplement pas vu. Vous n'avez pas reparlé de tout ça. Ni de son ex, ni de la maladie. Niall t'a rendu visite plusieurs fois, parfois avec Zayn, tu leur as présenté Louis et pourtant, maintenant, tu as l'impression qu'une vitre incassable s'est dressé entre toi et eux.

Entre toi et Louis, aussi. Un peu.

Entre toi et le monde entier et tu sais, Harry, que le problème vient de toi.

Ton Epine // LarryWhere stories live. Discover now