p r e m i è r e s e m a i n e // (1)

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Tu as du mal à ouvrir les yeux.

Dans ton crâne, un son continu, aigu, comme un sifflement. Ça te fait mal, un peu, mais tu te rends compte que c'est la douleur la plus douce que tu as vécue de toute la journée. Ton deuxième constat est d'ailleurs que tes poumons te brûlent beaucoup moins, qu'il ne te reste qu'une vague gêne qui te rappelle que la maladie est toujours présente, tapie dans l'ombre, et que tu es loin d'avoir gagné la guerre. Tu papillonnes des yeux pour y chasser le flou du réveil, découvrant alors des murs trop blancs, des draps trop blancs et cette odeur trop prenante du désinfectant et des médicaments. Tu es à l'hôpital, donc – il était temps, dira-t-on. Tu te redresses difficilement pour rehausser ton oreiller et pouvoir t'installer en position semi-assise afin de mieux observer ton environnement. Dans ton nez, tu sens les canules pour l'oxygénation ; la sensation est étrange, le souffle te chatouille légèrement, mais tu respires déjà bien mieux qu'avant.

Il n'y a personne d'autre que toi dans cette chambre mais il y a un deuxième lit, ce qui signifie que tu peux te retrouver avec un voisin à tout moment. Tu espères tout de même ne pas rester trop longtemps ici et que les examens ne prendront pas plus d'une journée car tu t'en voudrais de garder un lit pour un simple petit malaise. Tu ne sais d'ailleurs pas vraiment ce qu'il s'est passé ni depuis combien de temps tu es évanoui – peut-être qu'ils ont même eu le temps de te faire des tests, déjà. Tu tends la main vers le bouton pour appeler l'infirmière lorsqu'on toque rapidement à la porte, l'une d'entre elles entrant dans la chambre, une tablette avec une feuille posée dessus dans la main. « Ah ! Bonsoir Monsieur Styles, vous êtes enfin réveillé ! » Elle te sourit doucement. Plutôt petite, les cheveux roux, elle a l'air douce et cela te détend légèrement. Tu n'aurais pas voulu tomber sur une infirmière froide et sévère dès ton premier réveil au sein du bâtiment.

Elle contourne ton lit pour te rejoindre de ton côté droit. « Il est plus d'une heure du matin, vous avez longuement dormi. Comment vous sentez-vous ? » Elle vérifie tes constantes, les notant au fur et à mesure sur sa tablette, et tu la laisses faire sans broncher. « Un peu sonné je crois... Que s'est-il passé exactement ? » Tes souvenirs sont flous. Tu te souviens du trajet en voiture et de la grande douleur qui t'a soudain parcourue, de Niall et Zayn qui t'appelaient et que tu entendais de très loin, mais rien de plus. « Vous avez fait une grosse crise d'asthme. Combinée à votre allergie, vous avez manqué d'oxygène et vous avez perdu connaissance. » Ah, c'était donc ça, la sensation de manque d'air intense que tu avais reçu, peu importe à quel point tu inspirais et expirais.

Elle passe encore plusieurs minutes à t'examiner, stéthoscope, tension, la perfusion qu'ils t'ont mise, tout y est passé. « Bien. Tout a l'air normal. Vous avez encore besoin de repos cela dit. Un médecin repassera demain matin ; souhaitez-vous mangez un peu ? » Maintenant qu'elle en parle, ton ventre se rappelle à toi et se met à grogner de façon gênante. Tes joues se teintent de rouge et tu hoches faiblement la tête. « Oui, s'il vous plaît. » Elle te sourit et repart en t'indiquant qu'elle va t'amener un encas le plus rapidement possible. Maintenant que tu respires mieux, ton corps te paraît moins lourd et fatigué. Le problème c'est que tu as dormi pratiquement toute la journée, qu'il est plus d'une heure du matin et que... Tu n'as plus du tout envie de dormir. En plus de ça, l'ambiance de l'hôpital t'angoisse toujours un peu et tu sais qu'elle va t'empêcher de fermer l'œil.

Du coup, en attendant l'infirmière, tu as envie de faire au moins le tour de ta chambre. Tu suis le chemin de tes canules jusqu'à la bonbonne à laquelle elles sont reliées ; ça te tire un sourire un peu moqueur, parce que tu dois vachement ressembler à Hazel Grace de Nos Étoiles Contraires, là tout de suite. Tu viens attraper sa poignée et tu te relèves, doucement, du lit. C'est la deuxième fois seulement en vingt-quatre heures que tu poses les pieds au sol et tu as l'impression de revivre. Tu penses tout de même à passer ton regard sur ton corps, parce que tu sens quand même un souffle bien léger sur ta peau – en effet, tu as la chemise horrible de l'hôpital, avec un trou dans le dos qui montre ton caleçon. Que de glamour, ces temps-ci, Harry, mais c'est pas comme si tu comptais plaire à quelqu'un tout de suite, de toute façon.

Ton Epine // LarryWhere stories live. Discover now