p r e m i è r e s e m a i n e // (4)

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Explosion au réveil.

Le portable qui vibre, encore et encore et encore, qui finit par te faire ouvrir tant bien que mal les yeux alors que l'infirmière pénètre en catastrophe dans ta chambre. Tu te redresses difficilement du lit, grognant de douleur – le matin est toujours le plus dur, sans médicament, la nuit qui écrase encore bien trop ta poitrine pour la laisser se dégager de son étreinte et te permettre de respirer un peu mieux. Tu attrapes ton portable sur la petite table et décroches sans même regarder qui c'est sur l'écran. « Allô ? » Que tu souffles d'une voix encore endormie, te demandant qui peut bien t'appeler se matin. « T'as la maladie de l'amour ? Dis moi que t'as pas la maladie de l'amour. » Long silence. Long, long silence, le temps que l'information parvienne à ton cerveau. Au même moment, ton infirmière favorite allume la télévision de ta chambre et devant toi, l'information écrite en gros apparaît :

La maladie de l'amour : ruées vers les hôpitaux.

« Je... Quoi, qu'est-ce que ça veut dire ? » Que tu bafouilles, totalement dépassé par les événements. Certes, vous l'aviez compris avec Louis, mais tu ne pensais pas que la découverte allait se répandre comme une traînée de poudre. Tu pensais... Eh bien, égoïstement, tu pensais être un cas spécial. Un cas rare, parce que cela aurait voulu dire que ton amour avait été un cas spécial. Maintenant, des images défilent, des personnes décrivant les mêmes symptômes que les tiens sont interrogées, en panique et tu te rends compte que tu n'as jamais été spécial. « Ils parlent de symptômes ressemblant à des allergies au pollen, allant jusqu'aux crises d'asthme. Puis d'un choc anaphylactique. Toujours après une rupture amoureuse, datant de plus ou moins longtemps. Tout, tout correspond Harry ! » Niall aussi panique, visiblement. Et c'est ton meilleur ami ; tu ne peux pas lui mentir comme ça. « ... Si, je l'ai. »

Silence au bout du fil alors que tu fermes les yeux. À la télé, les journalistes parlent d'une augmentation importante des personnes présentant les premiers symptômes ces derniers jours. De l'affaire qui a été étouffée dans un premier temps – car qui penserait qu'une rupture amoureuse serait le point commun entre tous ces patients ? Ils parlent, encore et encore, donnent les premiers chiffres, les prévisions pour les jours, les mois prochains.

Ils parlent des premiers cas graves. D'un coma artificiel, sous respirateur. Tu as mal au cœur, Harry ; l'envie de vomir remonte dans ta gorge mais ne dépasse pas tes lèvres, elle se mêle à la peur.

La peur de mourir, sérieusement

pour la première fois.

Tu portes une main tremblante à ta bouche. Essaies de contrôler ta respiration. Il ne faut pas paniquer, surtout pas. Tu vas rendre Niall encore plus inquiet qu'il ne l'est, et il ne faut pas. Même si tu ne sais pas comment tout ça va se finir, même si tu ne sais pas où tu en seras demain, ni quelle est précisément cette gangrène qui te ronge – tout est flou et tout semble noir, mais il ne faut pas paniquer. Il faut que tu restes fort Harry car désormais, personne ne l'est pour toi lorsque tu ne l'es pas. « Je dois te laisser, c'est l'heure des soins. Je te rappelle vite. » Tu ne lui laisses pas vraiment le temps de répondre et raccroches. Devant toi, l'infirmière porte un air que tu dois apprendre désormais à voir souvent ; un mélange de compassion et de pitié qui te semble déjà insupportable à regarder.

Tu détournes le regard.

Tu te demandes si ça y est, tu es condamné, pour de bon. En tout cas, tu sembles l'être dans le regard de cette femme. Tu te demandes si tu l'es aussi dans l'esprit de Niall. Et Elian, alors ? Que pense-t-il de tout ça ? Tu regardes ton portable. Plusieurs messages de ton entourage, Niall mais aussi les préparatrices de la pharmacie qui ont dû entendre parler de ton arrêt, Zayn aussi. Aucun de ta famille et c'est ce qui te fait prendre conscience que tu ne leur as pas encore dit, pour ta séparation avec Elian. Et maintenant, est-ce une bonne idée de leur annoncer, avec cette gangrène qui se propage comme une traînée de poudre ? Tu ne sais pas. Tu ne veux pas savoir.

Ton Epine // LarryWhere stories live. Discover now