t r o i s i è m e s e m a i n e // (4)

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Tu dors.

Profondément.

Sommeil sans rêve

rêve sans trêve

tu ne te souviens de rien lorsqu'on te secoue, lorsque tes yeux s'ouvrent un peu de force. En revanche, il y a

la douleur, horrible.

Bien plus cuisante que tout ce que tu avais pu vivre jusqu'à présent.

Tu pousses un sifflement en te repliant sur toi-même comme si tu tentais de te protéger – tu ne sais pas vraiment de quoi car tu sais très bien que l'attaque vient de l'intérieur. Maintenant que ton regard s'est habitué à ton environnement, tu peux apercevoir, au-dessus de toi, la mine inquiète de Niall et Zayn. Les événements de la veille te reviennent en mémoire et tu entrouvres les lèvres pour leur demander comment tout ça s'est fini mais tu ne parviens qu'à émettre une sorte de couinement pathétique. C'est la première fois de ta vie que tu te sens aussi mal, Harry ; tout ton corps n'est qu'une mine de douleur, chaque mouvement, chaque bouffée d'air ressemble à une torture. Tu as du mal à respirer, comme si on avait posé une énorme enclume sur ta poitrine qui a bien du mal à se soulever pleinement. « Tu ne te réveillais pas, ça fait plus de onze heures que tu dors, qu'est-ce qu'il se passe Harry ? » Tu papillonnes des yeux, un peu surpris par le temps qu'il te donne.

Tu dors en moyenne neuf heures par nuit, rarement plus, parfois moins ; mais onze heures, c'est énorme, surtout avec toutes les siestes que tu fais en ce moment. Tu n'es pas censé être aussi fatigué, mais tu n'étais pas censé non plus respirer comme Dark Vador et souffrir le martyr. Pour la première fois, sous cette douleur intense et brûlante, tu as peut-être un peu peur de mourir. Tu ne sais pas ce qu'il t'arrive, tu ne sais pas ce qu'il se passe dans ton corps et c'est effrayant d'affronter ça. Tu remontes ton regard affolé vers ton meilleur ami, seule ancre à laquelle tu peux te raccrocher dans la tempête. « J'appelle les pompiers ! » Non ! Non, surtout pas. Tu tends douloureusement le bras pour l'en empêcher. Tu veux aller à l'hôpital, oui, tu vas vraiment y aller. Mais si il appelle maintenant, ils vont essayer de te déplacer en civière, ça va brûler, tu ne veux pas brûler. Alors tu secoues la tête, faiblement et souffles plutôt un petit « médicament... » d'une voix enrouée et un peu affolée.

Tu pries vraiment pour qu'il ne décide pas d'appeler quand même.

Niall te dévisage longuement et c'est Zayn tire son bras pour attirer son attention vers lui. « Il est pas en état d'être transféré pour le moment. On va lui donner son médicament, attendre que ça fasse effet et l'emmener, ok ? » Niall mordille sa lèvre mais confirme d'un hochement la tête, se précipitant hors de ta chambre pour aller chercher tout ce dont tu as besoin pour le prendre. Il t'aide même à te redresser à te maintenir semi-assis pendant que tu bois et l'avales. Tu as un peu honte d'être aussi assisté, incapable de boire par toi-même ; mais tu n'as pas le temps d'y réfléchir trop longtemps car dès que tu te rallonges, tu tombes dans un semi-sommeil. Il n'est pas reposant car la douleur est toujours là et t'empêche de sombrer totalement comme de rester éveillé. Tu es coincé entre deux états et tu ne contrôles plus rien, tu as beau vouloir bouger vouloir respirer vouloir te réveiller tu n'y arrives pas, c'est la maladie qui a pris le dessus sur tout et tu sombres, tu sombres.

Tu ne sais pas combien de temps tu sombres. Tu flottes dans le noir, des minutes ou des heures peut-être, tu n'as plus aucune notion de la réalité et tu ne sais pas ce qu'il peut se passer autour de toi. Tu sens, peut-être, vaguement, la présence de tes amis qui passent un gant de toilette sur ton front, qui ouvrent la fenêtre afin de te faire passer le plus d'air possible, mais peut-être bien que tu le rêves car tu détestes être seul. Tu l'es, pourtant. Dans cette bataille contre la maladie, tu es bel et bien seul, personne ne peut venir et se battre à ta place. Tu dois te débrouiller par toi-même mais tu as beau être quelqu'un de dépendant, Harry, tu restes avec la rage de vaincre. Tu finis par rouvrir les yeux, à nouveau, dehors tu vois le soleil qui éclaire le reste du monde et un morceau de ciel bleu dans le coin de ta fenêtre.

Ton Epine // LarryWhere stories live. Discover now